Réunion d'information sur le projet d'usine de méthanisation : l'autre visage de la méthanisation

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Le Collectif de Lamazère/l'Isle de Noé pour un avenir préservé et l' Association Abivia, bien vivre en Astarac et Fezensac ont organisé vendredi 3 février dans la salle des fêtes de l'Isle de Noé  une réunion d'information concernant un projet d'usine de méthanisation à Lamazère au coeur du futur Parc Naturel Régional ASTARAC.

                                       

La soirée a accueilli une centaine de personnes et était animée par Bianca du Collectif de Lamazère.

7 thèmes ont été abordés avant la table ronde.

Historique

L'historique de l'opposition à la méthanisation agro-industrielle, destinée à la revente présentée comme un modèle viable aux agriculteurs Gersois a  été présentée par Fabienne LASPORTES, présidente d'ABIVIA.

L’association ABIVIA* a vu le jour il y a 2 ans en réaction au projet de Montesquiou/Saint-Arailles qui se déplacerait sur Lamazère.

*ABIVIA Association Bien Vivre en Astarac et en Fezensac.

Un regard global sur la méthanisation 

Jean Pierre LE LAN, référent du Collectif CNVMch* Bretagne, professeur ENSAM en retraite (Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers), par vidéoconférence présente l’autre visage de la méthanisation en France : les procédés, les gaz produits, les aspects quantitatifs et qualitatifs, les répartitions géographiques et éléments de prospectives

* CNVMch Collectif National Vigilance Méthanisation canal historique

La vie de la terre 

Marie-Laure BARON et Olivier ARNAUDONmembres respectifs du collectif Lamazère et ABIVIA, décrédibilisent le rôle du digestat considéré comme matière « organique non dégradée et matière minérale » utilisé comme apport nutritif pour les plantes.

Ils parlent de sol vivant, de ce qu’est un écosystème naturel riche en humus et en biodiversité qui ne peut vivre sans des apports rapidement assimilables.

Seuls les CIPAN (Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates) et autres couverts végétaux avec retour à la terre sans transformation ont ce pouvoir de nutritif chargé d’azote et de carbone de qualité.

Les CIVEs (Cultures Intermédiaires à Vocation Energétique) n’ont pas cette aptitude, puisque leur carbone sera transformé en Gaz, seul un carbone de mauvaise qualité difficilement assimilable pour les plantes sera épandu.

Ils expliquent les effets néfastes de l’épandage des digestats dont celui de l’appauvrissement des sols, de l’augmentation des GES (Gaz à Effet de Serre), de la destruction des vers de terre et autres…

La sécurité industrielle

Eric EULA, membre du bureau du CNVMCh, ingénieur Automatisme et Informatique Industrielle et specialiste Qualité Logiciel Sureté de Fonctionnement.

Après un exposé sur les accidents des unités de méthanisation, il démontre les manques de réglementations (sécurité/maintenance) pour ces installations classées « ICPE » (Installation Classées Protection de l’Environnement) inférieures à 100T/Jour fonctionnant en autocontrôle avec un personnel partiellement formé. 

En effet toute la sécurité de fonctionnement repose sur la fiabilité constructeur du matériel, de l’automatisation informatique, de la maintenance externalisée par un prestataire de service dont l’intervention sur site dépend de son éloignement mais surtout du sens des responsabilités de son propriétaire.

Pour tout propriétaire de ces installations, c’est la découverte d’un domaine technique, nécessitant une connaissance parfaite des processus, un volet qualité et sécurité logicielle indispensable, sans oublier la prise en compte du risque sanitaire inhérent à la manipulation et dispersion de matières pathogènes : un point sensible dans le contexte actuel de la grippe aviaire.

L'aspect économique 

Jean Pierre LE LAN reprend la visio pour parler de l'économie de la méthanisation, des conséquences de la crise de l’énergie et des obligations réglementaires.

La méthanisation est-elle rentable ou pas ? Qui paye à qui? Les prix du gaz, le trading de déchets, etc.

Les territoires les plus impactés sont la Bretagne, les Hauts de France et l'Est.

Le Sud Ouest est encore assez épargné, mais preuve en est la réunion de ce soir, toutes les régions sont touchées. Et les ambitions du gouvernement sont grandes pour injecter le plus de "biogaz" dans les conduites déjà existantes et à venir.

Il évoque le climat et dénonce des contrevérités soutenues par les lobbys de l’énergie et plusieurs organismes institutionnels qui affirment notamment que les Gaz à effet de serre sont plus faibles avec la production de gaz par méthanisation.

Eaux et pollutions :

Pascal LEVIEUX des Amis de la Terres du Gers intervient sur la situation de l'eau sur le département et les divers documents d'urbanisme censés mettre en place des dispositions de gestion durable : Sage Neste et Rivières de Gascogne, qualité de l'Eau Potable, SCOT, SRADDET... Il a pointé la pollution des eaux qui menace tout le bassin

Les risques sanitaires :

Stéphane STRZELECKI apporte les dernières précisions sur les risques sanitaires encourus, dont la plupart ont été dénoncés par les autres intervenants.

Table ronde :

Les élus présents dans la salle ont été fortement sollicités par l’auditoire.

Un conseiller de St Arailles a pointé l’inadaptation de la voirie, dont les coûts de réparation seront à la charge des contribuables.

Le maire de Mirande, Patrick FANTON, et président de la Communauté des communes Coeur d’Astarac, s’est exprimé lui aussi et approuve le constat du manque de moyens de contrôle de l’Etat. Il est très attaché aux valeurs prônées dans le projet du Parc Naturel Régional Astarac (préservation de la biodiversité, des paysages...)

A noter, l’intervention de Jean Manuel Fullana, Vice Président des Amis de la Terre du Gers sur les projets d’énergie renouvelable, notamment le projet de parc agrivoltaisme à Berrac.

Une intervention du public aborde la multiplication des méthaniseurs avec la construction d’une conduite importante.

La réunion s’est achevée par un moment convivial autour du pot de l’amitié.

«La méthanisation agricole ne répond pas aux enjeux prioritaires de l’énergie, de l’environnement et de l’agriculture » Jean Pierre JOUANY, Directeur de recherche honoraire INRAE, vice-président de l’association GREFFE*, membre du CSNM**.

*GREFFE :Groupe scientifique de réflexion et d'information pour un développement durable

** CSNM : Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnable

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