49-13, dont 7 essais dans les valises. Voilà le tarif du voyage dans le Tarn que les Gersois n’ont pas oublié. A voir comme ça, on pourrait se dire… aïe, aïe, aïe ! Mais voilà, c’était par une douce journée de début d’automne, et les novices de la Fédérale 1 venaient de passer à la moulinette chez eux contre Valence Romans. L’apprentissage n’en était qu’à son chapitre 1. Depuis, les feuilles mortes sont tombées, les lumières de Noël se sont éteintes et les leçons se sont enchaînées. Certes, l’ASF (avant-dernière) reste toujours sous la menace de relégation, mais enfin, il faut le dire, même si qu’une seule victoire est accrochée au tableau, ce n’est plus vraiment la même ASF.
Et n’allez surtout pas dire à Damien Dénéchaud, le co-entraîneur (pour les arrières) de Saint-Sulpice que son équipe semble favorite ! « Favoris ? C’est vous qui le dites… Fleurance a aligné de bons résultats depuis quelques temps, avec un nul contre Narbonne et à Aubenas, une défaite d’un point à Castanet où nous en avons pris 30… Non, on ne peut pas comparer cette équipe de Fleurance avec celle de début de championnat » s’exclame le coach tarnais. Et ce n’est certainement pas le Fleurantin, Luc Espinasse (centre) qui va le contredire : « ça, c’est sûr ! Même si pour ce match ça va dépendre de la conquête, ça ne sera pas du tout le même match. » La conquête. Voilà l’enjeu des débats. « Il va falloir les contrer en touche parce qu’ils ont des mauls performants, les contrer en mêlée parce qu’ils ouvrent en deux toutes les mêlées de la poule. Derrière, on a nos chances si on a nos ballons… Mais ils sont beaucoup plus denses que nous, beaucoup plus gaillards que nous... ». Juste analyse du centre de l’ASF.
« Ce n’est pas un rugby de cache-ballon »
Les joueurs de Djalil Narjissi et Christophe Tarozzi se sont préparés toute la semaine pour le combat à mener ce dimanche après-midi. Un combat, rendu plus difficile par les conditions hivernales, où les avants, ils le savent, auront du pain sur la planche. Et l’entraîneur saint-sulpicien Damien Dénéchaud de flatter la formation gersoise après ses visionnages vidéo : « On va déjà essayer de les contrer devant, et puis essayer de contrarier cette défense qui est très très agressive et très bien en place. Fleurance a une défense bien organisée, qui monte très très vite et qui gêne le jeu de toutes les équipes… Et dès qu’ils mettent la main sur le ballon, c’est aussi très intéressant ce qu’ils proposent. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas un rugby de cache-ballon avec juste un gros pack. Et j’ai vu qu’ils ont une relance très intéressante pour éloigner les zones d’affrontement. » Un discours qui frôle le panégyrique ! Oui, le staff tarnais, on peut le croire, ne se réfère plus au match du début de saison. Il sait que son adversaire de dimanche a pris du volume.
Les débats semblant donc un peu plus équilibrés aujourd’hui qu’il y a quatre mois, le public de Marius Lacoste espère assister à la deuxième victoire de la saison qui permettrait à ses protégés de creuser davantage l’écart avec le dernier, Graulhet, qui reçoit Nîmes. Actuellement cinq points séparent les deux équipes. Et si notre chauvinisme (et c’est de bonne guerre) nous incite à croire que les Graulhétois ne prendront aucun point face aux Gardois, un simple bonus défensif ferait-il le bonheur des Fleurantins dimanche soir ? « Oui » selon Florian Lanave, le demi de mêlée de l’ASF (voir interview ci-dessous), qui, cependant, précise que, « comme tous les matchs à domicile, on les joue à 300 % pour gagner. Nous, joueurs, la victoire, on l’espère à chaque match. » Pour Luc Espinasse, « Seulement le bonus défensif ? Ce serait frustrant. Sans vouloir leur manquer de respect, Saint-Sulpice est à notre portée. Au match aller, ils se sont nourris de nos fautes. » Et c’est vrai que des fautes, l’ASF n’en fait plus autant qu’avant sur ses copies.
Au classement :
7. Saint-Sulpice 28 pts (2 matchs en moins)
8. Rodez 26 pts
9. Céret 25 pts
10. Fleurance 15 pts
11. Graulhet 10 pts
Deux interviews :
Victor Labat (entraîneur des avants de Saint-Sulpice) : « La clé du match, ce sera l’intelligence et la lucidité... »
- Victor Labat, ce dimanche, ça fera trois semaines que votre équipe n’a pas joué. En plein hiver, est-ce un handicap ?
- Oui, c’est un handicap. On n’a pas joué depuis le 4 janvier. C’était contre Valence Romans. C’était un match de préparation. Mais on a envoyé quelques joueurs en manque de jeu avec les Espoirs dernièrement. Mais c’est sûr que la Fédération ne nous arrange pas avec des coupures de trois semaines.
- Au match aller, vous avez battu Fleurance 49-13. C’est même le match jusqu’ici où vous avez inscrit le plus d’essais (7 essais). C’est encourageant pour vous, non ?
- Depuis ce match aller, les cartes ont bien été redistribuées. A cette époque, on sortait d’une préparation estivale importante, et on a eu la chance d’enchaîner des résultats positifs dès le début. Et quand on a reçu Fleurance, on était dans une bonne dynamique. Et Fleurance, à l’inverse, venait de monter de Fédérale 2, n’avait pas son groupe au complet. Donc aujourd’hui on ne s’appuie pas du tout sur ce match-là. Au vu des derniers résultats de Fleurance, même s’il y a eu des défaites, on ne se dit pas que ce week-end on va passer sept essais à cette équipe, loin de là. En plus, dans le Gers, ce n’est pas un déplacement des plus faciles. Ce week-end va être très compliqué pour nous.
- Votre dernière victoire remonte au 4 novembre 2018 (25-16 contre Céret). Depuis cet automne, votre dynamique a été cassée, et depuis, votre équipe a du mal à retrouver cette même dynamique…
- Exactement… Après Céret, on perd de peu contre Blagnac qui étrille tout le monde. Puis avant les Fêtes on perd à Castanet où on fait un non-match. Puis derrière on perd à Romans… C’est sûr que là, l’élan a été coupé net. Puis il faut dire aussi qu’on a eu plein de pépins physiques sur des joueurs. Mais là, on a un bloc de quatre matchs qui arrivent ; ça va nous permettre d’être plus compétitifs, et on espère retrouver la victoire le plus rapidement possible.
- Au classement, vous êtes à l’abri d’une relégation, puis en même temps, vous ne faites pas la course à la montée. Contrairement à Fleurance qui a le couteau sous la gorge. Avec de telles données, comment ça se prépare ce match ?
- Pour nous, qui faisons notre troisième saison consécutive de Fédérale 1, on a toujours bataillé pour ne pas descendre. On a un groupe qui s’est affermi, avec des joueurs matures, et c’est vrai qu’on a réussi à faire prendre la mayonnaise ; et les résultats, d’entrée, ont été positifs. Du coup, on est restés très longtemps entre la troisième et la sixième place, ce qui nous a permis de basculer vers un autre objectif qui n’avait jamais été fixé à Saint-Sulpice à cause de nos petits moyens. Maintenant le groupe ne regarde plus vers le bas, mais vers le haut, vers une sixième place qualificative. Le club a toujours été habitué aux phases finales de Fédérale 2, et là, en Fédérale 1, ce serait la première fois. Sur le plan comptable, nous ne sommes pas décrochés, donc on va s’accrocher à cette idée. Voilà comment on prépare notre match de Fleurance.
- Vous avez des avants redoutés dans ce championnat. Comment voyez-vous ce face à face avec Fleurance ?
- Au match aller, ça avait été assez rude devant. J’en ai parlé avec certains de mes joueurs qui m’ont dit que c’était un match très âpre et très dur sur l’homme. Fleurance est une équipe qui est très compétitive sur le jeu au sol et qui s’est bien reprise en touche et en mêlée. Donc je pense, en plus avec les conditions climatiques d’un mois de janvier, que ça va être un match assez âpre.
- Comment voyez le scénario du match ?
- Il n’y aura pas un gros écart entre les deux équipes. Pour moi, la clé du match sera l’intelligence d’adaptation aux situations et à l’adversaire, à la gestion du match. Il va falloir rester compétitifs dans le combat. Et lorsque le combat est intense, il faut savoir rester lucide pour créer la différence. C’est la lucidité dans le combat qui fera basculer ce match.
Florian Lanave (demi de mêlée de l’ASF) :
« On s’envoie comme des chiens ! »
Florian Lanave, ce match contre Saint-Sulpice va être un rude combat. Comment l’appréhendez-vous ?
- On sait que ça va être très compliqué devant. Saint-Sulpice, c’est certainement la plus grosse conquête de notre poule. Ils ont explosé la conquête de Romans chez eux. Donc, on s’attend à un défi énorme devant. Après, tout est possible.
- Depuis novembre, Saint-Sulpice ne gagne pas. Et vous, vous avez fait de gros progrès. Tout cela équilibre un peu les débats ?
- Oui, c’est vrai, on s’est bien adapté à la Fédérale 1. Du moins, avec les équipes avec lesquelles on peut rivaliser. On voit qu’on a le niveau. Et on va tout faire pour se maintenir, et ça passe par ce match ce week-end.
- Une question qui agace : si vous ne prenez que le bonus défensif ce dimanche, serait-ce quand même une bonne chose pour l’ASF ?
- On arrive à un moment de la saison où tous les points sont importants. Donc un point de bonus défensif serait un très bon point.
- Vous dites ceci en tenant compte du duel à distance qui vous oppose à Graulhet pour le maintien ?
- On le sait, ça se joue entre eux (Graulhet) et nous. Donc, l’objectif, c’est de prendre des points quand eux n’en prennent pas…
- Comment voyez-vous le match de Saint-Sulpice ?
- On va s’adapter aux conditions. Un match, ça se gagne d’abord devant. Et après, derrière, ça finit. Mais si devant on arrive à les prendre, si on arrive à mettre la pression, à gagner la conquête, je pense que ça sera déjà une très bonne chose.
- Les co-entraîneurs de Saint-Sulpice ont souligné votre bonne organisation défensive. Etes-vous d’accord avec eux ?
- Oui. On est une équipe qui, surtout à domicile, s’envoie comme des chiens ! On veut tout donner pour le public, pour les valeurs de Fleurance ; à domicile, ça peut être notre force.