UNE CEREMONIE MEMORIELLE HORS DES SENTIERS BATTUS
Une cérémonie bien singulière se déroule au cimetière de Mirande chaque année le 1er novembre.
Née en 1915 après quelques mois de guerre cruelle, elle consistait initialement à honorer la sépulture des Poilus morts par dizaines dans les hôpitaux de la ville loin de leurs familles cependant que les familles mirandaises dans la peine, ne pouvant faire le deuil de leurs enfants enterrés sur le front, venaient fleurir ces tombes-là.
Après la désaffection de ce carré militaire de fait en 1966, il resta deux dépouilles non réclamées (deux Poilus guadeloupéens) qui furent glissées au pied du monument à la Croix de guerre implanté dans le cimetière et devenu dès lors ossuaire sous la protection du Souvenir Français. Et on perpétua la tradition née en 1915.
Puis, en 1946, au sortir de l’Occupation, on érigea là un monument à la mémoire des Français et des Espagnols morts pour la Libération du pays et on l’intégra dans l’hommage annuel.
En cette année 2024 où l’on commémore les 80 ans de la Libération, la municipalité avait tenu à s’incliner, après l’avoir fait fleurir, sur la tombe de Martin Mortès, réfugié espagnol entré dans la Résistance mirandaise au sein du Bataillon Soulès (Armée Secrète) et fusillé par les Allemands en juin 1944, « Mort pour la France » avec deux autres mirandais réfugiés, lorrains ceux-là, Eugène Hoffalt (commandant de la compagnie Ramsès II) et son jeune fils René (20 ans), inhumés désormais dans leur pays natal.
Les drapeaux s’inclinèrent sur la tombe du jeune martyr espagnol de 27 ans qui avait laissé une veuve et deux fillettes et l’assistance respecta une minute de silence. Le maire, Patrick Fanton, avait demandé auparavant à Henri Calhiol - fin connaisseur de la Résistance en Astarac - de retracer pour l’assistance fournie les circonstances de la capture de Martin Mortès à Belloc-Saint Clamens et de son exécution près de Castelnau-Magnoac. Un devoir de mémoire bien rempli.