Malgré la fronde des petits commerces et les arrêtés illégaux pris par un certain nombre de maires, le premier ministre Jean Castex reste inflexible : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures annoncées. C’est beaucoup trop tôt. Au jour où nous parlons, la priorité, c’est la protection de la santé de nos concitoyens. » a-t-il déclaré dimanche soir au 20 h de TF1.
En revanche, à partir de mardi, les produits qui ne pourront pas être vendus dans les petits commerces ne le seront pas non plus dans les grandes surfaces.
Les commerçants vicois prennent acte de la décision du premier ministre mais ne s’avouent pas vaincus.
Reçus à leur demande samedi par Madame le Maire qui les a assurés de son soutien et a interpellé le gouvernement dans un courrier, - https://lejournaldugers.fr/article/45367-barbara-neto-maire-de-vic-fezensac-a-lecoute-des-commercants-vicois - , ils ont décidé de continuer à faire parler d’eux en créant le buzz par le biais d’une vidéo.
Malgré le contexte anxiogène et leur situation difficile, ils se sont retrouvés ce lundi dans une ambiance bon enfant et dans le strict respect du protocole sanitaire pour tourner un clip qui exprime sur le mode humoristique leur détresse.
Ils ont mis à profit le week-end pour réécrire la chanson de Mika « Elle me dit » en adaptant les paroles à leur situation.
Cette chansons sert de toile de fond à leur clip tourné au stade de rugby, aux arènes, au kiosque et rue Lafayette ( clin d’oeil appuyé au premier ministre Jean Castex qui a passé son enfance dans cette rue ) sous la caméra du studio Fauché.
Leur clip devrait être diffusé très largement dès jeudi sur les réseaux sociaux et pourquoi pas sur France 3 !
Echanges avec Emilie du salon de coiffure Mimi Design’Hair – à l’origine du mouvement des commerçants vicois – et avec Elodie de Horizon Coiffure.
Journal du Gers : En réalisant ce clip, quelles sont vos intentions ?
Emilie : Le but de la video est de se faire entendre différemment, puisque l’on sait que l’on a interdiction d’ouvrir nos commerces, et de montrer que l’on ne se laissera pas abattre ; on veut essayer de faire le buzz en disant que dans une petite ville de 3500 habitants, il y a des commerçants « non essentiels » qui se battront jusqu’au bout.
Les petits commerces, comme l’a dit Madame le Maire, sont le coeur de la ville.
Elodie : L’objectif n’est pas de faire changer la loi mais de faire parler de nous, de dire que « les gros » ne nous feront pas disparaître.
Emilie : On veut dire aussi à la population : " Consommez local et arrêtez de commander sur internet ! "
Nous ne réagissons pas contre les grandes surfaces locales qui sont indépendantes mais plutôt contre le GAFA, les quatre géants du web dont fait partie Amazon.
On demande aux gens d’attendre que l’on rouvre nos commerces, dans un mois si tout le monde se montre respectueux du confinement.
Elodie : En attendant, on va mettre en place de la vente en drive.
On doit vider nos stocks pour le bilan de fin d’année.
Emilie : Le drive, c’est tout ce qu’il nous reste puisque nous sommes tombés d’accord pour dire que nous ne nous mettrions pas hors la loi en ouvrant de manière illicite.
Nous ne ferons prendre de risques ni à nos clients ni à nous -mêmes.
Journal du Gers : A part ce clip tourné aujourd’hui, quelles autres actions allez-vous mettre en place ?
Emilie : Samedi, nous avons soumis à Madame le Maire l’idée d’une lettre au président et au premier ministre, ce qu’elle a aussitôt fait.
Il y a donc cette vidéo réalisée dans un esprit de convivialité et de solidarité et surtout dans un strict respect des règles sanitaires.
Vendredi, nous allons déambuler dans le marché avec autour du cou une pancarte "commerce en détresse" au nom de notre magasin et nous allons faire signer une pétition.
Elodie : Moralement, on a besoin d’aller au contact de la population et de se sentir soutenus.
Journal du Gers : Comment réagissez-vous aux propos de Jean Castex qui reste sur sa position de fermeture des petits commerces ?
Elodie : Nous savions qu’il n’y aurait pas de revirement.
Cela ne nous empêche pas de trouver sa position incohérente.
En effet, les clients prennent certainement moins de risques dans les petits commerces locaux que dans les grandes enseignes. En tant que coiffeuses, nous désinfectons tout entre chaque client, nous désinfectons les fauteuils, le matériel, les poignées de porte, la caisse…
Emilie : Quand le ministre décide de fermer les rayons non alimentaires dans les grandes surfaces, est-ce la solution ? Où vont acheter les gens ? Sur internet…
D’autre part, il donne la priorité à la santé mais est-ce que ce « demi-confinement » va permettre d’inverser la courbe des contaminations ? Certainement pas…
Les trois-quarts de la population travaillent. Finalement, seuls les petits commerces sont fermés !
Journal du Gers : Peut-on dire que cette situation a permis aux commerçants vicois de se rapprocher ?
Emilie : Oui, on peut le dire. En douze ans d’installation, je crois que c’est la première fois que je vois une telle solidarité entre nous.
Elodie : En fait, on est tous du même avis. Et l’ambiance entre nous est vraiment bonne.
Emilie : Même si on est tristes, comme dans nos magasins, on laisse nos problèmes à la porte !
Dès que la vidéo sera disponible, Le Journal du Gers la diffusera.