Une élève de seconde récompensée au concours AMOPA

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Le thème proposé pour la Défense et l'illustration de la Langue française, organisée par l'Association des Membres de l'Ordre des Palmes Académiques (AMOPA) était cette année : « Vous avez été témoin d’une scène d’injustice. Qu’avez-vous ressenti ? Comment avez-vous réagi ? »

La copie de Lilou Desclaux-Pérez, élève de la classe de seconde 2 qui avait choisi de traiter le thème du harcèlement scolaire, a particulièrement attiré l’attention du jury, qui a décidé de la récompenser pour son talent d'écriture en langue française.

La remise des prix a eu lieu le mercredi 21 mars à 17h au Lycée Le Garros en présence des parents, des professeurs, des chefs d'établissement et des membres de l'AMOPA.

Toutes nos félicitations à la jeune Lilou et à tous les élèves qui ont participé à ce concours.

 

Voici le texte de Lilou récompensé :

"Toute cette histoire s'est passée l'année dernière. Je me souviens très bien. À la rentrée, je fus surprise de découvrir un nouveau nom parmi ma classe. Je voyais cette nouvelle arrivée comme une occasion de me faire une nouvelle amie, et de pouvoir enfin m'ouvrir à une nouvelle personne. Elle s'appelait Sophia. Dans le collège où j'étais, il y avait un groupe d'amis avec un “leader” bien précis : Camille. C'était le genre de fille assez sûre d'elle qui choisissait qui avait le “privilège” de pouvoir rester avec elle. Je faisais partie de ce groupe, mais j'étais plutôt le genre de fille silencieuse, qui ne faisait que suivre ces personnes pour ne pas être seule et rejetée. Car ceux qui osaient s'opposer à cet ensemble ou aux idées du leader, s'exposait à un rejet constant et des mauvais regards. Tout le monde voulait donc être aimé de Camille, pour renvoyer une bonne image le long de l'année scolaire.
Le jour de la rentrée, un professeur présenta Sophia, et chacun examinait son physique et son allure longuement. Car oui, au collège, les personnes sont d'abord jugées physiquement, puis le style et les résultats scolaires déterminent le caractère et si la personne est assez “fréquentable” ou non. Je la trouvais très belle. Elle avait les yeux vert émeraude, la peau mate et de longs cheveux bruns.  Elle avait une allure sportive et paraissait assez timide. Je l'aimais déjà. Mais ce n'était pas le cas de Camille : elle avait décidé qu'elle ne l'aimerait pas, et donc chacun devrait penser comme elle. Deux semaines passèrent, et Sophia subissait des insultes, des moqueries et des mauvais regards. Elle était seule, tout le temps. Au départ, cela ne la dérangeait pas forcément, certaines personnes lui parlaient encore gentiment, mais petit à petit plus personne n'osait car c'était un peu comme s'opposer groupe.
Un jour, en classe, les élèves lui lançaient des boules de papier et se moquaient d'elle. J'observais les réactions de chacun : les élèves rigolaient, et Sophia mettait les papiers au coin de sa table pour ensuite les mettre à la poubelle. Je ne comprenais pas pourquoi c'était drôle, ou pourquoi ils faisaient cela. Le professeur ne voyait rien et ils ne s'arrêtaient pas. Aujourd'hui je me demande pourquoi je n'ai rien dit à ce moment-là. Cela me paraîtrait évident aujourd'hui de prendre sa défense, mais à l'époque je n'avais pas le courage de tenter quoi que ce soit.
À la fin du cours, un élève la fit tomber dans le couloir. Je soupirai en voyant cela, n'avait-il rien d'autre à faire ? Je jetai un coup d'oeil aux personnes du groupe, personne ne l'aida. Elle se releva,doucement, et se mit face au leader du groupe. Elle la fixa longuement, sans émotion précise. Je la trouvais comme absente, et épuisée. Mais elle osait, rien qu'en fixant Camille, s'opposer au groupe entier. Il régnait un silence de plomb. J'étais gênée, et je n'osais pas bouger. Camille dit très calmement : “Allez, dégage”
À ce moment précis, j'avais deux choix : soit je prenais mon courage à deux mains et je m’opposais mais j'en paierai les conséquences, soit je me taisais je la laissais se faire harceler tout au long de l'année par ce groupe ignoble. J'ai malheureusement mis trop de temps à me décider. Sophia me regarda, je baissai les yeux, et elle partit. Camille fut satisfaite. Je ne comprenais pas comment on pouvait être aussi méchant, j'avais pitié et je me sentais coupable. Coupable de n'avoir rien dit, de ne pas m'être opposée, et d'avoir lâchement choisi de rester fidèle au groupe au lieu de la défendre.
Je culpabilisais énormément et je me sentais aussi minable que le reste du groupe. On ne revit pas Sophia de la journée. Ni de la semaine, d'ailleurs. On nous a appris par la suite qu'elle avait changé de collège. Je fus assez triste, et j'avais des remords. Je décidai alors de quitter le groupe et d'assumer enfin qui j'étais. J'aurais aimé revoir Sophia, pour m'excuser, et lui dire que je l'admirais.
Cette histoire me laisse un énorme regret, je me sens toujours coupable."

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