Le 3 février, lors de l’assemblée générale de l’association du Musée du paysan gascon, la présidente, Marie-Reine Pagnault, a le moral en berne. En effet, d’énormes travaux d’embellissement ont été effectués dans le Musée et, pourtant le nombre de visiteurs est en baisse de 24 % par rapport à 2016 (1 321 au lieu de 1 816). Ce qui entraîne un résultat négatif de 5 903 euros.
Un cri d’alarme
La baisse de fréquentation touche aussi bien les animations, que les randonnées nocturnes et les visites, notamment de groupes. Même la journée de la transhumance n’échappe pas à ce phénomène.
La présidente lance un cri d’alarme : le Musée ne pourra pas survivre si le nombre de visiteurs n’augmente pas à nouveau.
Mais ce n’est pas tout. La suppression des emplois aidés, décidée par le gouvernement, oblige l’association à diminuer le nombre d’heures d’ouverture en 2018. Car il y a 110 permanences à assurer et les bénévoles n’y suffisent pas. Une dérogation est demandée par l’intermédiaire des élus (1) pour que le musée ait droit à un contrat « Parcours emploi compétence » qui remplace les contrats aidés.
Les causes de la baisse de fréquentation
Marie-Reine Pagnault n’évoque pas d’autre cause de la désaffection apparente du public que le mauvais temps et le froid qui a sévi très souvent et ont sans doute découragé certains visiteurs potentiels.
Mais Michel Hue, conservateur départemental, lui répond d’abord que la baisse de fréquentation a été générale dans toute la France. Dans le Gers, même les entrées sur le site de l’abbaye de Flaran, habituellement très fréquenté, sont en baisse. Il y voit comme causes :
- la peur des attentats, qui dissuade les étrangers de venir en France,
- la baisse du pouvoir d’achat.
On peut y ajouter que les années électorales sont défavorables aux déplacements : c’est une donnée d’expérience.
En outre, Michel Hue ajoute que la somme considérable de travaux effectués en 2017 par les bénévoles, unique dans le Gers, témoigne de la vitalité de l’association.
Aperçu des principaux travaux effectués
- Le hangar de réserve des objets a été terminé,
- le sol des hangars abritant les outils de la ferme, du charpentier, du sabotier, du tonnelier et du maçon a été nivelé et bétonné,
- la charpente de l’extension du hangar de la menuiserie a été réalisée,
- les coffres de présentation des objets et les palissades ont été rénovés,
- les espaces ont été décorés,
- un éclairage par leds a été installé,
- la salle d’accueil et la cuisine principale ont été rénovées,
- une cuisine d’été a été installée,
- des grilles de protection ont été posées sur les ouvertures du clocheton,
- etc.
S'agissant de 2018, étant donné la situation financière, il n'y aura que des travaux de maintenance.
Intervention d’Élisabeth Dupuy-Mitterrand
La présidente de la communauté de communes le souligne : il est rare que la mobilisation des bénévoles atteigne le niveau qu’il atteint pour le Musée. Elle estime que les sites touristiques ne sont pas suffisamment en relation entre eux pour « mutualiser » les visiteurs. Alors que le territoire a un potentiel touristique considérable. D’autant plus que l’on saupoudre les crédits au lieu de les concentrer de manière raisonnée. Le monde agricole est en danger, le Musée doit accompagner le changement.
Le Musée pourrait être sur une boucle touristique à partir du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. S’agissant de l’emploi aidé, les collectivités locales ne peuvent pas se substituer à l’État pour ce dispositif.
Intervention de Vincent Gouanelle
Pour le conseiller départemental, la ruralité est mise en danger par des mesures prises depuis plusieurs années. La dernière en vue, la limitation de la vitesse à 80 km/h est une mesure contre les ruraux.
Il conseille à l’association d’exploiter la richesse patrimoniale, particulièrement du côté des enfants : c’est par eux que peut se faire le retour aux racines. Une note d’espoir : « Le Gascon passe où le Français ne peut aller ! ».
(1) Élisabeth Dupuy-Mitterrand, présidente de la communauté de communes, Vincent Gouanelle, conseiller départemental et les députés du Gers.