En visite dans le Gers pour trois jours, le président de la Fédération Nationale de Pêche en France (FNPF), Claude Roustan, alors qu’il se trouvait sur les bord du lac de Barbotan, a bien voulu répondre à nos questions.
- Monsieur le Président Roustan, quelles sont les raisons de votre venue dans le Gers ?
- En tant que Président de la FNPF, je fais le tour des Fédérations de France, y compris celles de la Réunion et Sain-Pierre et Miquelon. Et le Gers est une destination qui me semble intéressante pour la pêche, notamment, des carnassiers, de la carpe ; et je peux évaluer les problématiques qui se posent dans ce beau département. On voit comment nous pouvons les différents usages, comme l’agriculture, la pêche ou les activités diverses.
- La FNPF travaille-t-elle en collaboration avec d’autres organismes pour l’amélioration des sites aquatiques ?
- Nous travaillons en partenariat avec les collectivités locales.
- Selon vous, quelle est la principale problématique concernant les plans d’eau dans le Gers ?
- La problématique dans le Gers, c’est le conflit d’usage qu’il peut y avoir avec les agriculteurs. Il faut garder le dialogue pour essayer de faire avancer les choses, comme par exemple, au sujet des intrants ; il faut faire en sorte que cela ne nuise pas à la qualité des eaux. Et qui dit qualité des eaux, dit qualité des poissons. Donc, il y a un dialogue permanent à maintenir avec la profession agricole pour faire avancer les choses dans l’intétrêt du milieu aquatique et du milieu de la diversité.
- Que reprochent les agriculteurs aux pêcheurs ? Ou vice-versa ?
- Les agriculteurs ne reprochent pas grand-chose aux pêcheurs. Il ne faut pas opposer les uns aux autres. Je suis pour le dialogue et la concertation. Il y a des intérêts à défendre. Nous, nous sommes là pour défendre les cours d’eau, pour défendre la qualité des eaux. Nous sommes, ce que l’on appelle communément, les sentinelles des cours d’eau. Donc notre rôle est de préserver les milieux aquatiques.
Dans chaque Fédération, il y a à la fois des animateurs, puis des biologistes qui travaillent pour essayer d’améliorer la qualité des eaux, pour que l’on puisse pêcher dans des secteurs qui soient le moins pollués possible.
Les agriculteurs ont aussi un intérêt, c’est de pouvoir produire. Et quelquefois, ce n’est pas toujours compatible. Mais on arrive à régler des choses, toujours en discutant, non seulement avec les agriculteurs, mais aussi avec les services de l’État qui ont en charge la police de l’eau.
- Les pêcheurs gersois, ou même d’ailleurs, s’inquiètent de tous ces projets de mettre des panneaux photovoltaïques sur les plans d’eau. Quelle est votre opinion sur le sujet?
- Aujourd’hui, c’est une nouveauté qui se fait de plus en plus, partout en France. Ce que nous faisons aujourd’hui au niveau de la FNPF, avec nos ingénieurs, nous essayons de recueillir un maximum d’informations sur l’impact de ces installations sur la qualité des eaux, sur la qualité des espèces. Avant de trouver une solution pour pouvoir continuer à pêcher, il faut mesurer l’impact de ces installations photovoltaïques sur les lacs, afin de donner un avis là-dessus, Mais aujourd’hui, nous n’avons pas le recul nécessaire pour connaître quel impact il y a sur le milieu aquatique en général.
- Le problème est que les conséquences, s’il y en a, ne se mesurent que plusieurs années après l’installation…
- C’est pour cela que je dis aux dirigeants des Fédérations départementales de nous faire remonter le plus d’informations possibles recueillies sur le terrain. Il nous faut un maximum d’informations pour voir si cela crée des problèmes par rapport au milieu, par rapport au frai, etc. Et puis, aussi, ces panneaux limitent les lieux de pêche. N’oublions pas que la pêche a un impact économique. Il y a un million et demi de pêcheurs en France.
- Sans prendre ouvertement position pour l’un ou pour l’autre, il est évident que les panneaux diminuent la luminosité sous l’eau, l’oxygénation…
- Évidemment. Mais pour pouvoir être entendu, s’il devait y avoir un conflit avec les installateurs, il faut que nous ayons des arguments. C’est pour cela qu’aujourd’hui, comme c’est une nouveauté, nous essayons de recueillir un maximum d’informations. Donc nous travaillons là-dessus.
Propos recueillis par Jean-Marc RAMEL