Pie-grièche : l’indice-qualité pour une biodiversité "made in Gers"

pie grièche avec insecte plus lumineuse.JPG

Pierre Forêt a délaissé les  2 CV et autres 4L pour revenir à ses premières amours, l'ornithologie !

Il nous parle aujourd'hui de la pie-grièche.

"Nul doute que "l’oiseau-boucher"  est de retour. C’est la réputation de cette pie là  car certaines font des provisions de proies en les empalant sur des épines ou barbelés , aussi nommés les "lardons" .

J’aime ce printemps hivernal pour compter les premiers migrateurs d’Afrique tropicale.

Quelle ne fut pas ma surprise d’observer un campagnol empalé sur les épines d’un aubépinier au bas de l’éperon rocheux de Bezolles, une ancienne Seigneurie  du Fezensac.

"Un indice ? " me dis-je. Le cri d’alarme claquant d’une pie-grièche  mâle me donna raison en longeant la haie en direction du lac communal.

 Le port bien droit, bien en vue à la cime d’un prunelier sauvage, elle me défie avec sa calotte argentée, le  masque noir, son ventre blanc-crème et un manteau chamois.

 A l’affût pour une prochaine proie

Elle claquète. C’est une grande inquiète. Je l’observe, lui parle. Elle me répond avec un calme gazouillis. Parfois elle me trouble car elle imite d’autres oiseaux .

La haie bocagère reste son habitat idéal pour nicher. Elle apprécie les arbustes épineux proches des milieux ouverts avec prairies et cultures afin de chasser insectes volants ou campagnols. Insectivore et carnivore, elle est donc une auxiliaire non négligeable pour les agriculteurs et céréaliers.

Le "gratte-cul" ou plus raisonnablement l’églantier : une rosacée sauvage et épineuse qui plaît à cette grièche là

La pie-grièche "écorcheur"   reste donc une espèce bio-indicatrice d’un  milieu naturel en bonne santé avec ces différents écosystèmes  ( haies, insectes, oiseaux et prairies ) qui s’harmonisent. Elle est aujourd’hui un oiseau ultra-protégé car en déclin de 50% depuis vingt-ans en Occitanie.

L’aubépinier : un écorcheur qui écorche bien ses proies 

Une migration en boucle 

Cette visiteuse d’été se pose dans nos vallons gersois  après un vol de 2500 kms depuis l’Afrique. Pas mal pour un oiseau de 17 cm !

Mais sa migration est unique parmi les "longs courriers"  plumés : arrivée chez nous en mai, elle repart normalement en septembre mais plus souvent à la fin du mois de juillet. Une courte période pendant laquelle la famille ne s’attarde pas après l’envol des jeunes.

Elle migre en direction de l’Afrique subsaharienne via les Balkans et l’Egypte mais revient en Europe de l’Ouest par la péninsule Arabique et la Turquie. Vol avec escale.

Puissent les ambitions de l’Etat d’augmenter un linéaire de 50.000 kms de haies d’ici 2030 se réaliser. Un dossier qui ne devrait pas être si épineux pour une noble Pie !

Texte et photos : Pierre FORET 

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