Ce dimanche Aignan ouvrira la saison de la tauromachie dans le Gers avec une corrida.
On pouvait craindre après deux ans sans spectacle taurin qu’Aignan disparaisse de la liste des plazas gersoises.
Il n’en est rien, l’aficion est là.
C’est une aficion solide et ancienne que celle de Aignan y Toros créé en 1993 mais il y avait déjà des spectacles taurins à Aignan en 1903 !
Les arènes portent aujourd’hui le nom de Ladoues, un ganadero dont les vaches paissaient sur les coteaux d’Aignan.
Des aficionados passionnés se lancèrent au début dans l'organisation d'une novillada qui fut un échec financier.
Qu'à cela ne tienne, le club taurin décida d'organiser une corrida dont on se souviendra non pour sa qualité mais pour les efforts mis en oeuvre par le club pour l'organiser.
Je me souviens que les membres du club étaient partis chercher des toros dans le bordelais chez un éleveur dont les bêtes n'étaient pas de très belle présentation sauf une...mais il s'agissait du semental !
Les toros que le ganadero avait envoyés à Aignan n’avaient pas de caste taurine.
Puis Aignan y Toros relança des novilladas qui étaient fort belles avec toujours le toro au centre des débats.
Ensuite, la corrida revint et on savait que chaque année à Aignan, on retrouverait de vrais toros de combat.
Le spectacle n’était pas toujours excellent car pour affronter de vrais toros de combat, on ne trouvait pas toujours les toreros aptes au combat.
Mais les Pâques taurines d’Aignan devinrent un rendez-vous incontournable.
Le beau temps n’était pas toujours au rendez-vous.
Une anecdote me revient : il y avait eu un matin un spectacle avec une rejoneadora du Sud-Est qui avait eu bien du mal sous la pluie à maîtriser le toro.
Il pleuvait des hallebardes, le spectacle est interrompu et je pars m’abriter à l’abri d’un van.
Arrive une dame qui cherche aussi à s'abriter de la pluie. J’engage la conversation à propos de ce que je viens de voir : « Quand on ne sait pas monter à cheval ni manier un toro, mieux vaut faire du tricot! "
- Je vous remercie monsieur, me dit-elle, c’était moi qui étais sur le cheval ! ». Je ne l'avais pas reconnue...
Cette année, le beau temps devrait être au rendez-vous.
Les toros de la corrida sont des Pagès Mailhan, un élevage du Sud-Est qui propose des toros brillants qui permettent aux toreros de s'exprimer tout en conservant leur caste.
L’affiche réalisée par Yves Dufour augure peut-être de grands tercios de piques : elle met en effet à l'honneur - ce qui est rare - le picador sur son cheval.
Le chef de lidia sera Javier Castaño, un torero qui a du métier - il a passé la quarantaine - un torero qui a toute sa vie toréé des toros difficiles.
On l’a souvent vu dans des plazas qui accueillent de vrais toros à Vic, en Espagne
On retrouvera avec plaisir Thomas Dufau, le landais, un torero qui a beaucoup de classe et qui a déjà coupé 3 oreilles à Aignan.
Le troisième torero de la quadrilla sera David Galvan, un torero qui dans le temps brillait et se trouvait au milieu de l’escalafon, un torero qui n’hésite pas à se mettre devant des toros compliqués.
La journée s'ouvrira par une novillada non piquée avec du bétail de Jean-Louis Darré pour la jeune torera Miriam Cabas et le béarnais Juanito.
Pierre DUPOUY
Photo-titre de Arnaud Imatte : toro de Pages Malhan