Un tiers de l’humanité vivrait encore aujourd’hui dans des habitats de terre, ce matériau utilisé depuis dix mille ans. L’Astarac et le Magnoac voisin sont riches de ce savoir-faire constructif qui prend là diverses formes, avec les colombages (torchis), le pisé et les adobes (parpaings de terre, avec leur curieuse variante : les murs en damier).
Mais l’existant mérite d’être protégé, entretenu et valorisé et c’est pourquoi des actions de sensibilisation sont régulièrement conduites par les Conseils d’architecture, urbanisme et environnement (CAUE), structures reconnues d’intérêt public dépendant des Conseils départementaux, ayant pour vocation la promotion de la qualité architecturale, urbaine, paysagère et environnementale à l’échelle du département.
Le CAUE des Hautes-Pyrénées a ainsi proposé, du 10 au 20 mai dernier, dans la salle des fêtes de Castelnau-Magnoac une série d’actions de sensibilisation sur la réhabilitation et la construction de bâtiments en terre. L’évènement, baptisé « Architecture en terre crue », a présenté des animations scolaires, des séances de conseils aux particuliers, des échanges avec des professionnels, des conseils sur la rénovation énergétique de l’habitat, les matériaux géo-sourcés, la couleur et les enduits des façades et même des conseils juridiques et fiscaux liés à l’habitat.
Dans ce cadre, Henri Calhiol (responsable pour le secteur de Mirande de la Société archéologique et historique du Gers) a donné le 14 mai une conférence sur les murs en damier, cette technique endémique inconnue ailleurs que dans la micro-région Astarac et Magnoac. Ce fut l’occasion pour Vincent Dedieu (directeur du CAUE 65) et pour Michel Tharan (délégué départemental 32 et 65 de Maisons paysannes de France) d’apporter des réponses techniques aux questions pointues d’un public de passionnés parmi lesquels des propriétaires de maisons de terre avides de recommandations.
Le 17 mai, le CAUE du Gers recevait le public à Belloc-Saint Clamens (Gers) pour la visite commentée d’un chantier-école visant à faire acquérir à des stagiaires une formation pratique et qualifiante (CAP d’ouvrier professionnel en restauration de patrimoine), avec la réhabilitation d’une vieille maison du village, achetée par la commune, combinant pisé, torchis, adobe, enduit de terre. Car il ne suffit pas de vouloir restaurer un bien construit en terre crue : encore faut-il pouvoir s’adresser à des ouvriers qualifiés.
On l’aura compris : le bâti en terre crue est un patrimoine du passé, un existant actuel et une possibilité d’avenir.