Ruralité photographique
Le temps d’avant ….
Robert Dussaux a fait partager à un nombreux public ( la salle des conférences était comble ) des moments de vie en milieu rural « avant l’arrivée du tracteur dans les fermes » et où la traction animale était la seule à permettre les travaux des champs . Appareil photo , toujours en éveil il a su créer un patrimoine , d’une rare richesse de témoignage du matériel et surtout de la vie des hommes . Peut être ce matin , dans leur tracteur super équipé avec la radio du jour, la climatisation les agriculteurs se demanderont si la vie d’hier rythmée aux pas des animaux n’était pas davantage un vecteur de bonheur.
Robert ouvrait la première page de ce livre de vie avec le paysan rentrant son char de foin . C’était l’occasion de découvrir l’attelage :les bêtes sous le joug avec les « mouscails » pour les protéger des mouches , les têtières de feuilles de maïs , qui reçoivent les juilles , ces bandes de cuir qui constituent avec le joug, le système qui permet la traction.La fixation de ces cuirs finit sur une cheville de bois. Pour une meilleure tenue on crache dans sa main et on enduit la cheville de salive . C’est l’occasion d’expliquer comment on dressait les bêtes pour en faire une droitière ou une gauchère, et elles étaient alors baptisées Mascaret ,Millet , Marty , Boué . On suivait de jeunes enfants qui découvraient l’attelage avec deux paires de bœufs pour le labour avec le brabant dont Robert présentait toutes les parties techniques et leur fonction. Un petit regret écologiste ,les dizaines de bergeronnettes qui suivaient le brabant pour capturer les vers de terre. Il présentera ensuite divers outils : décavaillonneuse pour la vigne , herse canadienne , semoir à maïs et à haricot avec un habile système pour semer les deux choses à la fois, le pied de maïs servant de tuteur pour faire grimper le haricot , la galère cet outil , véritable pelle tractée par un attelage. Chars, charrettes constituaient le matériel roulant , on graissait les essieux des roues avec de la graisse de porc mais qu’on ne salait pas . On assiste aussi au ferrage du cheval et des bœufs dans les métiers à ferrer où les bêtes étaient en suspension , un bœuf ne peut pas se tenir sur trois pattes.
Le champ de blé a été moissonné et les gerbes sont entassées en petits tas, épis à l’intérieur et coiffés par une dernière gerbe ,la pluie ne touchera pas les grains . Les gerbes sont ensuite chargées sur le char à quatre roues et portées à la ferme où si on n’a pas de grange, on les entassera pour former une gerbière , là aussi une technique précise met le grain à l’abri des intempéries . Enfin c’est le jour du battage , le « matériel » , machine à vapeur , batteur et presse sont installés près de la gerbière .Ce travail est un acte communautaire où on mobilise les voisins, chacun occupe un poste , envoyer les gerbes sur le plancher du batteur, passer les aiguilles à la presse pour fabriquer les bottes, remplir les sacs de grain ( 80 kilos ) .De temps en temps un coup de sifflet annonçait une pause boisson et la marie jeanne ( bouteille de 2 litres et demi )passait de main en main , on se retrouvait aussi pour les repas autour d’une longue table ; l’équipe des cuisinières avait préparé un repas traditionnel, c’était aussi le moment des échanges sur la récolte ou quelques « histoires » du secteur .Un spectaculaire travail, la transformation d’un énorme chêne en pièce de charpente à l’atelier de la scierie .On passe au volet alimentaire avec le gavage des oies avec le gorgeoir inventé par un artisan vicois, la journée du tue -cochon prolongée par de longues soirées de jeu de cartes, notamment « la bourre » . Puis on descend dans un magnifique site mais les femmes ne sont pas là en touristes , elles lavent le linge dans ce plan d’eau avec battoir et savon de Marseille. Les pièces les plus sales passeront à la lessiveuse avec eau chaude et cendre .La machine à laver ne vint qu’avec l’eau courante et Robert a photographié la publicité de la machine Vendome proposée par la mère Denis . Il présente aussi une machine de 1914 , principe des machines actuelles, un cylindre perforé contenant le linge tournait dans un bac d’eau chaude . Si , aujourd’hui des organismes spécialisés sont chargés d’animer, les villages autrefois des jeux étaient au programme de la fête locale, on se retrouvait aussi pour le dépouillement des élections, l’affichage électoral était « sauvage » arbres, murs de jardin .A Caillavet, les instituteurs organisaient des voyages scolaires, bientôt les adultes voulurent aussi « sortir » ils firent même des voyages de plusieurs jours en camping .Lotos , concours de belote, conférences meublèrent les soirées d’hiver … puis vint la télé avec un film tourné en partie à Riguepeu, l’affaire Lacoste , des locaux participèrent à certaines séquences , comme Gilbert Monge et son attelage de travail de Lasmoules , le cheval tirant non plus la charrue mais une calèche . En conclusion Robert Dussaux invita à voir le changement de vie avec la technologie de pointe d’aujourdhui .