À chaque samedi, son décompte macabre de mains arrachées, d’yeux crevés, de blessures guerrières… « Vivre en France coûte un bras, s’en plaindre coûte un œil », écrivaient les Gilets jaunes toulousains, le 23 février.
Alors que l’acte XVI annonce déjà un appel à un rassemblement massif les 9 et 16 mars (bons garçons, les GJ répètent pourtant : « On déclarera nos manifs quand ils déclareront leurs revenus »), le gouvernement, qui désespère de ne pas en finir avec ces Gaulois réfractaires, multiplie les calomnies à leur encontre.
À la longue liste d’accusations en tout genre, sont venus s’ajouter ces derniers jours les qualificatifs d’« antisémites », de « complices du pire », de vandales « en lien direct avec la hausse de la mortalité routière ».
Qu’importe l’accusation, pourvu qu’elle jette l’opprobre. Quitte à tenter de faire avaler des couleuvres aux citoyens.
L’expression « avaler des couleuvres » a deux sens. Le premier s’applique pour signifier que l’on accepte n’importe quelle affirmation. Le second s’utilise lorsqu’on subit un affront ou une vexation, sans riposte possible.
Apparue au XVIIe siècle - Madame de Sévigné l’utilisait déjà dans ses correspondances, et plus tard Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe - elle viendrait d’une époque où les anguilles, qui foisonnaient alors dans les rivières, se retrouvaient fréquemment au menu. Certains hôtes, peu scrupuleux et sans doute par esprit de vengeance, y mêlaient quelques couleuvres pour tromper leurs convives, qui se retrouvaient ainsi capables d’avaler n’importe quoi.
Mais il se pourrait également que l’expression soit née du sens figuré du mot couleuvre en latin, coluber, qui désignait une insinuation perfide à laquelle il était difficile de répondre.
Malgré une tentative gouvernementale de récupération autour du Grand débat et d’appel à « l’union nationale », ces femmes, ces hommes, jeunes ou vieux, ne lâchent rien dans leur mobilisation pour la défense des droits et des libertés. « La démocratie. Et si on essayait? »
Seront-ils demain tenus responsables des fermetures des maternités, des hôpitaux, des écoles, des tribunaux, des entreprises, des exploitations agricoles ?... De vrais complices du pire, en effet.
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