Les belles cylindrées de Maignaut-Tauzia

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Après un détour ornithologique, retour aux voitures de collection pour Pierre Forêt qui revient pour Le Journal du Gers sur le lundi de Pentecôte à Maignaut-Tauzia.

Le micro-climat des hauts plateaux de Maignaut a encore joué en faveur des grandes dames de l’automobile lundi de Pentecôte.

Pas une goutte de pluie sur l’ancienne Seigneurie, pour la plus grande joie de Jean-Pierre Biffi, président de 4 L Passion et initiateur de l’exposition .

Malgré une météo incertaine et quelques annulations de dernière minute, près d’une centaine de fans de mythiques cylindrées s’étaient rassemblés sur l’éperon rocheux entre ventrèche, accordéon et bibelots.

Des stars internationales ont franchi le perron du village dans un défilé de couleurs claquantes.

Maignaut made in USA : la Chevrolet Corvette C2

Un cabriolet de 1966. V8. 300 CV . Pour un budget modeste de 80.000 euros

Entre carrosseries arc-en-ciel et jambon de porc noir, j’ai soudain le privilège de croiser » l’albatros » d’Albert Ross, un tacot anglais de 1924 dont il ne reste plus que deux modèles au monde, un dans le Gers et l’autre qui dort dans le Musée des Transports du Royaume-Uni à Coventry dans l’ouest de Londres.

Un albatros pour deux : Patricia et Frédéric Saccavini et leur légende 

Frédéric m’explique qu’il s’était déplacé à Toulouse avec l’intention d’acheter une vieille moto dans une vente aux enchères . « Autour de moi les gens scrutaient des voitures de sport. Il y avait foule et puis soudain ce tacot, j’ai eu le coup de foudre et oublié la moto.  Pour 8000 euros ! Une affaire, " me confie-t-il .

 Un tacot nommé désir 

S’il est vrai que seulement 12 modèles ont été construits au début du XIX ème siècle, cette cylindrée de 1550 cm3 a tout pour plaire surtout dans les vallons gersois : une consommation de 5 L au 100 en campagne pour une vitesse de croisière de 70km/h . Parfait pour nos chemins ruraux .

La marque d’un géant des mers 

Avec son moteur «  Coventry climax 4 cylindres «  cette pièce rare possède une "french touch" : la magnéto, une génératrice qui transforme la rotation du moteur en énergie électrique grâce à un aimant dans lequel tourne une bobine.

Merci à l’ingénieur français Fernand Forest ( presque un de mes ancêtres ) qui fut l’un des précurseurs du moteur à explosion et un grand spécialiste de la propulsion.

 Gros plan sur la "magnéto"  et sa capsule marron 

Puis entre le pigeonnier et le château, je croise Alain et son inséparable Traction BL de 1953, une ancienne épave entièrement restaurée de ses propres mains. Deux ans de travail sans congés. Seules la peinture et la sellerie ont été exécutées par des artisans déclarés.

 L’amour du travail bien fait : "Alain Delzers et son chef-d’œuvre" 

Alain m’indique qu’il a sauvé de l’enfer son bijou pour un coût de 5 millions de francs ( plus de 6000 euros ) le tout uniquement en pièces mécaniques.

"Le plus dur c’est de trouver de la tôlerie sinon les pièces sont parfois de nouveau fabriquées"

Alain roule parfois plus de 300 km dans sa 65 CV, «  le plaisir de conduire et l’ambiance conviviale avec les copains. On n'est pas jaloux les uns les autres"

Sa Traction est toujours restée fidèle au 32. Emu, il me confie que le jour où il devra s’en séparer il aimerait bien qu’elle reste dans le coin  "pour lui rendre visite de temps en temps"

Le temps d’avaler un café sous le tympan de la chapelle, je tombe sur une autre légende, une  « Balilla «  de 1936. Cette «  Roadster «  ( décapotable à 2 places ) est sortie des usines de Nanterre deux ans plus tôt sous la marque Fiat avant de s’allier à Simca en 36 ( déjà à l’époque il fallait bien échapper aux taxes d’importation ! )

 Il en est sorti une quinzaine en France. Encore une rareté. Son propriétaire Loïc en est bien conscient. "Quand je l’ai trouvée, elle n’avait pas roulé depuis vingt-ans .Maintenant je conduis avec plusieurs fois par semaine. »

 Loic et sa bien-aimée Ballila

Grâce à son châssis en composite, elle ne pèse que 700 kg. "J’aime sa légèreté. Elle répond si bien dans les vallons. Et surtout elle freine très bien contrairement aux autos des années 30."

J’ose lui demander si sa légende possède un servo-frein. La réponse de Loïc est cinglante : "Non elle n’a pas d’assistance. C’est le mollet. J’veux dire…le mollet-frein."

 Les plaisirs d’une "Roadster" : la Balilla 1936  

Toujours entre pièces de rires, il m’indique qu’il roule 2000 km par an avec sa Balilla et qu’il fait partie d’un club de vieilles cylindrées à Pauilhac toujours dans le Gers.

Il participe aussi à la "classic festival" de Nogaro et s’expatrie également dans le Nord à Rambouillet ou les châteaux de la Loire. Toujours en décapotable.

Une décapotable estimée de nos jours à 30.000 euros.

Juste avant d’aller savourer le sauté de veau prévu au repas, je croise Christophe  et sa Ford Mustang de 1971. Encore un modèle plutôt rare avec son énorme capot et son "coupé"  à l’arrière. Un modèle "Mach 1"  équipé d’un moteur Cleveland. V8 ( 8 cylindres ) 5.7 L !

  Nostalgie des sixties. Christophe avec son Mustang 

Dans un garage depuis près de trente ans, elle a été restaurée en 2019, son copain Patrice ayant placé des freins à disque pour remplacer un système de freinage à 4 tambours.

 "Restaurer une américaine coûte moins cher qu’une vieille cylindrée made in France"  

 Il fait ses "courses" sur le site US "Sylver performance" pour acheter des pièces : "On y trouve de tout. Du bouton chromé sur les portières  jusqu’aux moquettes en passant par les allumeurs."

  Avec une double sortie d’échappement et une propulsion arrière elle est puissante au "décollage" : un clin d’œil au film "Fast and Furious" sans doute.

 Son rêve ultime ?...S’échapper de nouveau aux USA pour conduire son Mustang sur la mythique Route 66. Good luck Christophe !

Texte et photo : Pierre Forêt 

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