Les Rencontres connaissent une expansion nouvelle grâce à la coopération de nombreuses librairies et médiathèques du Gers.
Les écrivains invités, sauf Ludovic Manchette, hors de vue à gauche
Les 16èmes Rencontres littéraires de Nogaro avaient lieu du 2 au 5 juin 2021. Les consignes sanitaires ont obligé les organisateurs à disperser les entretiens entre lycéens et écrivains. Ce qui a d’ailleurs été bénéfique pour la diffusion des romans sélectionnés, puisque les librairies de Marciac, Vic-en-Bigorre, Éauze, Fleurance et Lombez ont été des lieux privilégiés pour les rencontres. Sans oublier que, samedi 5 juin, à Panjas, Plaisance-du-Gers, Riscle et Pujaudran, des écrivains ont été reçus dans les médiathèques.
Lili Saint-Jean et Aaron Kindts
La journée du vendredi 4 juin
La matinée est occupée par des rencontres avec les écrivains - réservées aux lycéens - avant la remise du Prix Jeune mousquetaire du 1er roman, l’après-midi, au cinéma-théâtre de Nogaro, avec le public.
Le professeur Éric Busson, créateur des Rencontres
Romain Slocombe, président du jury lycéen, proclame vainqueurs Ludovic Manchette et Christian Niemiec, co-auteurs d’Alabama 1963 (Cherche Midi), qui retrace cette année charnière pour les droits des Afro-Américains. Et Christian Peyret, maire de Nogaro, leur remet le chèque du Prix au nom de la commune. En présence d’Aaron Kindts et de Lili Saint-Jean, qui assurent la présidence de la junior-association organisatrice des Rencontres (Un Livre dans la poche).
Romain Slocombe annonce le nom des 2 lauréats
Puis trois ateliers succèdent à la remise du prix. Le Journal du Gers participe à l’atelier « Le passé pour parler du présent », avec Romain Slocombe, Ludovic Manchette et Christian Niemiec
« Le passé pour parler du présent »
Modéré par Richard Tostain, libraire à Marciac, l’entretien sur ce thème intéresse les férus d’Histoire qui « s’étonnent » que certains veuillent réécrire les récits du passé avec les mots et la mentalité d’aujourd’hui.
Christian Niemiec souligne que, dans leur ouvrage, lui et Ludovic Manchette ont choqué certains lecteurs en employant des mots comme « nègre », courants à l’époque. Et pourtant ils avaient averti le lecteur qu’ils ne partageaient pas les opinions racistes exposées dans le livre, mais que la vérité historique imposait de rendre compte du vocabulaire et des idées tels qu’à l’époque dans le sud des États-Unis. Ils ont voulu décrire, tout en s’interdisant de porter un jugement.
Écrivains invités : Ludovic Manchette, Christian Niemiec et Vincent Lahouze
Provoquer une réaction chez le lecteur
Romain Slocombe renchérit : dans son 4ème roman des aventures imaginaires de l’inspecteur collaborateur et antisémite Léon Sadorsky, qui vient de sortir, il décrit la réalité des années 1930 et suivantes, en cherchant à soulever ce qu’il appelle le voile mis sur la collaboration des Français avec les Allemands par le général de Gaulle et le Parti communiste.
Écrivains invités : Romain Slocombe, président du jury, Laurent Petitmangin et Juliette Adam
Ces trois auteurs se sont servis des actualités et de la presse de l’époque. Que veulent-ils ? Provoquer une réaction chez le lecteur.
Pessimisme et optimisme
D’après Christian Niemiec, la police des États-Unis – dans un passé très récent - se désintéressait des crimes lorsque c’était des Afro-Américains qui en étaient victimes. De même, Romain Slocombe estime que la vague de dénonciations de l’Occupation se reproduirait aujourd’hui, dans une situation similaire. « La société s’était effondrée ».
Écrivains invités : Juliette Adam, François-Henri Soulié, Maylis Adhémar, Emmanuelle Favier et Caroline Laurent
Il ajoute une parole d’un pessimisme profond : « Il est inhérent à l’homme de ne pas aimer l’Autre ». Et Christian Niemiec : « On ne le constate pas de rejet de l’Autre chez les tout-petits, mais cela arrive très vite dès qu’ils ont quelques années ».
Romain Slocombe : « Et les moyens se mettent en place pour créer la société décrite dans 1984 par George Orwell ».
Écrivains invités : Maylis Adhémar, Emmanuelle Favier, Caroline Laurent et Marcia Burnier
Heureusement sans doute, Christian Niemiec se dit plus optimiste pour l’avenir : « Il y a toujours des gens qui disent : non ! »
En conclusion, Richard Tostain propose l’idée de créer un réseau social, « présentiel » de chair et d’os, pour éviter les tares des réseaux sociaux du web.
Par ailleurs, les trois auteurs expliquent qu’ils ont tous choisi un style relativement sec, pour présenter les faits avec le moins d’affectivité possible.
N.B. - Sur la photo du haut de page : Ludovic Manchette, Christian Peyret, Romain Slocombe et Christian Niemiec.