Une bonne nouvelle n’arrive jamais seule.
Alors que les Français découvrent les impacts de la hausse de la CSG sur les salaires et les pensions de retraite, le gouvernement, scandalisé par des scènes d’émeute dans des magasins, devant des pots de pâte à tartiner ou de couches-culottes, souhaite, dans un élan de bienveillance, redonner à son bon peuple la notion de juste prix.
Comment ? En limitant les promotions, jugées trop excessives, et en revendant à la hausse des produits alimentaires. Exemple : un kilo de carottes, acheté 1 euro, serait vendu 1,10 euro minimum.
Ce projet de loi est présenté, bien entendu, pour solutionner «l’équilibre des relations commerciales dans la filière agroalimentaire » et améliorer les maigres rémunérations des agriculteurs.
Entre s’attaquer aux marges extravagantes des supermarchés, aux dividendes de leurs actionnaires, ou aux porte-monnaie des consommateurs qui sonnent déjà creux, nos dirigeants choisissent le vide abyssal, et décident de rendre illégal le « Un acheté, un gratuit », en y mettant le holà !
Ce holà n’a rien à voir avec son homonyme espagnol « Hola ». Il résulte de l’association de « ho » et « là », vers le milieu du XIVe siècle. Cette interjection servait à interpeller (« Holà, il y a quelqu’un ? »), mais également à modérer les ardeurs, ou calmer les disputes. Holà, employé comme substantif masculin ne se retrouve que dans notre expression « mettre le holà », qui signifie mettre fin à une situation avec autorité.
Pour en revenir à nos caddies, les consommateurs, qui n’ont pas forcément des salaires de ministre, se verront doublement pénalisés. D’une part, par la disparition des promotions systématiques et prix au rabais ; d’autre part, par l’augmentation sur les fruits, légumes et viande.
D’ailleurs, ces nouvelles dispositions, qui auront sans doute des répercussions insignifiantes sur les revenus des exploitants agricoles, sont déjà applaudies des deux mains par les industriels.
Au XVIIIe siècle, Marie-Antoinette, s’agaçant d’entendre le peuple réclamer du pain, suggéra (dit-on) qu’il mangeât des brioches…Malheureusement pour elle, il n’y avait pas de promotion ce jour là sur les viennoiseries. Elle en perdit la tête.
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