Les enseignants du collège Saint Exupéry communiquent

Collège Saint Exupéry Photo Marc Le Saux.jpg

Ce mardi 3 septembre, jour de la rentrée des classes de 5ème, 4ème et 3ème, les personnels enseignants du collège Saint-Exupéry de Condom soutenus par les parents d’élèves, bien que présents pour assurer la surveillance de leurs élèves, seront en grève pour dénoncer le manque de moyens attribués à l’établissement en cette rentrée 2019.

De plus la très grande majorité des enseignants a décidé de refuser le rôle de professeur principal.

Alors qu’en décembre dernier, au vu des prévisions d’effectifs, l’Inspection Académique nous assurait du maintien de toutes les classes, en Février on nous apprennait que le décompte des élèves ne prenait pas en compte les élèves relevant du dispositif ULIS (dispositif favorisant l’insertion dans les classes des élèves très en difficulté, relevant d’un handicap). Ce changement a permis à l’Inspection Académique de nous supprimer une classe de 5ème. En effet, il y a 7 élèves qui relèvent de ce dispositif à ce niveau.

Depuis nous avons rencontré le Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale (DASEN) qui nous a assuré avoir une attention toute particulière à la situation de notre établissement. Il a reconnu la qualité du travail mené par l’équipe pédagogique et de direction lors d’une visite en avril. Rien n’a changé.

Nous avons donc déposé un préavis de grève pour le mardi 3 septembre, et refusé de prendre en charge la mission de professeur principal. Lors de l’audience qui nous a été accordée jeudi 29 août, aucune amélioration, aucun moyen supplémentaire n’est envisagé par les services de l’Inspection Académique.

Les élèves de 5ème seront donc 30 par classe !

De plus, il faut savoir que de nombreux élèves ne parlant pas le français s’inscrivent en cours d’année scolaire ce qui gonfle encore les effectifs et nécessite de la part des personnels une attention particulière. Comment dans ces conditions faire réussir tous les élèves ?

La commune de Condom n’est pas un territoire comme les autres ! Ici, la crise et les problèmes spécifiques à la ruralité se font sentir bien plus durement que dans d’autres secteurs du département du Gers ou de l’Académie de Toulouse. Le chômage et la pauvreté frappent un grand nombre de familles. Ainsi, en 2016, 43,5 % des familles d’élèves de 3ème se situaient dans la tranche « Professions et catégories sociales » défavorisées alors que ce pourcentage tombait à 26,4 % pour le département et 27,1 % pour l’Académie. Or, nous savons que les inégalités sociales sont malheureusement fortement corrélées avec la réussite scolaire. Dans les conditions actuelles, l’école, loin de les résorber, accentue les inégalités de départ.

Monsieur le ministre peut proclamer l’inclusion des élèves relevant du handicap comme une priorité nationale. La réalité est tout autre, puisque ces élèves sont exclus du décompte des effectifs, mais en revanche, ils seront bel et bien accueillis dans des classes dont l’effectif montera à 30 élèves.

Avec 30 enfants par classe en 5ème, il devient impossible aux enseignants de consacrer suffisamment de temps à chaque élève pour qu’il progresse, de lui accorder l’attention qu’il mérite, sans parler de la dégradation évidente des conditions matérielles : nous ne pouvons pas pousser les murs d’un certain nombre de salles de classes qui n’ont pas été prévues pour ces effectifs pléthoriques ! Du bruit, de l’agacement, de l’agitation et de la fatigue supplémentaires, telles sont les conséquences de cet « entassement » pour les élèves et les personnels qui travaillent à leurs côtés.

Nous sommes bien conscients que la réussite scolaire n’est pas qu’une question de moyens, mais ces derniers y contribuent néanmoins fortement ! Nous nous efforçons au quotidien d’œuvrer pour que tous nos élèves, malgré les inégalités sociales très fortes à Condom, puissent apprendre et progresser comme il se doit. Nous avons, par exemple, mené depuis plusieurs années au collège une réflexion sur l’évaluation en lien avec les apprentissages. Cela a eu des résultats très positifs que l’on peut observer au niveau des pourcentages élevés de mentions « bien » et « très bien » obtenus par les enfants au Diplôme National du Brevet (DNB), résultats souvent bien supérieurs aux moyennes départementale, académique et nationale. Cela devrait être reconnu, valorisé et soutenu, mais nous sommes bien obligés de constater qu’il n’en est rien, bien au contraire et le gonflement des effectifs par classe nous permettra difficilement de rester dans cette dynamique.

C’est pour cela que nous manifestons notre mécontentement, par respect pour les enfants qui nous sont confiés et leur famille, parce que nous n’acceptons pas l’hypocrisie qui consiste à laisser croire que tout est fait pour la réussite des élèves alors qu’en réalité, toutes les mesures mises en place à grands effets d’annonce comme par exemple le dédoublement des classes de CP dans les zones d’éducation prioritaire se font à moyens constants ce qui consiste au final à déshabiller Paul pour habiller Jacques !

Ce mardi 3 septembre, en début d’après-midi, nous nous réunirons en assemblée générale pour décider des suites de notre action.

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