Vigne, couverts végétaux et agroforesterie  

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L’agroécologie et les sols vivants au service de toutes les viticultures

Journée nationales Viticulture : la route de la fertilité, l'expression des terroirs et des territoires, le 3 août, à Marciac. [1]

Construire une viticulture performante et durable, optimiser la production de biomasse sur un territoire tout en protégeant les ressources naturelles, faire des économies à grande échelle et assurer la viabilité des fermes grâce au génie végétal : c’est transformer des contraintes en atouts pour répondre à l'ensemble des défis d’un territoire. Dans un contexte de changement climatique, de coût croissant des énergies, des intrants, des aménagements et des pollutions, il semble judicieux de redonner une place prépondérante à la gestion du végétal qui nous entoure. Ce végétal a des contributions transversales : eau, sol, biomasse, biodiversité, paysage… et se gère à différentes échelles de la parcelle à l'îlot, du bord des cours d'eau au bassin versant...Sa gestion permet de générer des nouvelles ressources profitant directement à l'agriculteur mais aussi à l'économie des territoires.

C’est avant tout, protéger les sols de l’érosion, des fuites des nitrates, des pollutions liées à l’utilisation abusive de produits phytosanitaires, etc. Le non labour, le semis direct et l’utilisation d’une couverture végétale permanente y compris avec des arbres et maximale des sols sont des réponses à ces problématiques.

La culture de la vigne est une des productions agricoles majeures pour la France. Le vin reste un produit de forte valeur ajoutée qui fait vivre un grand nombre de viticulteurs et qui est, dans certaines régions, le centre d’un dynamisme territorial notamment grâce à son influence sur le tourisme rural. L’avenir se joue sur la capacité à développer des productions qui prennent en compte, de manière explicite, moderne et ambitieuse, la dimension des paysages et de l’environnement. De plus, les viticulteurs font face à des difficultés agronomiques et climatiques et doivent lutter de plus en plus contre les pressions écologiques et économiques.

Premières victimes du divorce entre agriculture et environnement, l'arbre, les techniques agroforestières et les pratiques de couverture végétales des sols sont pourtant les premiers capables de les réassocier dans des systèmes de production mixtes, plus efficaces quantitativement, qualitativement et surtout beaucoup plus durables, s'inscrivant pleinement dans la nouvelle transition agroécologique et sociétale. À la fois symbole et agent incontournable d'une inévitable réconciliation entre économie et écologie, l'arbre est idéalement placé à l'interface d'un double enjeu : conjuguer productivité des agro systèmes et protection des ressources naturelles.

L'arbre "non forestier " est une des solutions les plus efficaces et polyvalentes, les plus réalistes et bon marché pour aménager les territoires et corriger les nombreuses atteintes dont ils sont les victimes. Et parce qu'il peut à lui seul, sans même bouger, intervenir positivement sur l'ensemble des cycles naturels, cycles dont notre existence dépend : eau, climat, carbone, biomasse, oxygène, énergie, biodiversité…

Nous savons dorénavant qu'il faut revisiter nos savoirs et nos pratiques agricoles pour une meilleure efficacité agronomique ; de gros progrès sont envisageables pour mieux capter l'énergie et maximiser la photosynthèse, pour mieux conserver les sols et transformer les substrats minéraux en sols vivants, exprimer les terroirs et dynamiser les territoires, pour ensemencer de la vie là où l'on souhaite produire de la vie : plantes et animaux. C'est ce que proposent des techniques culturales agroécologiques qui perturbent le moins possible le sol et les écosystèmes.

Nous pouvons dès aujourd'hui affirmer qu'il est possible de produire plus, mieux, et plus durablement, c'est-à-dire en améliorant les milieux dont on tire les ressources, au-delà de les équilibrer et bien sûr sans les épuiser. Ni productiviste ou "protectionniste", ni intensive, ou extensive, nous disposons de tous les éléments pour construire une agriculture résolument "optimiste", plus sérieusement, pour établir une agriculture qui puisse optimiser la capacité des milieux à fournir des productions végétales de qualité.

Les résultats sont très positifs : une parcelle agroforestière bien conçue, est plus productive que sa voisine, et l'arbre, loin de s'accaparer les ressources, les partage et les augmente. Un "intrant naturel" qui va mobiliser et diffuser in situ de l'eau, du carbone ou de la matière organique, de la biodiversité…, tout ce que le sol et tous types de productions réclament. À plus long terme les arbres constituent un patrimoine qui peut être valorisé selon les usages : fruits, bois d'œuvre, de chauffe, mais aussi du 'bois-paillage' ou du bois-fertilité (bois raméal fragmenté" ou BRF), issu de la taille d'entretien, qui est un améliorateur du sol hors pair.

Partout en France les viticulteurs sont présents en formation, dans les journées terrain, des groupes se créent et coopèrent autour de ces pratique pleines de bon sens pour une viticulture qui fait avec la nature et non plus en lutte.

Cette viticulture pertinente et performante voit rapidement le retour des insectes, abeilles, chauves souris, vers de terre…elle est aussi une assurance qualité, risques sanitaires et climatique et un gage de durabilité et donc de productivité et de réponse aux attentes de la société.

Après un tour de France de ces pratiques avec Ver de terre production et les Vignerons indépendants elle partenariat avec l'association française d'agroforesterie et Arbre et Paysage 32, nous nous arrêterons à Marciac cet été le 3 août pour nous retrouver autour d’un ver ou plusieurs pour amplifier ce mouvement de fond et toutes ces coopérations résolument tournées vers la fertilité.

Les meilleurs spécialistes seront présents pour amplifier ce mouvement : Sélosse, Schreiber, Canet, Covès, Ducerf, Bourdarias, Lassus, Husson, Agut, Loppion et tous les vignerons résolument engagés.

Une autre journée viticulture et agroécologie est prévue le 9 juillet, à Gaillac, dans le Tarn.

Alain Canet, François Mulet et Konrad Schreiber

[1] Dans le cadre de la 11ème édition de Paysages in Marciac 2019 du 30 juillet au 9 août.  Plus d'informations sur la page du site consacrée à cette journée.

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