Dimanche ,ils seront des milliers à battre champs et garrigues mais le chasseur de 2015 est loin d’avoir l’enthousiasme ,la passion du nemrod d’il y a un demi- siècle .Autrefois de longues semaines avant l’ouverture le chasseur commençait à s’exciter à remplir ses rêves de tableaux de chasse , types , chasses de Rambouillet .On profitait des répits que donnaient les travaux des champs pour sacrifier aux rites de la fabrication des cartouches . Sur la grande table de la cuisine s’alignaient, boutillons de poudre et de plomb, boîtes d’amorces , bourres , cartons . Tout cela était soigneusement rangé dans une boîte métallique des biscuits Olibet .La société de consommation n’était pas encore née , on recalibrait les douilles récupérées , on dosait la poudre et le plomb avec des chargettes graduées , ce qui donnait l’impression d’un travail d’alchimiste .Les enfants se disputaient la faveur de tourner la manivelle du sertisseur pour rabattre les bords cartonnés de la douille . Celui qui avait à l’école une belle écriture avec pleins et déliés était chargé de mettre le numéro du plomb sur le carton avec une encre sépia .Le chien n’était pas insensible à toute cette agitation fébrile, son instinct lui disait, que lui le corniaud chargé de la garde du troupeau de vaches , allait se recycler en chien courant avec pour mission de débusquer lapins et capucins dans les ronciers feuillus . A cette époque là le gibier, avait encore des abris pour déjouer la ruse des chasseurs et on pouvait jouer au plus malin, naissaient ainsi les « exploits cynégétiques » qu’on racontait le jour du banquet de la chasse.Aujourd’hui , le plus souvent , perdreaux, faisans , lièvres douillettement hébergès en volière ne pourront que s’offrir en cibles faciles aux fusils ultra perfectionnés.Avec des cartouches de grande marque , un chien issu du meilleur chenil avec un arbre généalogique des plus fleuris, on est encore chasseur mais beaucoup plus par tradition que par passion.