Le vin, surtout le vin rouge, acquiert une dimension capitale pendant la Première guerre mondiale. Il manifeste la fraternité entre soldats et la solidarité entre le front et l’arrière. Prenant ce nom de « pinard », il devient une fierté nationale que les « Boches » n’ont pas. Ainsi Guillaume Apollinaire, cité par Stéphane Le Bras (1) :
« J’ai comme toi pour me réconforter
Le quart de pinard
Qui met tant de différences entre nous et les Boches. »
En cette période du 100e anniversaire de la Guerre de 14-18, Plaimont a demandé à Marie-Sabrina Bonaffé, de Pass’enGers, d’en dire un peu plus sur le vin pendant la Première guerre mondiale.
Anecdotique ? Pas tant que cela
Certes, à première vue, cela peut paraître anecdotique de se pencher sur le thème du vin pendant une guerre où il y a eu des millions de morts et d’invalides et des régions entières dévastées.
Pourtant, le vin est tout de suite devenu le symbole du soutien de l’arrière pour les soldats. Et cet arrière, composé en majorité de femmes, de seniors et d’enfants, s’est organisé pour continuer à produire malgré le manque de main-d’œuvre masculine, le manque de bêtes de somme, de matières premières et la désorganisation du commerce et du transport.
Viviani, président du conseil, adresse, dès le 2 août 1914 un appel aux femmes françaises pour qu’elles prennent le relais des hommes, maintiennent l’activité dans les campagnes, terminent la moisson et fassent les vendanges.
Les femmes assurent les travaux dans les vignes pendant les quatre années de guerre. Bien que la production de 1915, 1916 et 1917 soit relativement faible - le vignoble sortait de la crise du phylloxéra – le niveau de la production revient à son niveau d’avant-guerre dès 1918. Et, dans le Gers, la superficie du vignoble ne recule que de 4 %, contre 8 % pour les terres labourables.
Le pinard, enjeu de solidarité nationale
De nombreuses initiatives naissent pour collecter du vin à l’intention des soldats. Dans le Gers, le préfet et le maire de Condom créent l’Œuvre du vin au soldat combattant, qui collecte 12 000 hl de vin qui sont envoyés gracieusement au front dès janvier 1915. On recommandait de donner 2 % de la récolte (en réalité ce sera 1,3%).
Les années suivantes, le gouvernement décide de réquisitionner 25 % de la récolte pour les soldats, sauf pour les exploitations qui produisent moins de 10 000 hl. Mais cela ne suffit pas pour satisfaire les besoins qui varient de 12 à 17 millions d’hectolitres chaque année ! On importe des vins d’Algérie, d’Espagne, du Portugal etc.
La ration
La ration réglementaire est de 1/4 de litre de vin et de 6,25 cl d’eau-de-vie par homme et par jour en 1914. La ration de vin est bientôt portée à 3/4 de litre. Mais les officiers peuvent faire distribuer des rations supplémentaires avant et après un assaut. Ce qui n’empêche pas les soldats de fréquenter les nombreux débits de boisson.
Ce vin , en général, n’est pas de bonne qualité : l’Intendance effectue des mélanges et les conditions de conservation ne sont pas bonnes.
On chante le pinard
Le vin devient un symbole patriotique. De nombreuses chansons lui sont consacrées, dont la plus célèbre est la Madelon. Le vin est associé à la défense de la patrie et des femmes qui servent ce pinard et qui attendent le retour des hommes.
La conférencière conclut : « Le vin a donc toute sa place dans l’histoire de la première guerre mondiale ».
N.B. La photo du haut de page a été projetée par la conférencière.