Sourcils froncés et ton sans appel, lourdement indigné face aux caméras, Christophe Castaner annonçait au soir des manifestations du 1er mai que « Des gens ont attaqué un hôpital ; des infirmières ont dû préserver le service de réanimation ; nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation »… Avant de twitter une heure plus tard sur son compte « Ici, à la Pitié-Salpêtrière, on a attaqué un hôpital. On a agressé son personnel soignant. Et on a blessé un policier mobilisé pour le protéger. »
Des accusations graves, qui s’avéreront finalement non fondées dès le lendemain. Bien que sa collègue Agnès Buzyn ait tenté de voler à son secours en parlant d’ « exaction » « inqualifiable » et « indigne », avec, « peut-être des personnes qui vont voulu se réfugier, d’autres qui ont voulu commettre des vols » (sic).
Dommage ! Là où l’on aurait pu penser que tous deux étaient terriblement soucieux de préserver un hôpital, ils ont tout simplement foncé « bille en tête ».
Foncer bille en tête, c’est y aller carrément, sans réfléchir. Considérant qu’en argot, la « bille » désigne la tête, et qu’être en tête, c’est bien sûr être devant, on en arrive à l’explication de l’expression : foncer tête la première.
A ceci près qu’au jeu de billard, elle était déjà utilisée au sens propre dès le XIXème siècle, pour désigner le fait que l’on frappait franchement la bille.
« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » se révoltait Martine dans Les Femmes savantes. Aucun dégât n’a été constaté au service réanimation de la Salpêtrière, après que les manifestants aient tenté de s'y réfugier -plutôt que de l'assiéger- pour échapper à la charge des forces de l’ordre.
Ah si ! Un vidéo projecteur au service de chirurgie digestive aurait disparu le mercredi après-midi. De même que des banderoles signalant la grève des services d’urgence de l’hôpital, juste avant l’intervention télévisée de Christophe Castaner, et la visite d’Agnès Buzyn…
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