C’est un moment de bonheur rare que plus d’une centaine de fans de Georges Brassens ont vécu dimanche 4 juin à la Palmeraie du Sarthou. Ils ont bravé la pluie et ils en ont été récompensés. Au lieu d’avoir lieu en plein air, dans le superbe décor exotique de la Palmeraie, le concert - exceptionnel - a eu lieu dans la salle récemment construite, fermée par de grandes baies vitrées. Ce qui a permis d’y accoler deux petits chapiteaux avec vue imprenable sur les musiciens, pour accueillir tous les fans.
Au programme : vingt-et-un poèmes posthumes de l’artiste, mis en musique et chantés par Jean-Paul Vanderhaegen au clavier, accompagné d’Éric Lecordier à la guitare sèche et de Philippe P. Huerta à la contrebasse. Plus deux poèmes de Baudelaire et un de Paul Fort (1).
Le concert
Marie-Christine Fort prononce quelques mots d’introduction, puis le trio commence par une musique introductive qui crée une ambiance « Georges Brassens ». Plus tard, à l’entracte, Régis Destrac, directeur artistique du trio Myosotis, souligne le caractère exceptionnel de ce concert en avant-première.
Après le concert, où chaque morceau a été fortement applaudi, une trentaine de fans se sont retrouvés pour dîner d’une paella et de pousses de bambous de la Palmeraie. C’est un moment dont les spectateurs se souviendront.
Le mot « magique » est galvaudé et pourtant, c’est lui qui s’impose à l’esprit. Une avant-première à Bétous, qui l’eut cru ? Les vingt-et-un poèmes inédits et ceux de Baudelaire et de Paul Fort, sont tous dotés de mélodies à la manière de Georges Brassens.
De plus, Jean-Paul Vanderhaegen a une excellente diction et sa voix rappelle celle de l’artiste mort en 1981. Il chante avec humour ou tendresse, gravité ou légèreté quand il le faut. Et, manifestement, il forme, avec les deux autres musiciens, un trio de copains bien soudé.
Le public a été conquis et a beaucoup applaudi. Parce qu’il a retrouvé le style, l’humour, la satire et, pour tout dire, l’esprit d’un grand de la chanson française. À qui il manque des successeurs.
Un très grand bravo à Marie-Christine et Daniel Fort, hôtes de la Palmeraie, à Jonathan et aux autres membres de la famille qui se sont investis dans l’organisation de cet événement de haut niveau.
L’événement
Comment est-il possible que cet événement digne d’une salle nationale, soit réalisé à la Palmeraie ? C’est l’histoire d’une amitié entre Jonathan Fort et Jean-Paul Vanderhaegen. Jean-Paul avait eu l’occasion de participer aux manifestations musicales organisées en été dans la Palmeraie. Quant aux poèmes inédits, c’est Régis Destrac, professeur de lettres et actif dans l’édition qui les a proposés à Jean-Paul, après l’avoir entendu chanter Brassens. Les poèmes inédits avaient été déposés officiellement et Régis Destrac les connaissait.
Jean-Paul Vanderhaegen est entré totalement dans le personnage de Georges Brassens et, pendant 4 ans, il a travaillé à la composition de musiques adaptées aux poèmes et effectué les arrangements pour guitare et contrebasse, lui-même se réservant le chant et le clavier. Et, cette année, il a créé le groupe Myosotis (« ne m’oublie pas ») avec Éric Lecordier Philippe P. Huerta.
Il reste à s’entendre avec les héritiers de Georges Brassens. Ensuite un CD est en projet (ou peut-être plusieurs). Il sera accompagné d’un livret avec les textes et des anecdotes.
Et Le Journal du Gers est heureux de publier le texte d’un des poèmes présenté par Myosotis : Dieu lui pardonne
Elle entra dans ma vie en patins à roulettes,
Elle était verdelette, elle était bachelette.
L'amour, comme toujours, marchait à l'aveuglette,
J'ai pas su m'écarter j'ai fait une boulette,
La publique rumeur m'a mis sur la sellette.
La chair fut un peu triste : elle était pucelette,
Et moi je n'étais pas un veritable athlète.
La fringale la prit : j'avais pas de galette,
Elle quitta ma vie en patins à roulettes.
Elle atterrit chez un boucher de la Villette.
Dieu lui pardonne : elle adorait les côtelettes,
Avec du serpolet et de la ciboulette !
Ce fut un certain temps de dérive complète,
J 'eus meme envie de me déguiser en squelette,
Et lui faire envoyer, dedans une mallette,
Mes osselets , pour qu'elle en fît des amulettes.
Avec son souvenir, depuis, je me collette
Son fantôme me suit en patins à roulettes.
Son fantôme me suit en patins à roulettes.
(1) Voici les titres : Le Drapeau noir… ; Le Mécréant repenti ; Discours de fleurs ; L’Enterrement de Paul Fort ; Dieu lui pardonne ; Le Cauchemar ; Une petite Ève en trop ; Les Illusions perdues ; C’était un peu leste ; L’arc-en-ciel d’un quart d’heure ; Le Pince-fesses ; Le Mérinos ; Les Bacchantes ; Je bivouaque au pays de Cocagne ; I=Une ombre au tableau ; La Pacifiste ; La Guerre ; Les Points sur les i ; Le Fidèle absolu ; Élévation (Baudelaire) ; Harmonie du soir (Baudelaire) ; L’Inestimable sceau ; Le Petit-fils d’Œdipe ; Il Faut nous aimer vivants (Paul Fort).