Ce 20 mai, raconter en parlant avec une diction parfaite, en chantant, en dansant aussi parfois, cet artiste exceptionnel qu’a été Claude Nougaro, voilà ce que Christian Laborde fait avec le talent et la justesse de ton que donne une amitié de 30 ans avec « son frère de race mentale ». Sur la scène il est à la fois lui-même et Claude et c’est un torrent de poésie qui déferle et qui tient en haleine jusqu’à la fin. Un spectacle somptueux !
Accompagné de l’accordéoniste Bernard Ariu, il parle de cet enfant dont la mère, Liette, professeur de piano, accompagne son mari, le père de Claude dans ses tournées. Et ce père, Pierre, premier baryton à l’Opéra de Paris, ne voit - rarement - son fils que pour le punir. Sa grand-mère l’élève. Il n’aime pas Toulouse, sa ville natale « aux laitues assoiffées » (il changera plus tard et composera « Toulouse » en son honneur).
Paris : l’éblouissement
Christian nous découvre l’éblouissement de Claude devant Paris, Montmartre et le Lapin agile, rendez-vous des rapins et des poètes. Jusqu’alors, il se refusait de chanter, pour se distinguer de son père. Au Lapin agile, il récite ses poèmes, découvre le jazz, puis devient l’ami du poète Jacques Audiberti, rencontré aux Deux Magots (1) qu’il loge pendant un an.
Toute la vie de Claude défile. Par exemple, Christian s’arrête un instant sur la découverte du Brésil (« Bidonville »), du guitariste Baden-Powell et sur la chanson « Tu verras », adaptée de « O que será » de Chico Buarque de Holanda, grand succès de Claude. Et Paris avait ébloui le jeune Claude Nougaro, voilà que New-York le ravit à son tour.
Des anecdotes parsèment le « one man show » de Christian Laborde. Comme celle où, après une soirée bien arrosée avec un ami, on trouve Claude et son ami à quatre pattes sur le tapis à poils longs du salon : ils ont entrepris de « tondre la pelouse » avec un coupe-ongles…
Cette belle évocation a été présentée au Festival d’Avignon, à Deauville et à Uzeste. On espère que Christian Laborde en fera un DVD.