La Femme comme champ de bataille de Mateï Vişniec est le spectacle choisi par La Compagnie des attracteurs étranges pour inaugurer le festival de théâtre Les Moissons d’Été. Festival qui a lieu du 30 juillet au 3 août dans un domaine boisé de Termes-d’Armagnac (1). Il y a deux spectacles, ce soir, mercredi 31 juillet : Croc blanc à 18 heures et Les Mauvaises Graines à 21 heures.
Dora a été violée, il y a deux mois, et est enceinte de ce viol. Kate, psychologue américaine, est venue participer à l’ouverture des charniers des guerres inter-ethniques de l’ex-Yougoslavie. Mais elle a craqué et voudrait emporter l’enfant du viol de Dora. Dont elle explique l’état à grand renforts de concepts freudiens : nationalisme masculin égale libido masculine.
Le champ de bataille : le sexe féminin
Dans ces guerres, « le sexe de la femme est devenu le nouveau champ de bataille ». Violer la femme de l’ennemi, c’est porter atteinte à sa vitalité, à sa capacité de résistance. 50 % des femmes violées l’ont été par des hommes qu’elles connaissaient déjà : leur voisin du même village ou du village voisin.
Pour elles, le viol continue après l’acte proprement dit. C’est le cas de Dora.
Dora veut mourir, puis elle veut se débarrasser de l’enfant du viol qu’elle porte en elle. Celui-ci est exigeant et éloquent : il réclame sa part de la nourriture et du corps de sa mère.
Mais Dora refuse de donner cet enfant à Kate, qui y aurait vu une sorte de compensation à tous les cadavres qu’elle a déterrés. Plus tard, elle lui écrit : elle a décidé de garder l’enfant.
Tir à vue sur le nationalisme
Après l’apprivoisement - ô combien difficile ! - de Dora qu’a réussi Kate, on assiste au « massacre » de toutes les têtes de pipe des Balkans et des alentours : les deux femmes, ivres, raillent le nationalisme en donnant qualités et défauts à chaque nation et/ou ethnie de la région, y compris Grecs, Turcs, Roumains et Bulgares. Puis l’on passe aux Afro-Américains, aux Indiens, aux Mexicains et même aux Aztèques…
Cette pièce mériterait d’être jouée dans le monde entier...
Mateï Vişniec est un dramaturge, poète et journaliste roumain très prolifique, né en 1956, en Roumanie.
Les actrices crèvent les planches : Clémentine Couic est une Dora explosive et super-convaincante. Marie Delmarès joue à merveille son rôle difficile de psychologue à problèmes. Thierry Oudin accompagne le jeu des acteurs à l’accordéon.
(1) Voir le site (https://lesmoissonsdete.wixsite.com/index/spectacles).