La guerre d’Espagne a entraîné le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1936 jusqu’en 1939 où la chute de Barcelone provoque, en quinze jours, un exode sans précédent. Près d’un demi-million de personnes franchissent alors la frontière des Pyrénées, dans de terribles conditions. C’est la Retirada.
A l'occasion du 80ème anniversaire de "la Retirada" le conseil départemental du Gers avec son Président Philippe Martin avait organisé ce jour, une commémoration officielle avec quelques descendants de républicains espagnols . Réunis dans le cadre solennel de l'hémicycle de Gascogne, l'hommage fut empreint d'émotions et de recueillement .
Si j’invoque aujourd'hui encore cette mémoire, c’est moins pour nous y retrancher que pour nous projeter ensemble, à nouveau, vers un avenir plus fraternel. il semble toujours aussi indispensable de nous souvenir et de réfléchir à ce passé qui a marqué notre Sud-Ouest, en Occitanie et en Aquitaine. Au moment où la xénophobie, le racisme et l'antisémitisme ressurgissent partout en Europe, et en France aussi, au moment où une crise démocratique inédite semble faire vaciller notre modèle républicain, ses valeurs, son organisation, l'hommage d'aujourd'hui n'est pas simplement l'évocation d'un exode.
En invitant à mes côtés les descendants de républicains espagnols vivant ici dans le Gers, je tenais à ce que chacune et chacun d'entre nous se souviennent qu'une fois accueillis, les réfugiés de la Retirada ont rendu à cette terre bien plus que ce qu'elle ne leur a donné.
Les élus et les descendants des républicains espagnols.
« Réfugiés ». Ce mot ne doit rien au hasard. Il y a 80 ans déjà il aiguisait les préjugés et nourrissait la peur de l'autre. Hier, « l'autre » c'était le dépenaillé, le « rouge » celui qui traversait les Pyrénées à pied, en vaincu. Aujourd'hui, la suspicion et la haine prend pour cible de jeunes africains, syriens, afghans qui affrontent à leur tour l'indicible pour rejoindre nos côtes en rêvant d'une vie meilleure.
À ceux qui redoutent les migrants, qui voudraient priver d'école ou de soins leurs enfants, qui interdisent aux bateaux qui les sauvent l'accès à nos ports, à ceux qui remettent en cause jusqu'au droit d'asile, il n'est pas inutile de leur rappeler les douleurs de la Retirada.
Et la souffrance endurée par ces républicains espagnols, arrivés dans le plus grand dénuement, parqués dans des camps et qui, malgré les blessures du corps et de l'âme, ont servi le Gers avec volonté, intelligence et générosité.
"La guerre apprend à tout perdre, et à devenir ce qu'on n'était pas" disait Camus.
La République a fait de ces enfants et petits-enfants de la guerre d’Espagne des artisans, des agriculteurs, des chefs d'entreprise, des instituteurs, des élus locaux et même nationaux. Chacun à travers son parcours de vie représente un exemple lumineux d'intégration républicaine. Ils sont pour nous une fierté, un exemple.
L'histoire de la Gascogne, est celle d'une terre qui s'est enrichie de la venue successive de communautés différentes, poussées dans leur choix par l'aventure, par le contexte économique mais aussi, souvent, par la détresse, la persécution et la guerre. Une fois établis chez nous, la paix et l'espoir retrouvés - entre Garonne et Adour — ces femmes et ces hommes ont à leur tour entretenu la tradition d'hospitalité républicaine à laquelle le Gers s'est toujours identifié.
Et le Président de conclure : "Où qu'ils soient en Europe ou en France, quelles que soient leurs responsabilités, je dis à ceux qui aujourd'hui prêchent le repli identitaire, qu'ils perdent leur temps, et que nous serons nombreux — venus de tous horizons — à préserver cette flamme et à faire vivre cette histoire multiséculaire pour que : vive la République et vive le Gers !"
Le discours de Philippe Martin en images.:
Ensuite,tour à tour, Tamara Guerrero, présidente de l’association Mémoire de l’Espagne Républicaine et Résistante (MERR 32), Raphaël Ramirez Président du centre culturel espagnol (Auch), Raymond Vall sénateur du Gers, Ronny Guardia Mazzoleni Conseiller régional, Michel Soriano Maire de Lasséran ( maison de la laïcité) ont pris la parole pour remercier le Président Martin, et évoquer les souvenirs lointains ou récents de leurs familles associées à cette triste histoire, des propos emplit de beaucoup d’émotions.
Réfugiés espagnols pendant leur transfert au camp de Barcarès (Pyrénées-Orientales), mars 1939, Robert Capa © Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration
Pour en savoir plus sur la Retirada:
Pour en savoir plus sur le triangle rouge cité ci-dessous: cliquez ici
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