L’association « Les Amis d’Alain Faget (1) publie un livre d’entretiens de Claude Lagier avec Alain Faget, dont la vie est vraiment passionnante. Dans cet ouvrage, Claude Lagier se garde de tout commentaire et de toute appréciation. Mais c’est le rôle de notre journal d’apporter de la valeur ajoutée en prenant un peu de distance. Pour cela, nous nous sommes tourné vers des personnes qui connaissent bien Alain Faget. Elles sont unanimes : s’il a été « un syndicaliste pur et dur », c’est un homme affable, intelligent et connaissant beaucoup de choses, qui a le cœur sur la main, « partagerait facilement sa chemise » et a choisi de s’occuper des autres et de leurs affaires, plus que des siennes propres. Et qui, en cela, n’a pas eu de retour. « Passionné par la modernisation des activités agricoles », il a aussi connu des difficultés financières avec la mévente du vin pendant quelque temps.
Un homme opiniâtre et très diplomate
Quant à nous, après l’avoir suivi pendant son mandat de président de la Communauté du Bas-Armagnac (CCBA) et de maire de Saint-Martin-d’Armagnac, nous l’avons rencontré chez Claude Lagier le 23 février et nous avons lu la monographie qui lui est consacrée : notre impression est celle d’un homme travailleur, qui crée facilement des contacts avec les autres pour réaliser des projets et sait se faire des amis dans tous les milieux de l’administration et de la politique. Et sait y recourir. Et ne lâche pas facilement le morceau quand il s’occupe d’un dossier. Éric Artigole, son successeur comme maire de Saint-Martin-d’Armagnac, le voit ainsi : « Pour faire passer les messages [il] fonce tête baissée, quitte à donner des coups de coude pour forcer le passage » (2). Est-ce lié à sa pratique du rugby (joueur, puis président du club de Riscle) ?
Début de la vie publique
Alain Faget, né en 1943, entre très vite, après son service militaire, dans le syndicalisme agricole, tout en travaillant dans ses exploitations. Il gravit les échelons et se retrouve président du Centre cantonal des jeunes agriculteurs. En 1967, il entre à leur conseil départemental, dont il devient président en 1974 et il lance un service de remplacement pour les agriculteurs et une cagnotte alimentée par la vente des produits d’une exploitation de 25 ha louée et travaillée en commun. De 1974 à 1980, il est membre du Conseil économique et social au niveau régional, puis national. Retour à Saint-Martin en 1983 : il est élu adjoint au maire. Sa priorité : développer l’agriculture au profit des Saint-Martinois, grâce aux possibilités, qu’il avait découvertes, d’obtenir des subventions pour le drainage, l’irrigation et la restructuration des terres par échange amiable de parcelles.
En 1983, avec le maire Yves Portes, il contacte la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) et une Association syndicale autorisée (ASA) est créée pour l’hydraulique, dont Alain Faget est président. Le drainage commence en 1980 et la construction d’un premier lac 6 mois plus tard.
En 1989, élu maire, il réalise sa priorité : créer une école maternelle, puis un RPI (Regroupement pédagogique) avec Arblade-le-Haut, puis Saint-Griède.
Des responsabilités nationales
En 1992, le domaine cultivé d’Alain Faget atteint 150 ha, dont 50 de vigne. Il a trois enfants. Il est élu secrétaire général de la Fédération nationale des groupements de développements agricoles, ce qui le faisait aussi administrateur de la FNSEA (à Paris) et administrateur de l’Institut national de recherche agricole (INRA) : « à ce niveau-là, il n’y avait pas de bagarre, car les travaux étaient orientés vers la partie technico-économique ». Ces fonctions entraînent des déplacements fréquents à Paris.
En désaccord avec la FNSEA, il la quitte et rejoint la Coordination rurale, née dans le Gers en 1991 et opposée à la Politique agricole commune.
Retour dans l’Armagnac
« Tous ces travaux avaient fait de moi un personnage central dans la vie politique saint-martinoise », dit-il. En 1998, la Communauté de communes du Bas-Armagnac (CCBA) est créée et Alain Faget en est le premier président. Il y a quelques démêlés avec Jean-Pierre Pujol (3) et n’est pas réélu à la présidence de la CCBA en 2008 tandis que Jean-Pierre Pujol n’est pas élu sénateur.
Un regret
Très heureux de ses belles réalisations (notamment la maternelle, la réfection de l’église, la restructuration des terres, le drainage, la création de lacs, du réseau d’irrigation – très complexe – et de la salle omnisports) Alain Faget a un regret : son projet de Maison de la vigne et du vin qui devait être construite à l’emplacement de la tuilerie de Nogaro, n’est pas été soutenu par la municipalité de Nogaro, alors que les subventions sont accordées. La nouvelle direction de la CCBA ne reprend pas ce projet. Mais il va bientôt de faire...à Éauze.
Précisions
Après 2008, Alain Faget est devenu, avec beaucoup de plaisir, coprésident de l’office de tourisme de Nogaro, fonctions qu’il a quittées en décembre 2020. Actuellement, il travaille toujours, comme courtier en vin, depuis 1989.
Notons qu’en tant qu’exploitant agricole, Alain Faget et son père ont souffert de la crise de la vente du vin de 1970 à 1980. Alain s’est lancé dans la production de maïs de semences, puis dans celle de haricots et de fraises. Mais il a aussi installé un groupe de réflexion. D’abord sur l’avenir de la vigne et du vin, qui a débouché sur la création des Côtes de Gascogne (avec l’aide de Plaimont), en donnant la priorité au vin blanc, pour lequel il y avait un marché. Ensuite sur la naissance du Floc de Gascogne. Et, en 1978-1980, un plan de restructuration du vignoble gersois a été lancé - « à 200 à l’heure » - en profitant des aides de l’Europe pour un vignoble de qualité. Alain devient, en 1982, président de l’Union des association pour la restructuration du vignoble gersois (UARVG).
Pratique
On peut se procurer cette monographie (Alain Faget – Itinéraire d’un Gascon) au tabac-presse Le Mélusin, rue Nationale à Nogaro, au multi-commerce SNC Vival à Viella ou auprès de Claude Lagier (06 2759 40 69).
(1) Claude Lagier, Catherine Lagier, Franck Dufau et Lucien Lartigue. (2) Monographie p.132. (3) À l’époque : maire de Nogaro et conseiller général.
N.B. - La photo du haut de page montre Alain Faget en 1982 en train de déguster de l’armagnac dans une manifestation d’agriculteurs gersois à Paris – Photo tirée de « L’Exploitant agricole du Gers » n°481 du 26 mars 1982 (don de Michel Dando à Claude Lagier).