La France regrette fortement l'absence de consensus du G20 sur le climant en dépit de l'urgence à agir, mais salue l'unité et l'ambition affichées sur l'environnement.
Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a participé à la réunion conjointe des ministres de l’Environnement et du Climat du G20 organisée par la présidence indienne, le 28 juillet 2023 à Chennai (Inde).
Le G20 n’a pas pu parvenir à un consensus sur plusieurs éléments importants concernant la crise climatique, alors que ses membres représentent 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si le G20 a rappelé sa détermination à avancer sur les arrangements financiers dédiés aux pertes et préjudices, en accord avec la décision prise à la COP27, , l’objectif de pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2025, la réduction des émissions de méthane, la sortie des énergies fossiles, la nécessité d’accélérer la transition énergétique ou l’alignement des flux financiers sur une trajectoire bas carbone et résiliente aux changements climatiques n’ont pas pu faire l’objet de consensus..
La France regrette qu’il ait été impossible d’acter tout progrès significatif, ni de reconnaître l’importance des grands acquis scientifiques. Dans la perspective de la COP28, la France appelle la communauté internationale à retrouver « l’esprit de Paris » pour avancer dans la mise en œuvre de nos engagements climatiques.
En revanche, sur l’environnement, le G20 envoie un message clair d’unité et d’ambition face aux grands défis environnementaux actuels, contrairement à l’année dernière. Cet équilibre se traduit par une ambition élargie à de nombreux sujets environnementaux, tout en rappelant la nécessité de renforcer les moyens de mise en œuvre et la mobilisation des ressources, notamment pour aider les pays en développement et en protégeant les populations les plus vulnérables.
Pour la première fois, les ministres de l’environnement du G20 accordent une attention particulière aux forêts en s’engageant à renforcer leur action contre la déforestation, y compris pour fournir des solutions intégrées visant à soutenir la protection, la conversation et la restauration des forêts.
De même, le G20 s’engage de manière historique à répondre à la crise de la pollution dans son ensemble, notamment en prévenant la pollution chimique, et en affirmant sa détermination à mettre fin à la pollution plastique.
Le G20 souligne l’importance des accords obtenus sur le cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (GBF), en décembre 2022, et sur le traité « BBNJ » sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité en haute mer, en juin 2023, et sur leur mise en œuvre rapide, tant en matière d’ambition que de soutien financier ou d’échange d’expertise.
Il envoie également un message d’action ambitieux pour protéger l’océan, tout en promouvant le développement d’une économie bleue durable et résiliente, qui se traduit par l’adoption de principes de haut niveau sur ce sujet. Le G20 s’engage dans l'élaboration d'un cadre réglementaire clair, solide et efficace sur l'exploitation minière des fonds marins qui assure une protection efficace de l'environnement marin.
Dans la lignée de la Conférence des Nations unies pour l’eau de mars 2023, le G20 renforce son attention aux enjeux liés à l’eau, en les abordant en lien avec les enjeux en matière de climat, de biodiversité, de pollution, d’énergie et d’alimentation et en promouvant notamment les pratiques agricoles et d’utilisation des terres durables. Il reconnaît également l’importance de la gestion intégrée de l’eau par bassin versant, y compris en encourageant la coopération entre pays et le dialogue transfrontalier.
Le G20 promeut fortement l’économie circulaire et la transition vers des modes de vie durables, notamment pour réduire l’empreinte mondiale liée à la consommation. Il mentionne, pour la première fois, le découplage entre croissance économique, dégradation de l’environnement et consommation primaire des ressources. Il reconnait l’importance des filières à responsabilité élargie des producteurs (REP), toujours dans la perspective de traiter les problèmes autant en amont (en promouvant l’écoconception) qu'en aval (financement du traitement des déchets). Il reconnaît également la notion d’empreinte écologique et, dans le cadre de ses actions en faveur du développement de l’économie circulaire et de l’amélioration de l’efficacité des ressources, la nécessité de promouvoir des modes de vie durables.
Le G20 s’engage également à renforcer les mesures de prévention et de lutte contre la criminalité environnementale et met davantage l’accent sur la promotion et le respect des droits de l’homme.
La France, en portant des positions exigeantes tout en soutenant les efforts de la présidence indienne pour construire ce consensus tout au long des négociations, a contribué au relèvement de l’ambition de ce communiqué et à l’atteinte d’un équilibre respectueux des différences entre Etats.
Le G20 a une responsabilité particulière à l’égard de l’état de la planète et pour apporter des solutions : en plus de représenter 80 % du PIB mondial et les deux-tiers de la population mondiale, les membres du G20 concentrent les grands enjeux environnementaux (80 % des émissions de gaz à effet de serre, 75 % de la demande énergétique mondiale, plus de 50 % des terres et des zones économiques exclusives de la planète, huit pays mégadivers, huit des dix plus grandes aires forestières mondiales, 75 % des déchets générés dans le monde, dont 50 % des déchets plastiques mal gérés).
Sur le climat, nous allons garder de ce G20 un sentiment d’amertume. Il est déplorable qu’aucun consensus n’ait pu être trouvé sur les éléments essentiels pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre au moment même où la planète traverse son mois le plus chaud jamais enregistré et que les conséquences catastrophiques du réchauffement s'amplifient partout dans le monde. La COP28 sera cruciale pour relever l’ambition mondiale sur l’atténuation. En revanche, je salue la qualité et l’ambition des nouveaux engagements pris en matière environnementale, notamment sur la déforestation ou les pollutions qui démontrent que la diplomatie environnementale peut toujours donner lieu a des résultats malgré les tensions géopolitiques marquées.
Christophe Béchu