Nogaro – Prix littéraire « Jeunes Mousquetaires »

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Des lycéens donnent leur opinion sur la sélection de romans

Le Prix Littéraire « Jeunes Mousquetaires du 1er roman », créé et animé par la junior-association Un Livre dans la poche (1) (soutenue par le professeur Éric Busson), sera attribué cette année pour le 12e fois lors des Rencontres littéraires de Nogaro.

Celles-ci, qui mobilisent, non seulement les lycéens de lycée d’Artagnan de Nogaro, mais aussi ceux de Condom, de Mirande et de Valence (Espagne), sont devenues la principale manifestation littéraire du Gers. Elles intéressent aussi les adultes qui aiment lire des histoires et rencontrer les écrivains, comme la marraine et présidente du jury 2017, Carole Martinez, les jeunes auteurs, dont les romans sont sélectionnés et des auteurs des années antérieures. Ces écrivains sont ravis de rencontrer des lecteurs et de discuter avec eux.

Les lycéens du lycée d’Artagnan ont écrit des critiques des 5 romans retenus pour concourir pour le Prix. En voici la teneur :

Émilie Teytau sur « Celui-là est mon frère » de Marie Berthelet (Buchet-Chastel)

Celui là est mon frère est l'histoire de deux hommes qui ont été élevés ensemble et qui, après une rencontre houleuse, ont construit une relation très fusionnelle, devenant tout l'un pour l'autre et se soutenant, même face à l'adversité. Rien ne semblait présager que leurs chemins se sépareraient. L'histoire est racontée par l'un d'eux qui est maintenant à la tête d'un pays, et ne s'est jamais remis de la « perte » de son frère de sang. Mais lorsque ce dernier refait surface des années plus tard, les retrouvailles sont loin d'être joyeuses. En effet, avec lui, arrivent de nombreuses crises qui secouent tant le pays que son chef, qui se retrouve désemparé face à une menace qu'il ne veut pas voir, tiraillé entre son devoir et l'amour qu'il a pu porter à cet homme, désormais un inconnu pour lui.

Le livre est une sorte de confidence du narrateur. Le récit est à la première personne et le narrateur semble s'adresser autant à une personne qui lui est proche qu'au lecteur, qui devient alors un confident. On se sent ainsi intégré dans le livre, et même si on ne sait pas grand-chose de la réelle identité des personnages ( rarement de nom, ou d'âge ) on les connaît à travers leurs actes et les sentiments qui les habitent, et on est vite entraîné dans l'histoire, avide d'en connaître la suite. Le narrateur parle au fil de ses pensées. Il raconte ses espoirs, ses regrets et ses peines, en alternant souvenirs et événements présents. L'écriture féminine, le rythme donné par cette alternance temporelle ainsi que la curiosité de savoir ce qu'il advient des personnages rendent le livre très agréable et intéressant à lire.

Julia Granier sur « L’Effraction » d’Omar Benlaala (Éditions de l’Aube)

L’Effraction se présente comme une réponse au « roman » Histoire de la violence d'Edouard Louis. Il prend la forme d'un témoignage, celui de Réda, un jeune français issu de l'immigration maghrébine, qui se confie à Jean-François, un sociologue, sur la question de la sexualité et surtout de l'homosexualité dans le monde musulman, un milieu très pudique sur ces questions là. Derrière cela, une histoire de famille rend ce témoignage unique et intense. Ce roman fait aussi part de la difficulté à avoir la double nationalité : au final, Réda n'a pas deux maisons mais plutôt aucune puisqu'il est vu comme un étranger autant en France qu'en Algérie... Ce roman très court et fluide est riche, car il amène le lecteur à s'intéresser à l'importance des racines et aux différences qu'il peut y avoir entre deux cultures.

Anna Trnka sur « Monsieur Origami » de Jean-Marc Ceci (Gallimard)

Monsieur Origami est un court roman très agréable à lire, l'écriture est épurée et simple. Les mots apportent une compréhension claire de la situation, du cadre, du tableau. Ou bien, les mots répétés, et détachés s'enregistrent dans notre cerveau, un réel apprentissage de vocabulaire. Petit à petit la situation évolue, comme une révolution lente et continue de la Terre, le changement chez maître Kurogiku, s'opère. C'est peut-être le fruit de sa méditation... En effet, maître Kurogiku pratique l'origami, art traditionnel japonais du papier plié. Lui même natif du Japon, son arrivée en Italie lui vaut la perte de son nom, les habitants le nomment Monsieur Origami. Devenu vieil homme, il rencontre un jeune Italien. Là débute le changement. Dans un tempérament calme de la plume, nous sont contés le Japon et l'origami, un art droit, fin, beau et méditatif. Méditation de l'origami et pas seulement, contemplation de la nature. Quelle est la phase suivante de la méditation ? Pour l'instant, Jean- Marc Ceci nous raconte la longue réflexion de Monsieur Origami.

Colleen Chaminand sur « La Correction » d’Élodie Llorca (Rivages)

La Correction n'est pas un livre que j'aurais lu de moi-même, et j'aurais eu bien tort !

L'histoire permet au lecteur d'entrer dans les coulisses d'un milieu peu ouvert au public et de comprendre le chemin à parcourir pour un roman ou un article avant sa parution.

J'ai aimé ce livre également pour le personnage, un personnage attachant au caractère surprenant. Nous pouvons le suivre tout au long du livre, suivre son entourage et ses aventures.

J'ai aimé lire et relire les dix dernières pages du roman, tellement la fin a été pour moi une surprise !

Enfin, une des dernières raisons pour lesquelles j'ai aimé ce livre, c'est l'écriture : la façon d'écrire est simple mais belle, les mots sont bien trouvés pour nous faire plonger dans la lecture.

Vivienne Roth sur « Brûle » de Laurent Rigoulet « Éditions Don Quichotte)

Pour son premier roman, Laurent Rigoulet nous plonge au beau milieu des années 70 à New-York, plus précisément dans le Bronx. Il nous fait découvrir le parcours de Clive Campbell, alias Kool Herc, DJ et pionnier du hip-hop, à travers le regard d'un de ses amis. Ceci permet au lecteur de s'immerger complètement dans le récit et d'assister à la naissance du hip-hop et du rap dans ce climat de violence et de rivalité où des immeubles sont brûlés et des gens tués chaque jour. L'auteur nous fait découvrir la vie de toute une génération: la lutte des gangs, le racisme, la drogue, les graffitis et l'émergence d'une culture qui va gagner le monde entier. On sent petit à petit le feu qui prend non seulement dans les immeubles mais aussi dans le cœur des jeunes au fur et à mesure que la musique s'enflamme.

Laurent Rigoulet nous livre une histoire très juste qui nous propose l'ouverture sur un monde autre que le nôtre et qui nous permet de découvrir les origines, les fondements d'une culture mondialement connue. Avec des phrases assez courtes et une narration empreinte de paroles de chansons lancées en prose qui apportent du rythme, Brûle est l'histoire d'un quartier et d'une jeunesse qui prennent feu sous l'effet de la musique.

Ami lecteur, si l’une de ces critiques vous donne envie de lire un de ces romans, pourquoi ne pas nous confier votre opinion ? Il vous suffit d’envoyer un message à l’adresse du Journal du Gers (http://lejournaldugers.fr/contact).

(1) http://www.prixjeunemousquetaire.fr/

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