Panjas : « un lieu de mémoire où le Souffle, la Force et l'Esprit de la Résistance nous enveloppent encore aujourd'hui ». Ainsi, Marie-Claude Mauras, maire de Panjas et présidente de l'Amicale du Bataillon de l'Armagnac-158e Régiment d'infanterie, commence-t-elle son discours le 7 juin 2024. Lors des cérémonies en mémoire du Bataillon de l'Armagnac, dont le programme est visible en note (1).
Marie-Claude Mauras et Anne-Françoise Parisot le 7 juin 2023
Marie-Claude Mauras s'exprime devant Anne-Françoise Parisot, fille du Colonel Parisot et présidente d'honneur du Bataillon de l'Armagnac et de nombreuses personnalités (2). Et aussi devant Guy Dupouy, un des derniers combattants du Bataillon, devant le général Jacques Lasserre (auteur de l'ouvrage de référence sur Le Bataillon de l'Armagnac (Privat), devant quelque 80 enfants des écoles de Panjas et d'Éauze et devant les familles des Combattants et un public empreint de gravité.
Stèle de l'abbé Talès en l'honneur du Bataillon de l'Armagnac et du Colonel Parisot
Avant qu'elle prenne la parole au Mémorial du Bataillon, des gerbes ont été déposées à la stèle créée par l'abbé Talès pour le Bataillon et le Colonel Parisot, ainsi qu'au monument aux morts du village.
Discours de Marie-Claude Mauras le 7 juin 2022
Le Mémorial
Marie-Claude Mauras : « ce Mémorial symbolise les chaînes qui se brisent ; c'est le témoin silencieux de la lutte féroce de cette guerre de 1939-1945. Il porte, gravé dans son marbre, le nom des 52 Combattants tombés sous les balles de l'ennemi. Cette stèle (…) nous rappelle que des femmes et des hommes sont morts par millions pour que nous naissions libres ».
« Le 6 juin 1944, sur les côtes normandes, débarquaient (…) des milliers de soldats venus d'Outre-Manche, d'Outre-Atlantique et de bien d'autres pays. Nombre d'entre eux donnèrent leur vie pour notre liberté. Le sacrifice des ces hommes ne peut, ne doit jamais être oublié ! »
Rassemblement du Bataillon de l'Armagnac
Dans toute la France, les Résistants reçoivent des messages leur donnant l'ordre de détruire des cibles ennemies. « Une voix de fausset » est le message destiné au Colonel Parisot et au 570 volontaires Armagnacais, Juifs et Espagnols qu'il rassemble à Panjas, grâce à l'abbé Talès.
Le Bataillon combat dans le Sud-Ouest puis dans la poche de Royan. À la fin de la Guerre, en mai 1945, il compte 1 700 hommes et déplore 52 morts pour le France, 51 blessés contre 72 Allemands hors de combat. Hélas, son chef, le colonel Parisot, est tué le 6 septembre 1944 dans un accident causé par un avion britannique qui atterrit mal.
Les porte-drapeaux à l'honneur
Avant que Marie-Claude Maurras ne prononce son discours, Véronique Moreau, sous-préfète de Condom, remet à Michel Job, Jean Sucère, Michel Guichené, André Laffargue et Bernard Laborde, le diplôme d’honneur de porte-drapeaux. Puis l'on entend le message du général de Gaulle du 18 juin 1940.
Ensuite des gerbes sont déposées au Mémorial, les enfants chantent la Marseillaise et Le Chant des partisans avec la chorale de Panjas.
Le général Jacques Lasserre le 7 juin 2022 à Panjas
Conférence du général Jacques Lasserre
Le conférencier, qui a consacré des années de recherches à son ouvrage d'historien sur le bataillon de l'Armagnac, commence par faire un aperçu rapide de l'histoire du Bataillon, avant d'entrer dans son intimité : la peur, les moments heureux, puis l'assurance et la sûreté de soi.
Bâtir un bataillon pour attaquer l'Occupant
Il commence par un portrait de Maurice Parisot, Lorrain né il y a 125 ans, qui s'engage en pleine guerre de 14. Qui reste 4 ans dans l'armée française d'occupation en Allemagne, en qualité d'officier, puis fait des études d'ingénieur agronome. Qu'il met en pratique, comme fonctionnaire auprès de Georges Monnet, un proche de Léon Blum, ministre du Front populaire en 1936.
Il est révoqué après la débâcle pour avoir écrit que « les nazis étaient des bêtes de proie » et arrive en 1941 dans le Gers, comme gérant de propriétés agricoles. Il va pouvoir bâtir ce dont il rêve : un bataillon d'infanterie opérationnel pour reprendre le combat.
Il attire de fortes personnalités : l'abbé Talès, Abel Sempé (négociant en Armagnac), puis George Starr (nom de guerre « Hilaire »), créateur d'un réseau secret britannique.
« Grâce à l'appui de la population (…) dans la clandestinité et le plus grand secret, il construit ce bataillon d'infanterie ; ceci lui permet de rassembler le 7 juin 1944 sur la place de Panjas (…) 570 hommes armés, instruits, équipés en véhicules et disposant d'une solide logistique ».
La peur
La peur des habitants de Panjas qui vont héberger les Résistants, alors que la guerre est loin d'être gagnée, mais que l'abbé Talès convainc d'accepter.
La peur des volontaires que leur chef engage dans un premier combat à Aire-sur-l'Adour dès le 12 juin : 4 tués : tous ceux qui disent « on va y laisser la peau », mais qui y vont quand même.
Les moments heureux
Ces volontaires tiennent grâce à la solidarité : « la troisième et la plus essentielle [des valeurs de notre République], et la moins souvent revendiquée de nos valeurs, c'est la fraternité ».
L'autre moyen de combattre la pression constante qu'ils subissaient, c'était l'humour, la franche gaieté, la joie de vivre qui animait cette jeunesse ».
Le conférencier raconte un vrai gag : des Résistants déguisés en soldats allemands obtiennent avec de faux papiers et un véhicule maquillé que des gendarmes français remplissent leurs fûts de carburant gratuit « pour la Gestapo » ! C'est la joie de retour au camp !
Autre coup fumant : un chèque au porteur de 1, 35 million de francs est saisi sur un Allemand : les Résistants réussissent à toucher ce chèque !
L'assurance et la sûreté de soi
À partir de la mi-juillet 1944, le Bataillon prend conscience de sa force : « les Allemands n'osent plus l'affronter ».
Le Commandement allemand lance en juillet 1944 une opération destinée à détruire les maquis de la région de Panjas, qu'il évalue à 2 000 hommes, mais la formation chargée de cette mission , « le groupement Hax, va parcourir la zone depuis Panjas, Maupas et Estang jusqu'à Cazaubon, mais sans trop chercher le contact ».
Le groupement Hax poursuit sa progression vers Gabarret et jusqu'à Sos (Lot-et-Garonne) « et là, il osera attaquer les Néracais (…) les combats seront très durs ».
Le Bataillon est conscient de sa force et ne se cache plus ; (...) il multiplie prises d'armes et rendez-vous ». Des chefs de la Résistance viennent « consulter » au Bataillon.
Le général Jacques Lasserre en 2019
En manière de conclusion
« La détermination, le calme, la sérénité de tous les acteurs est la marque du Bataillon ; l'autorité naturelle, charismatique, qui émane de Parisot, nous éloigne de tous les matamores qui seront de plus en plus bruyants à mesure que le danger s'éloigne ».
« C'étaient toutes et tous des personnes de caractère, le caractère - la vertu des temps difficiles - comme l'écrivait qui vous savez » [le général de Gaulle, bien sûr !].
Remarque importante
Ce petit compte rendu ne donne qu'une faible idée de la conférence du général Lasserre. On ne saurait trop conseiller la lecture de son ouvrage Le Bataillon de l'Armagnac (Privat).
(1) Exposition à la bibliothèque municipale de Panjas du 25 mai au 9 juin, ouverture au public tous les jours de 15 heures à 18 heures sauf le dimanche :
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du 10 au 19 juin, l'exposition est ouverte de 15 heures à 18 heures mercredi et samedi,
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jeudi 6 juin à 20 h 30 conférence du Général Jacques Lasserre sur le Bataillon de l'Armagnac – Place Parisot,
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jeudi 6 juin à 22 heures projection du documentaire de Jean Luc Tovar « Une histoire du Bataillon par celles et ceux qui l’ont vécue »,
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vendredi 7 juin à 9 h 30- cérémonie mémorielle à partir de la place Parisot puis au Mémorial,
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12 h 15 vin d'honneur suivi d'un repas fraternel.
(2) Véronique Moreau (sous-préfète du Gers), David Taupiac (député), Franck Montaugé (sénateur), Philippe Dupouy (président du Conseil départemental du Gers), Vincent Gouanelle (président de la Communauté de communes du Bas-Armagnac et Conseiller départemantal), Isabelle Tintané (Conseillère départementale), Philippe Beyries (président de la Communauté de communes du Grand Armagnac), la présidente du Réseau Hilaire Buckmaster de l’Association nationale des Anciens Combattants et les maires des communes voisines.
N.B. - Sur la photo du haut de page, le Mémorial du Bataillon de l'Armagnac.