Les cigarettes ne sont vraiment plus à la fête. Après l’interdiction des publicités, les images sanguinolentes d’organes malades sur les paquets (devenus « neutres »-couleur pierre tombale-) et une hausse drastique des prix, c’est au tour du cinéma d’être montré du doigt avec ses incitations culturelles à s’en griller une.
La ministre de la Santé, après avoir alerté la ministre de la Culture, s’est enflammée, et a promis « une action ferme » dans le prochain plan national de réduction du tabagisme. La cigarette pourrait-elle être amenée à disparaître de nos écrans ? En tout cas, la mesure envisagée ne fait pas un tabac. Ni auprès des scénaristes et réalisateurs français, ni, globalement, auprès du public
Dans les expressions incluant le mot tabac (« faire un tabac », « passer à tabac », « un coup de tabac »), l’origine semble provenir de dialectes occitans qui utilisaient le mot « tabastar » pour signifier frapper (ou « tabasser » aujourd’hui). Or, quand on frappe, on fait du bruit. Donc, un comédien qui avait un gros tabac n’était pas forcément buraliste, mais plutôt acclamé par un tonnerre d’applaudissements.
De leur côté, d’ailleurs, les marins qualifient une tempête soudaine, donc violemment bruyante, de « coup de tabac ».
Par homonymie, le « tabas » serait vraisemblablement devenu le « tabac », sans qu’il y ait une seule volute à l’horizon.
Alors, les scénaristes seront-ils priés d’écraser leur cigarette ? Face au coup de tabac provoqué par ce qui s’apparente à une restriction de la liberté de création, l’idée d’interdire la cigarette sur la pellicule est présentée aujourd’hui par la ministre comme une simple piste de réflexion…
Belle fumée sans feu ou nouvel enfumage ?