Le 11 mai, Le Journal du Gers a rencontré Nadine Raymond, chargée de R&D sur les cépages de Plaimont Producteurs. Pour en savoir plus sur l’expérimentation de nouvelles méthodes de taille de la vigne contre les maladies du bois (1). Ces méthodes sont une remise à l’honneur de façons de faire anciennes, avant l’ère des sécateurs pneumatiques et électriques. Les maladies du bois de la vigne détruisent chaque année entre 5 et 15 % des pieds de vigne, selon les cépages, selon Nadine Raymond. Avec des effets différents selon les cépages : le sauvignon blanc perd 15 %, quand le tannat ne perd « que » moins de 10 %. Ces dégâts entraînent un déficit de récolte pendant 7 ou 8 ans (car le jeune pied replanté a du mal à s’imposer) et une perte de temps importante.
Un concept de prévention
Il existe un remède – donc un moyen curatif – contre ces maladies du bois : l’arséniate de sodium. Mais celui-ci est interdit en France depuis 2001 et les chercheurs n’ont encore trouvé aucun produit de remplaçant inoffensif pour les êtres vivants et la nature.
C’est pourquoi Plaimont se tourne vers la prévention. Comme les vignobles du Val-de-Loire et de Bourgogne et aussi ceux de Bordeaux et d’Alsace. Ceci avec l’aide de chercheurs italiens qui ont creusé le sujet avant les Français, car l’arsenic est interdit depuis plus longtemps en Italie.
La méthode Guyot-Poussard
On part du principe que, si la sève passe, elle protège le cep de toutes les maladies. Pour ce faire, on remet à l’honneur une méthode de taille du début du XXe siècle, la méthode Guyot-Poussard, en l’adaptant. Il s’agit d’une taille dérivée de la taille Guyot, moins mutilante. En effet, le champignon de l’esca, par exemple, envahit le tronc des ceps par les blessures de taille, quand elles sont importantes. Et le bois devenu mort coupe le flux de sève. Si la sève peut passer, la vigne survit et n’est pas considérée comme malade.
D’où l’importance de l’ébourgeonnement, comme préparation à la taille : si les branches sont coupées quand elles sont minces, les plaies de taille sont minimes et l’invasion n’a pas lieu. Surtout si l’ébourgeonnement et, ensuite, la taille, ont lieu sur les côtés du pied et le moins possible sur le dessus.
De plus, il est conseillé de ne pas couper en-dessous du dernier bourgeon, car la barrière naturelle en place au niveau de chaque bourgeon, empêche le passage du champignon. Nadine Raymond note aussi que si on laisse une petite branche sur le cep, elle attire la sève.
Un projet de formation
Plaimont a commencé, l’hiver dernier, une formation des techniciens de la vigne et des vignerons. 55 vignerons sur les quelque 800 vignerons actifs adhérents de la coopérative ont déjà été formés. La formation s’étendra progressivement à tous les vignerons adhérents de Plaimont. L’objectif est de doubler chaque année le nombre de vignerons formés.
Nadine Raymond insiste : c’est une formation concrète qui se passe en totalité sur le terrain. Elle réunit vignerons et techniciens pendant 3 jours (les techniciens restent un peu plus longtemps).
Avant tout, il est demandé à ces vignerons de réfléchir sur le fonctionnement de la vigne en examinant chaque pied pour déterminer comment faciliter le passage de la sève tout en le taillant et en l’ébourgeonnant. Les différents cépages exigent une approche adaptée et, jusqu’à présent, la formation a porté sur le tannat, le colombard, le sauvignon blanc et le cabernet-sauvignon.
Des résultats ?
Chez Plaimont, on espère que ces nouvelles méthodes seront efficaces, mais on ne le saura pas avec certitude avant des années, notamment parce que l’on ne peut pas détecter immédiatement l’apparition d’une de ces maladies et que certains pieds jugés malades, se rétablissent.
N.B. - La photo du haut de page a été communiquée par Plaimont Producteurs.
(1) Esca, black dead arm et eutypiose.