S’il y a un mois dans l’année qui se plait à jouer avec nos nerfs, c’est bien le mois de mai. Lunettes de soleil dans une main, parapluie dans l’autre. Maillot de bain en dessous, veste polaire par dessus. Planning des vacances d’un côté, déclaration d’impôts de l’autre…
Non, vraiment, après avoir surmonté la rigueur de l’hiver, on aimerait bien en finir une bonne fois pour toutes. Oui mais voilà, floréal n’en fait qu’à sa guise, et affiche une humeur mi-figue, mi-raisin.
"Être mi-figue, mi-raisin", c’est être à la fois de bonne et de mauvaise humeur, partagé entre satisfaction et mécontentement. Au XIVe siècle, ces deux fruits étaient très appréciés durant la période de carême. On peut comprendre alors qu’ils apparaissent dans une même expression. Pourtant, ils y sont présentés comme opposés.
Un siècle plus tard, on les retrouve accolés à « moitié » -au lieu de « mi »-, pour signifier un mélange de bon et de mauvais. On suppose que l’origine viendrait du fait que la figue aurait l’aspect d’un excrément, (« Figue de chat et marc d'argent serait tout un au jugement », disait le proverbe), alors que le raisin, brillant et lumineux, suggère plutôt une saveur agréable et sucrée.
Une autre explication non certifiée raconte que des marchands de Corinthe auraient mêlé leurs raisins secs, très appréciés, à des figues, beaucoup plus lourdes et moins recherchées, avant de les vendre aux Vénitiens. Lesquels se retrouvaient donc partagés entre plaisir et déception...
On sait bien que nos aïeux ne juraient que par les « Saints de glace », redoutés plus que tout pour les plantations. De leur côté, les météorologues observent une arrivée d’air froid les quinze premiers jours de mai, expliquant ainsi la douceur des jours et les gelées de la nuit. Il va donc falloir patienter encore quelque temps.
Mai(s) bon, on l’a bien mérité notre printemps, non ?
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