"Le président de la République a finalement désigné Michel Barnier comme Premier ministre deux mois après un scrutin qui avait placé la gauche en tête. Soixante jours de tergiversations, d'incapacité, d'indécision, au cours desquels Emmanuel Macron a joué un rôle de juge et d'arbitre pour trouver une issue politique à une crise dont il est lui-même l'une des causes. Un épisode qui abîme encore un peu plus la fonction présidentielle et qui participe à creuser le fossé entre les citoyens et la classe politique.
Je regrette que la personne de Bernard Cazeneuve n’ait pas été retenue pour cette charge, des raisons politiciennes au sein de la direction du Parti socialistes sont en cause. Son ouverture, son expérience, sa responsabilité, la méthode et la politique qu'il incarne auraient été plus respectueuses du vote exprimé par les Français le 7 juillet dernier.
En lieu et place, le président Macron a choisi de placer la continuité de son bilan et de son agenda politique entre les mains de la droite, avec la neutralité bienveillante de l'extrême droite. Celui qui s'était juré de lutter contre le Rassemblement national le consacre comme arbitre de l'agenda politique du pays.
Si je dénonce ces choix, j'espère que M. Barnier saura se montrer à la hauteur de la crise politique que nous traversons. Crise sociale, démocratique, agricole, dérapage de la dette, une situation qui impose des mesures fortes. Dans cette perspective, l’indépendance, l'ouverture et la rupture dans la méthode sont capitales.
Santé, pouvoir d'achat, services publics sont les grandes priorités de politique publique auxquelles aspirent les Français, clairement exprimées dans les urnes. Ce sont elles qui doivent guider son action. Je serai ainsi très attentif à la composition future du gouvernement et au discours de politique générale du Premier ministre. Je nourris toutefois peu d'espoir et resterai très vigilant."
David Taupiac
Député du Gers