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Le décrochage scolaire inquiète les instances de l'Éducation nationale. Pour le combattre, le rectorat de Toulouse a mis sur pied un projet baptisé Fonds social européen Persévérance scolaire et cofinancé par la Région et par l'Europe, destiné à être appliqué dans 31 lycées des 8 départements d'Occitanie (et maintenant dans 7 collèges). Dans le Gers, 4 lycées sont concernés : le lycée du Garros et le lycée Pardaillan à Auch, le lycée Bossuet à Condom et le lycée d'Artagnan de Nogaro.
Comprendre la jeunesse actuelle
À Nogaro, ce projet a démarré il y a 5 ans. Depuis un an c'est Jean-François Bergan qui en est chargé. Le Journal du Gers rencontre celui-ci le 25 mars au lycée..
Son constat est sans appel : la plupart du temps, les adultes ne comprennent pas la jeunesse actuelle. « Ash », une lycéenne de 2e qui travaille au journal interactif lancé par Jean-François Bergan ne nous dit pas autre chose : les jeunes d'aujourd'hui sont anxieux, parce qu'ils n'ont pas les moyens de distinguer quelles décisions valables prendre pour leur avenir. L'avalanche d'informations contradictoires qui leur arrive sans cesse par tous les médias et peut-être surtout par les médias sociaux les trouble. Ils n'ont même pas pu, à cause du covid, bénéficier de stages en entreprise, pour se faire une idée personnelle. Alors, à quoi bon apprendre ?
Ils sentent le besoin profond d'être accompagnés dans leurs décisions par des adultes qui les comprennent.
Surtout que, l'anxiété née du déluge d'informations difficiles à trier mène au découragement et peut-être au décrochage.
Le bonheur, c'est la clé du succès
À l'opposé, selon Jean-François Bergan, pour apprendre et décider dans de bonnes conditions, il faut être heureux de le faire. Voici un exemple des exercices qu'il demande à des décrocheurs potentiels.
La semaine du bonheur a lieu du 21 au 25 mars 2022. Il est demandé aux élèves de participer à un rallye d'écriture en composant un texte libre où soient décrites au moins trois valeurs positives prises dans la liste suivante : sagesse, courage, humanisme, justice, modération et transcendance. Chacune de ces vertus peut être déclinée en forces de caractères, comme par exemple, la modération (pardon, humilité, prudence et maîtrise de soi). Chaque jour, le lycéen note quelle force il a employé et il fait le bilan à la fin de la semaine.
Au cours de cette semaine du bonheur, un programme varié – qui ne remplace pas les cours ! - est proposé : initiation au yoga, discussions sur les forces de caractère, découverte des percussions musicales, c'est-à-dire des activités qui rendent heureux.
En dehors de cette semaine spéciale, qui sera peut-être renouvelée, les lycéens peuvent assister à « des jeux de je » du comédien Pitto Campa (créateur de la Compagnie la Boîte à jouer), à un atelier de régulation des émotions (respiration, discussion).
Du côté des enseignants
Les enseignants, ainsi que les conseillers d'éducation et les assistantes sociales ne sont pas oubliés : car il leur faut s'efforcer de comprendre l'évolution de l'état d'esprit des jeunes.
Eux aussi ont droit à des ateliers de méditation, de sophrologie et de shiatsu. Ce dernier est connu pour ses effets de détente et de relaxation physique et psychique. Sans oublier le plus important : l'atelier Relations et empathie qui demande aux participants d'écouter l'autre, de reformuler les questions calmement et de s'entraîner à dialoguer avec les familles.
À noter qu'un Groupe de prévention du décrochage scolaire (GPDS) est constitué au lycée pour venir en aide aux décrocheurs. Il est composé du chef d'établissement, du professeur principal, du conseiller principal d'éducation, du psychologue de l'éducation nationale, du médecin scolaire et de l'assistante sociale.
Au lycée de Nogaro, Jean-François Bergan a créé un journal interactif pour les lycéens – D'Artagnan Mag - avec 4 lycéens (Ash, Matias, Joakim et J-F).
Conclusion
Les objectifs du projet :
-
Remobilisation des élèves en risque de rupture ou de décrochage ;
-
Diminution de l'absentéisme et des comportements perturbateurs et/ou d'évitement ;
-
Augmentation des taux de réussite aux examens.
Ces objectifs sont faciles à définir, mais demandent beaucoup, beaucoup d'empathie et beaucoup beaucoup de patience à leurs maîtres. Nous en souhaitons aussi beaucoup aux lycéens tentés par le décrochage, avec la volonté et l'enthousiasme. Ils ont la vie devant eux, il reste à ce qu'ils s'en convainquent.
N.B. - Sur la photo du haut de page: Jean-François Bergan à côté du panneau "Fonds social européen persévérance"
