Une belle chevelure argentée, l’œil vif (les lunettes , c’est pour les vieux) l’oreille encore fine, la démarche assurée, une mémoire sans failles, le verbe haut mais toujours empreint d’une certaine poésie , jamais en manque d’une plaisanterie, des anecdotes dans tous les domaines, c’est Jeannot Perdon. Au moins quatre fois par semaine vous le rencontrerez à Intermarché poussant son caddy , liste des courses en mains afin de ne rien oublier sinon son épouse va l’enguirlander et pas question de l’aider à ranger ses courses les plus lourdes dans sa voiture. Le vendredi, jour de marché il doit faire vite pour retrouver ses copains sur la place Carnot en parlant gascon évidemment ! .
Côté jardin où il se rend le plus souvent en vélo ( jusqu’à se le faire dérober ) et en bermuda quand il fait beau .Il admet avoir ralenti le rythme des cultures , juste quelques carottes, quelques oignons, quelques poireaux, quelques salades, quelques haricots, quelques….Sa vénérable 2 CV fourgonnette bleue a été jusqu’à peu, sa carte d’identité !
Avant d’aller plus loin , il faut savoir que Jeannot Perdon est né le 3 janvier 1924 à Pouyloubrin . Se plaisant à annoncer depuis des décennies, « vao creva lèo » ( je vais mourir bientôt) ,il doit reconnaître aujourd’hui qu’il pêche beaucoup dans le domaine des prédictions. Il en est certainement le premier heureux comme tous ceux qui l’approchent !
Installé depuis 1959 à Seissan , il a donc terminé allègrement un siècle d’existence et se présente maintenant comme le « Petit centenaire de Seissan ». Destiné dès l’enfance à l’agriculture, pourtant jeune adulte, il préféré un apprentissage en charpente, réalisant des toitures entières à une époque où les lourdes pièces de bois étaient essentiellement déplacées à la force humaine. Durant l’hiver, il a succédé à son père pour faire fonctionner l’alambic ambulant et son arrivée dans les villages était fort attendue pas seulement par ceux qui avaient du vin à distiller. Toujours bien accompagné, combien de nouvelles, vraies ou fausses, se sont échangées au pied de sa chaudière sensée réchauffer les corps tandis que l’eau de vie réchauffait les mémoires et stimulait les esprits. Toujours prêt à rendre service, son alambic installé à côté de l’école de Faget, attendant que le vin monte en chauffe, il aidait même la cantinière à saigner les poulets qui allaient être servis aux enfants. C’était vraiment une autre époque !
Un temps épicier, il proclamait haut et fort que « chez lui, le client était roi »… et c’était vrai !
Jeannot Perdon est à lui seul un livre d’histoire locale et de souvenirs que l’on ne voudrait jamais voir se refermer ! C’est toujours un régal de lui en faire commenter quelques pages. Quelques ex : une nuit rentrant d’un bal avec les copains et trouvant qu’un pré n’avait que quelques tas de foin alors que celui du voisin en était rempli, n’ont-ils pas effectué le déménagement d’une bonne cinquantaine de meules ? Combien de fois a-t-il rencontré les frères Bogdanov se chamaillant pour leur bicyclette ou leur mobylette lorsqu’ils venaient retrouver pendant les vacances leur mère, locataire au presbytère de Pouyloubrin. Nous tairons d’autres anecdotes plus pimentées mais toujours racontées sans vulgarité, plutôt avec une touche de poésie et… d’humour bien sûr , joignant le jeu de ses mains aux paroles … « Bo, bo….. » et on peut rester des heures à l’écouter sans se lasser.
Même s’il se dit un peu rouillé de l’intérieur car il ne boit plus que de l’eau, il est toujours jeune dans son esprit comme dans son corps, soutenu par son amour de la vie malgré ses aléas et aussi par ses deux filles , 3 petits-enfants (Aurélie,, Jérémy et Nadège) et 6 arrières-petits enfants ( Axelle, Léa, Romane , Batiste, Noé et Néva) qui ne vont pas manquer de fêter cet évènement extraordinaire comme il se doit , en plusieurs épisodes d’ailleurs , sans oublier son épouse, une jeunette de 97 printemps …
.Jeannot Perdon , peut-être un petit centenaire Seissannais mais surtout un grand Monsieur. !
Bon anniversaire et longue vie !