Expliquer la chute de la maison PS.

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Mot de Gilles

Cela mériterait une encyclopédie 

On vient de me demander dans un débat d'expliquer la chute de la maison PS.

Cela mériterait une encyclopédie, mais je vous livre l'hyper résumé que j'ai essayé d'en faire…

Abandonnant la perspective d'un renouveau socialiste sur une tonalité jauressienne – qui avait permis sa reconstruction entre 71 et 81 au détriment d'un stalinisme essoufflé – pour la perspective néolibérale européiste à partir de 1983, le Parti socialiste a d'abord convaincu son électorat qu'on pouvait abandonner la perspective sociale pour une perspective européenne, vécue comme la France en grand.

Lorsqu'il est apparu que ce n'était pas du tout le cas, il s'est trouvé que la crise de la droite a conduit son parti dominant à se replier sur des positions très réactionnaires, rurales, inadaptées aux nouvelles couches gagnantes de la globalisation financière.

Ce sont celles-ci qui ont remplacé l'électorat populaire des socialistes, ce qu'ils n'ont pas vu, et ils ont pensé que c'était leur électorat qui suivait l'évolution de ses dirigeants qui, ayant commencé très à gauche, avaient accumulé un patrimoine qui, comme c'est souvent dans l'histoire du socialisme, les incitait à devenir beaucoup plus « modérés ».

La bascule se fait sous le gouvernement de Lionel Jospin, la première partie du mandat applique une politique originale et de gauche, mais convaincu par l'appareil qu'il faut se recentrer pour gagner la présidentielle, la seconde partie s'adapte au néolibéralisme, et ce sera la disparition de la gauche à cette présidentielle.

N'ayant rien appris et rien oublié, François Hollande va continuer la politique de la seconde partie du quinquennat de Lionel Jospin, puis la durcir.

Il va alors ouvrir, pour quelques milliardaires, la possibilité d'extraire son ministre des finances pour en faire un nouveau dirigeant de la droite moderne qui emportera avec lui l'électorat des gagnants de la globalisation, et l'élection présidentielle.

Faute de représentants

Tandis que les catégories populaires, à partir de 1984, faute de représentants – les communistes ayant disparu et les socialistes les ayant oubliés – vont aller grossir les rangs du parti lancé par la famille Le Pen, sans aucun succès en 1972.

Ce phénomène fournissant l'épouvantail électoral permettant à ces milliardaires de faire élire un aventurier qui, en emmenant avec lui à la fois une part significative de l'appareil socialiste, et une part significative de l'appareil de la droite lassée le son côté vieillot, construit un nouveau parti de droite totalement cynique et corrompu, se maintenant par une politique, à tendance violente, de pouvoir personnel.

Il n'y a plus de place pour la maison PS.

Bien sûr, le jeu va se renouveler et la tradition social-démocrate réapparaîtra, comme, après l'effondrement lié à la politique de la SFIO dans la guerre d'Algérie, est réapparu le Parti socialiste de 1971. Mais de la même façon que ça n'a pas été en continuité avec la SFIO de Guy Mollet, ce ne sera probablement pas en continuité avec l'organisme que dirige Olivier Faure.

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