En décembre dernier, nous avions croisé la route de Cécile Bouisset qui venait d’ouvrir à Vic-Fezensac son entreprise, la bien-nommée, l’ « Atelier Les Frappantes » spécialisée dans la coutellerie avec le projet d'élargir son champs d'action à la taillanderie, c'est-à-dire la fabrication d'outils taillants variés, notamment pour le travail du bois ou de la terre.
Installée à Vic-Fezensac pour son atelier de coutelière, pour la partie forge, elle partageait à l'époque à Lavardens l’atelier de Sébastien Mathieu.
Elle nous avait dit chercher un atelier dans le secteur de Vic-Fezensac qui lui permettrait de regrouper ses activités de forge, de coutellerie et de taillanderie.
C'est chose faite, elle a pu acquérir un garage de 100 m2 accolé à son jardin... mais il est terriblement vide !
Afin de l'équiper, elle a lancé un financement participatif.
Cécile nous parle de la cagnotte :
" J'ai lancé cet été un financement participatif pour pouvoir faire exister ce projet, via la plateforme Kisskissbankbank.
Le principe est simple : si vous voulez me donner un coup de pouce, vous pouvez contribuer soit en réservant des contreparties que je vous propose (il y en a pour tous les montants et tous les goûts : des chèques cadeaux, des hachoirs, des stages...), soit en don libre.
Pour certaines contreparties, j'ai choisi de collaborer avec les artisanes et artisans locaux, notamment Ben des Bois, le Porc noir de Noémie, la brasserie du Goutté...
Toutes les informations sont sur cette page :
A savoir que cela fonctionne sur le principe du "tout ou rien" : si l'objectif financier n'est pas atteint dans les temps, l'ensemble de la collecte est annulé, vous avez jusqu'au 30 juillet pour participer.
Quel que soit votre soutien, même si ce n'est "que" du bouche-à-oreille, ne le sous estimez pas !
La réussite de ce type de collecte est basée sur la communication.
Que ce soit pour accueillir au mieux les stagiaires, ou pouvoir m'équiper de matériel professionnel pour développer la taillanderie, cette cagnotte m'aidera énormément.
En effet, quand j'ai lancé mon entreprise, j'étais en "colocation d'atelier" chez Sébastien Mathieu à Lavardens.
Puis j'ai eu la chance de pouvoir acquérir un garage de 100m² à Vic Fezensac, accolé à mon jardin.
Le lieu dispose donc d'un chouette espace extérieur, il est grand, propre, pratique... mais terriblement vide !
Cet achat, et mes formations professionnelles, ont bien diminué mes économies.
Mes amis et ma famille ont largement participé aux premiers frais d'installation : les quelques éléments indispensables (à titre d'exemple : l'enclume !), l'installation du compteur électrique...
Je mène cette campagne de collecte pour un dernier coup de pouce avant d'avoir l'outil de travail idéal !
Cette cagnotte me permettra de pouvoir financer :
1) Une petite presse hydraulique adaptée aux travaux de forge. C'est un investissement essentiel à mon objectif de taillanderie, qui me permettra de produire des outils avec suffisamment de rapidité pour être rentable.
2) Les contreparties
3) La commission KisskissBankBank de 8%
3) Des matériaux pour aménager l'atelier et fabriquer une forge à charbon sur mesure. "
En savoir plus sur Cécile :
Son parcours :
"J'ai lancé mon entreprise, l'Atelier Les Frappantes, en décembre 2021 : un atelier de forge a vu le jour dans les jolis vallons du Gers !
Je me spécialise dans la fabrication de couteaux (coutellerie) et bientôt d'outils forgés (taillanderie) : mon projet est de faire vivre une forge rurale contemporaine, au service de tous particuliers et professionnels à la recherche d'outils artisanaux de qualité.
Je viens d'un milieu rural et d'une famille ayant toujours travaillé la terre, et je porte en moi l'amour des matériaux et des outils qui les transforment.
Suite à ma première expérience professionnelle dans la production de spectacle vivant, je décide de me reconvertir dans l'artisanat en 2019.
Ma rencontre fortuite avec mon premier formateur Sébastien Mathieu, un forgeron coutelier qui m’ouvre son atelier, a marqué le début de mon chemin vers la forge.
Je passe ensuite un CAP en coutellerie industrielle (le CAP ICC de Barbezieux) où j'apprends la fabrication de couteaux pliants auprès de professionnels aguerris. Lors de mes stages de pratique, je croise la route de taillandier.e.s, artisan.e.s passionné.e.s dont l’état d’esprit axé sur le partage et la bienveillance, tourné vers demain, m’a fait immédiatement me sentir à ma place.
Elles et ils m'accordent leur confiance, me soutiennent et acceptent de me former : je tiens derrière mon enclume grâce à toutes ces belles personnes !"
Son travail :
"Pour le moment, mon travail est axé sur la coutellerie : je fabrique des couteaux pliants que j'ai dessinés, conçus et assemblés.
J'ai appris, à partir d'aciers et de bois récupérés sur place (autant que possible) ou produits au plus près, à fabriquer des couteaux utilitaires ou de cuisine.
Je propose également des stages de pratique, pour apprendre à forger ou assembler son propre couteau, et un service de rénovation d'outils : pourquoi jeter quand on peut réutiliser ?
Mais voilà, ce qui me fait le plus vibrer, c'est la taillanderie : la fabrication d'outils taillants variés, notamment pour le travail du bois ou de la terre.
On parle donc de fabriquer à la main des haches, des planes, des serpes, des houes... Vaste programme !
La transmission des savoirs, dans ce domaine, a beaucoup souffert de la standardisation et de l'industrialisation du 20eme siècle.
Pourtant, une génération de jeunes forgeron.ne.s au talent monstre, travaille dur, entre recherches d'archives et créations, à retrouver des techniques, ou les réinventer, et transmettre leurs compétences.
Je veux en être !
Je ne suis pas nostalgique d'un passé révolu, du genre "c'était mieux avant", et je ne cherche pas à faire du folklore.
Ce que je voudrais faire, c'est donner aux gens qui font de leurs mains, les outils de qualité dont ils ont besoin, qui sont aujourd'hui difficiles à trouver (formes standards inadaptées à leur pratique, matériaux peu durables ou compliqués à entretenir eux-mêmes, etc)."
Le contexte : soutenir Cécile, c'est donner de la légitimité à l'artisanat qu'elle défend
"Notre période voit venir un certain retour en grâce des activités manuelles, un rapport plus authentique à la terre et à la nature, une quête de sens qui dirige nos expériences. Les métiers artisanaux connaissent, en conséquence, un regain d'intérêt.
Malgré ça, le commerce globalisé et l'industrialisation massive sont bien en place, et ça reste un sacré défi que de vouloir vivre d'une activité artisanale exigeante et précise comme celle qui m'anime.
C'est aussi pour ça que j'ai besoin de vous : me soutenir, au-delà de l'aide financière, c'est me donner de la légitimité, me permettre d'avancer pour vous proposer le meilleur de ce que je peux donner.
On ne le dira jamais assez, on a tous tendance à l'oublier : l'artisanat prend du temps, parce que derrière chaque objet fait main il y a de longues heures de recherches, d'espoirs, d'échecs, d'optimisations.
Et si on regarde plus largement, l'artisanat c'est aussi un tissu économique et social local qui reste vivant, des personnes mieux équipées et formées à plus d'autonomie dans leur travail ou leur quotidien, un environnement moins maltraité.
Bref, c'est l'avenir.
Au passage, je voudrais tendre à sortir la forge de sa représentation de spectacle d'un autre âge, pour l'ancrer dans les problématiques bien actuelles auxquelles elle participe à répondre : inclusivité, recyclage, réemploi, réduction des déchets, consommation responsable, réappropriation des compétences.
Il est également important pour moi de visibiliser la place des femmes dans l'artisanat français : seul le travail fait l'artisan.e compétent.e, et ce travail est accessible à toutes et tous.
Un atelier comme un grand terrain de jeu :
Je rêve mon atelier comme un grand terrain de jeu, pour pallier l'isolement, grande tentation chez les artisan.e.s, et pour ne pas s'enfermer dans une pratique solitaire et compétitive.
Quand on aime ce qu'on fait, quelle chance de pouvoir le partager avec celles et ceux que ça intéresse !
Dans l'atelier que vous m'aidez à équiper, j'accueillerai autant que possible stagiaires, curieuses et curieux, évènements...
Apprendre les uns des autres, s'entraider, faire ensemble, ça aide à oublier les difficultés de ce métier exigeant qui nous met si souvent face à l'échec.
C'est tellement grisant d'être à plusieurs autour d'une enclume et de retrouver son âme d'enfant.
Alors, vous venez ?
Pour aider Cécile à réaliser son rêve :
Et si voulez rencontrer Cécile et avoir un aperçu de son travail, elle sera présente sur les deux marchés du terroir qui auront lieu au Jardin des Cordeliers dimanche 24 juillet et dimanche 7 août.