Le 11 novembre 1918 entre joie et larmes dans le mirandais

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LE 11 NOVEMBRE 1918 DANS LE MIRANDAIS : JOIE ET LARMES

L’armistice est enfin signé entre la France et l’Allemagne le 11 novembre 1918, à 5 heures du matin à Rethondes, avec effet à partir de 11 heures. On le sait, hélas, entre 5 heures et 11 heures des Poilus continueront à mourir mais pour rien cette fois, ce qui est plus dramatique encore. Tel le Lozérien Augustin Trébuchon, tué d’une balle allemande en pleine tête à 10 heures 50.

Après quatre ans d’une guerre meurtrière qui semblait ne plus devoir finir, l’information parvient à la préfecture en début d’après-midi puis se diffuse rapidement dans tout le département. Des informations étaient déjà parvenues ici ou là chez les détenteurs d’un téléphone.

On a retenu les scènes de liesse et de soulagement qui se manifestèrent partout en France et à Mirande comme ailleurs : on se regroupe, on chante La Marseillaise, les lampions sont installés pour le soir, les cloches sonnent à toute volée, les autorités y vont de leur discours. Des bals s’ensuivront. Bref un moment de joie collective bien compréhensible.

Le Poilu Jules Fauré, d’Idrac-Respaillès, blessé de guerre et hospitalisé à Cherbourg, écrit à ses parents : «  L’animation est inexprimable parmi nous. Le canon, les cloches, les sirènes des bateaux, tout se réveille… ».

Frédéric Pouy, de Ponsampère est prisonnier depuis cinq mois lorsque, en Belgique dans un convoi en route vers l’Allemagne, il apprend le lendemain la nouvelle : « Sommes-nous heureux, nous serons bientôt libres. Les Allemands font triste mine… ». Impatient et profitant du trouble vécu par ses gardiens à cette annonce et bien inspiré, il leur fausse compagnie dans la nuit pour rejoindre Mirande en trois semaines d’une aventure épique.

Mais c’est aussi un moment d’intense douleur pour ceux - trop nombreux - qui ont perdu un fils, un père, un frère dans cet épouvantable carnage et il leur est difficile d’être dans le partage de la joie. Parfois même, cette liesse publique les irrite ou les peine. Des scènes pathétiques se produisent alors ici ou là.

Le Mirandais Henri Castex, dont le père a été tué au combat, se souviendra de cette journée : « Mon premier souvenir d’enfant, c’est à Masseube, le 11 novembre 1918. J’étais chez mes grands-parents. Sur le coup de 11 heures, le carillon sonnait à toute volée. Il y avait comme un air de joie. Les gens annonçaient la fin de la guerre… Mais j’ai vu mon grand-père se diriger vers la grange et se mettre à pleurer. Nous avons passé la journée dans le noir… ».

La joie ne pouvait effacer la douleur. On doit se souvenir, par exemple, qu’en une seule journée à Roclincourt le 88ème d’Infanterie, le régiment auscitain et mirandais, a perdu son colonel, 32 officiers et 1099 hommes, tués ou mis hors de combat.  Un tel massacre en une seule journée. Des Mirandais y perdront la vie. L’Armistice aura évidemment un goût amer même si on n’a retenu que la liesse populaire.

Henri Calhiol

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