L’ARRIVEE DES PREMIERS REFUGIES ESPAGNOLS FUYANT LE FRANQUISME
A la Libération, on comptera à Mirande pas moins de 230 sujets de nationalité espagnole. Nombreux auront été celles et ceux qui auront combattu courageusement dans les rangs de la Résistance. Un monument au cimetière rappelle leur engagement : l’autorité municipale s’incline devant lui le 1er novembre de chaque année et le fleurit.
Comme on le sait, la Retirada (la retraite des troupes espagnoles républicaines) entraînera en février 1939 un exode massif et désordonné de quelque 500 000 hommes, femmes, enfants et vieillards avec ouverture de camps (de sinistre mémoire) pour les hommes valides et des mesures sociales pour les familles. Mirande aura sa part dans un contexte où l’arrivée massive de « rouges » n’est plus aussi bien vue qu’au début après l’interdiction du parti communiste français à la suite du pacte germano-soviétique et alors que la guerre contre l’Allemagne n’a pas encore été déclarée. Car il y eut un début.
La guerre civile espagnole avait débuté en juillet 1936, opposant républicains et nationalistes du putchiste Franco. Henri Calhiol raconte : « le 29 juin 1937 arrivent dans le Gers les premiers réfugiés : 106 personnes dont des enfants encore dans leurs langes, venant de la Biscaye. Certains sont de Guernica, ville martyre bombardée par l’aviation nazie et l’aviation de l’Italie fasciste venues soutenir le dictateur espagnol et dont Picasso fera une de ses plus poignantes œuvres.
La presse parle, au sujet de ces 106 arrivants à Mirande, d’un spectacle « le plus écoeurant de la misère, de la ruine et du désespoir ». Ils débarquent à la gare où un comité d’entraide les attend, présidé par le sous-préfet et le maire Paul Noulens.
Un extraordinaire élan de solidarité se manifeste alors dans la population et dans le milieu associatif en faveur de ces malheureux placés en centre d’accueil et dont on ne se pose pas la question de l’appartenance à l’un ou l’autre camp en belligérance.
Il n’en restera que 17 en novembre suivant, après ventilation dans d’autres départements ou retour en Espagne. Ainsi débutait une histoire intime entre Mirande et les réfugiés espagnols, qui se poursuit aujourd’hui au travers de leurs descendants ».