Il y a de cela quelques années, l’ancien conservateur Mr Penent, avait réalisé une exposition très didactique sur les granges de Flaran. Si on s’en tient à la définition du dictionnaire, on apprend que c’est un bâtiment clos dans lequel on stocke la paille, le foin et le matériel agricole, et qu’il se trouve généralement à proximité de la ferme. Il en était autrement de celles que possédaient, au Moyen-Âge, les moines cisterciens.
Grâce à leur rayonnement, les abbayes s’enrichirent rapidement de terres et de forêts, offertes par les seigneurs nobles ou bourgeois locaux en échange du salut de leur âme et du rachat de leurs pêchers. Ces donations parfois éloignées nécessitaient une organisation adaptée car les religieux ne pouvaient quitter leur monastère. Ils manifestèrent très tôt, en cette occasion, des talents de gestionnaires avisés.
Alors que les domaines seigneuriaux étaient constitués en général d’une grande réserve de terres riches, dépendant directement du maître, cultivées par des salariés ou un système de corvées et dans de multiples tenures détenus par les paysans qui exploitaient les terres et versaient des redevances diverses en contrepartie au seigneur, les cisterciens développèrent un autre modèle économique, de grandes exploitations en faire-valoir direct.
Ce sont les granges, unités domaniales de production dont on pourra découvrir une maquette réalisée par Joël Capot, celle de Beauvais. Installées à une journée de marche de l’abbaye, chacune était placée sous la responsabilité d’un frère de l’abbaye, appelé grangier, qui assurait la gestion du domaine aussi bien des terres et des hommes. Des frères convers, ni moines, ni laïcs, assuraient l’intégralité du travail qui était d’alimenter et faire vivre la communauté religieuse.
Le nombre de ces granges pouvaient varier de quelques-unes à plusieurs dizaines. Flaran disposait de celles de La Bourdette, Hilhet, Seiches, La Serre, Mian et de plusieurs métairies situées à Lagrange, Saint-Caprais, Polignac, Cassaigne, Gibra, Higaro, Camarade, Saint-Jean de Pardiac, Saint-Jean de Gimbelle, Saint-Orens, Lauzit, Trouillon, Couilléou.…
Si vous parcourez la campagne alentour, vous aurez l’occasion, peut-être de découvrir ces lieux sur une pancarte, ils vous rappelleront le rôle important que joua l’ordre cistercien dans l’humanisation des campagnes.
Claude Laffargue
