Retraités : piliers discrets du tissu associatif, en danger d’usure ?

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ENQUETTE volet 1 ( à suivre) ...

Depuis des décennies, dans les moindres recoins de France et de Navarre, les retraités œuvrent sans relâche au sein des associations locales. Leur engagement est devenu un élément essentiel du lien social. Qu’il s’agisse de tenir une permanence, de transmettre un savoir, d’organiser une exposition ou de monter un festival, leur présence est partout — discrète, mais fondatrice.

À l’heure où le bénévolat évolue et où les institutions culturelles sont confrontées à une baisse inquiétante de leurs subventions, une question se pose : que se passerait-il si ces bénévoles, souvent âgés mais toujours actifs, baissaient les bras ?

Les retraités bénévoles sont souvent les chevilles ouvrières de la vie associative. Moteur associatif silencieux, grâce à leur temps disponible, leur expérience et leur attachement au territoire, ils assurent une continuité que peu d’autres peuvent offrir. Dans certains villages, ils sont les derniers garants d’un certain vivre-ensemble, ceux qui font vivre les bibliothèques, les clubs de lecture, les festivals de village, les ateliers de tricot, les cours d’informatique ou encore les visites guidées du patrimoine local.

Leur implication va bien au-delà du simple coup de main. Ils sont aussi des relais humains entre les structures institutionnelles et les habitants, des médiateurs culturels improvisés, des animateurs de la vie quotidienne.

Mais jusqu’à quand seront-ils en capacité de maintenir cet équilibre fragile aujourd’hui menacé? La diminution des aides publiques, en particulier des subventions aux associations culturelles, met ces structures sous pression. Une baisse de financement signifie souvent moins de moyens pour accueillir les bénévoles dans de bonnes conditions : locaux non chauffés, absence de matériel, réductions des activités, surcharge administrative. À cela s’ajoute une forme de lassitude chez certains retraités. S’ils sont souvent généreux de leur temps, ils ne souhaitent pas être les seuls à porter le poids du fonctionnement d’associations parfois laissées à l’abandon par les pouvoirs publics. Plus inquiétant encore : certains envisagent d’arrêter. "On continue par passion, mais si on sent que tout repose sur nous et qu’il n’y a plus de soutien derrière, on finit par se décourager", confie une bénévole septuagénaire d’un petit théâtre associatif.

Le retrait de ces acteurs du quotidien aurait des conséquences lourde : un risque de désert culturel. Qui prendra leur relais ? Dans un contexte où l’engagement des jeunes se fait plus ponctuel ou numérique, le risque est réel de voir disparaître certaines associations locales, et avec elles, une part importante du lien social. Les zones rurales et les quartiers populaires seraient les premiers touchés, là où les structures culturelles jouent un rôle de cohésion essentiel. Il est temps de reconnaître pleinement la valeur du travail de ces bénévoles retraités. Cela passe par un soutien renforcé aux associations, par la revalorisation du rôle du bénévolat, et par la prise en compte des besoins spécifiques de ces "militants de l’ombre". Ils ne demandent pas grand-chose, mais ils tiennent beaucoup. Car sans eux, ce sont des pans entiers de notre vie collective qui risquent de s’effondrer dans le silence.

Enquête à suivre ( La pauvreté s'installe dans notre pays. Combien de retraités doivent reprendre la route du travail ?) ....   

Isabelle Gaignier

 

 

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