Revoici notre ornithologue attitré, Pierre Forêt, qui nous parle aujourd'hui de la crise du logement pour l'hirondelle !
Avec déjà le dérèglement climatique ajouté à l’absence d’insectes volants plus le changement de méthodes agricoles ( prairies naturelles quasi inexistantes ) voilà maintenant les nids d’hirondelles en grand danger.
La perte d’habitat est en forte progression pour les martinets noirs et l’hirondelle de fenêtre. En cause les travaux d’isolement des maisons et la destruction des bâtiments avec en conséquence des sites de nidification en nette régression.
Deux poussins sur un trampoline
Rénovation du bâti et biodiversité
Face à ce constat, la LPO ( Ligue française pour la protection des oiseaux ) lance un grand recensement des bâtiments accueillant particulièrement l’hirondelle de fenêtre et le martinet noir, deux espèces en fort déclin.
L’objectif est d’alerter les collectivités, premiers acteurs de l’aménagement des territoires.
Cette campagne débute ce mois-ci jusqu’en septembre, avec une attention particulière de juin à mi-juillet afin de faciliter le comptage des colonies de martinets, période de nourrissage des jeunes.
Un recensement qui se déroule sur l’ensemble du pays ( dès lors qu’il y a du bâti )
Ainsi les données collectées permettront de les cartographier à l’échelle d’une commune.
Duo sur canapé
Le déclin vertigineux des hirondelles
En vingt ans l’hirondelle de fenêtre est en chute libre de plus de 40% en Occitanie, près de 30 % en France.
Le martinet noir affiche une baisse de 50% dans le pays, plus de 40% dans la région.
Quant à l’hirondelle « standard « ou la « rustique « ( celle qui a la bavette couleur rouille ), elle est aussi en déclin mais avec "uniquement" 30 % de perte en Occitanie et sur l’ensemble du territoire.
Bref des espèces en déclin avec des listes rouges toujours plus rouges, comme l’ensemble des passereaux de nos campagnes. Même les granges disparaissent dans le Gers au profit des gîtes. L’étable ou la grange : deux gîtes pourtant prisés de la "rustique" !
Un torchis bien de chez nous
Il n’empêche. Coup de Sirocco ou pas, les vents chauds des plaines sahariennes ont offerts deux hirondelles le dernier week-end sur l’ancienne Seigneurie de Bezolles, un village du Fezensac d’à peine 300 âmes .
« Elles sont arrivées ! « a indiqué » avec enthousiasme la boulangère-paysanne Chloé Delaere laquelle assiste chaque année à des naissances "rustiques" au Regain. son fournil à pain bezollais.
Bezolles où Pierre Forêt a recensé l’été dernier ( et sans le coup de Sirocco ) une cinquantaine d’hirondelles rustiques mais pour uniquement six nids : 4 nichées pour l’hirondelle de fenêtre et 3 nids de martinets dans une cavité de la Tour Bernard II de Bezolles.
Un tourniquet à linge pour une pose au-dessus du "garde-manger" : une parcelle en friche
Il y a là une vraie crise du logement et Pierre encourage les particuliers à poser des nids artificiels d’hirondelle ( on en trouve dans certaines jardineries ).
En attendant, inscrivez-vous à https://www.faune-france.org/ afin de participer au recensement des bâtis pour hirondelle sur votre commune.
Vous y trouverez le mode à suivre.
Une scène rare : un repas à la "rustique"
Contre le moustique Tigre et les insectes ravageurs : une auxiliaire gratuite
Un insecticide si naturel
Photo-titre : Un bec prêt à manger 800 moustiques par jour
Texte et photos : Pierre FORET