Francis Wolf, un philosophe dans l'arène

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Vendredi 14 février, dans la salle de cinéma de Vic-Fezensac, Francis Wolf avait répondu à l’invitation de l’association Esprit du Sud 32 pour présenter le film « Un philosophe dans l’arène ».

Les spectateurs, aficionados ou pas, étaient venus nombreux pour assister à la diffusion du film et assister au débat qui suivit.

Francis Wolf est professeur émérite au département de philosophie de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Spécialiste de philosophie antique, il est auteur d’un grand nombre d’ouvrages dont « La philosophie de la corrida », « Notre humanité », « Pourquoi la musique ? » « Il n’y a pas d’amour parfait »…

Francis Wolf est aussi un passionné de tauromachie et un aficionado averti qui défend cette pratique sans jamais s’en excuser.

Il est le personnage central du film « Un philosophe dans l’arène » réalisé par deux cinéastes mexicains, Aaron Fernandez et Julio Munoz.

En quelques mots, Francis Wolf raconte la genèse de ce projet.

Il y a cinq ans, il est contacté par un cinéaste mexicain qui lui explique chercher à défendre la diversité culturelle et, en particulier, une culture latine minoritaire contre l’envahissement anglo-saxon.

Il est tombé par hasard sur la tauromachie et il a envisagé ce thème comme un angle intéressant pour défendre les cultures minoritaires. En faisant des recherches sur le sujet, il tombe sur deux des ouvrages de Francis Wolf « Philosophie de la corrida » et « 50 raisons de défendre la corrida »

Francis Wolf accepte de le recevoir et l’écoute lui exposer son projet mais il n’y adhère pas immédiatement. En effet, tout son travail d’écriture était de transformer des images, des émotions en concept, alors pourquoi prendre ses mots et ses concepts pour en refaire des images.

Peu à peu le cinéaste parvient à le fléchir.

Francis Wolf ne comprend pas au départ que son idée n’était pas de faire un film pour défendre la corrida mais de faire un film qui prenait l’angle d’un philosophe qui aime la corrida, une passion qui lui paraissait un peu étrange, voire paradoxale. Il s’aperçoit alors qu’il va être le protagoniste principal du film.

Le film raconte finalement l’histoire du film.

Ce film est un road movie qui va traverser trois pays, la France, l’Espagne, le Mexique, une douzaine de villes taurines. On rencontre des artistes, des intellectuels, des aficionados, des anti taurins.

L’histoire du film qui se raconte dans le film lui-même, c’est à la fois l’histoire des deux cinéastes qui veulent comprendre la passion de Francis Wolf pour les toros et celle de Francis Wolf qui cherche à comprendre pourquoi sa passion semble condamnée par la modernité, par les supposés progrès de l’éthique.

Cette double quête qui s’inscrit dans un voyage en terres taurines n’est pas prioritairement destinée aux aficionados, mais elle peut intéresser toute personne qui s’interroge sur l’existence de la corrida dans le monde contemporain.

Le but n’est pas de faire du prosélytisme mais d’inviter à la réflexion.

Aficionado ou pas, on ne peut rester insensible aux images, à la musique, au rythme du film, à la richesse des témoignages et échanges.

Ce road-movie nous emmène de Paris vers la Camargue, Arles, Nîmes, Céret, puis l’Espagne avec Barcelone, Madrid, Séville et le Mexique. Dans ces différents lieux, on rencontre des intellectuels et artistes comme le prix Nobel Mario Vargas Llosa, le réalisateur Claude Lanzmann, le peintre Miguel Barcelo, l’acteur Denys Podalydès, des éleveurs de toros bravos,  tous amoureux de la corrida, mais on rencontre aussi des gens qui sont contre la corrida.

Et pourtant, point de disputes stériles entre taurins et anti-taurins dans ce film mais une volonté de comprendre et faire comprendre…

Et si la conclusion est plutôt pessimiste quant à l’avenir de la corrida, Francis Wolf aimerait que ceux qui la condamnent sans la connaître prennent conscience de tout ce qu’ils vont perdre, une race, un rapport aux animaux, un rapport au rituel, un rapport à la mort, une culture…

Veut-on vraiment vivre dans un tel monde ?

Ce film est à l’heure actuelle diffusé dans plusieurs pays d’Amérique latine, mais il ne bénéficie pas de diffusion publique en France.

Le public non aficionado qui était le public visé à la base, ne peut pas voir ce film et on peut le regretter...

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