Pour l’occasion, ce sont les enseignants respectifs de ces deux villages qui se sont partagé la mise en scène : Antony Duhard et Arielle Lescaut ont ainsi choisi de créer un pot-pourri des contes de notre enfance à travers lesquels les élèves ont exprimé une réelle sensibilité, remportant ainsi un beau succès dans la salle du foyer, largement remplie.
Antony Duhard, qui sera intégré à l’école de Bassoues, ne cache pas sa déception, estimant qu’une école de village, comme celle de Peyrusse-Grande, permettait de façonner des élèves d’un très bon niveau. Avec des élèves moins nombreux, en effet, les enseignants disposaient de plus de temps pour s’occuper de chacun. À Bassoues, les effectifs seront plus restreints en regard du nombre d’élèves.
Il souligne l’investissement important consenti par la mairie de Peyrusse-Grande, qui a tout fait pour que l’activité scolaire perdure, même si l’on peut se poser la question de l’intérêt matériel que celle-ci présente réellement pour le village et alors que les habitants déclarent y être attachés, mais à quel prix ! Le sentiment de vivre dans une certaine animation, éprouvé par la petite quinzaine de voisins de l’école, justifie-t-il réellement un tel sacrifice financier ? La question est dans tous les esprits.
Arielle Lescaut craint que la fermeture de l’école de Peyrusse-Grande ne fasse jamais que préfigurer – à terme – celle de Bassoues. « Toutes les écoles de village y passent. », nous dit-elle, quelque peu résignée. « Dans le coin, il n’y aura plus que Marciac, Plaisance, Vic-Fezensac, Mirande et, peut-être, Montesquiou. Et là, c’est vraiment dommage, parce que certains de nos élèves sont en difficulté et ont besoin de ces petites écoles pour les aider à sortir de leurs problèmes, alors que ces fermetures impliquent la surcharge des classes après migration. ».
Noël Parraguette, conseiller municipal, exprime alors le sentiment unanime du conseil sur la fermeture de l’école. « Nous nous sommes battus pour garder cette école. La menace de fermeture planait déjà depuis l’an passé et nous avons réussi à la maintenir un an de plus. Mais, vu le nombre d’élèves, nous n’étions plus en mesure de lutter face à la fermeture des postes. Notre désarroi est grand, puisque les enfants se sentaient très bien ici. Nous avions investi pas mal d’argent et, par exemple, les classes étaient climatisées, ce qui est rare dans une école maternelle. Nous espérons donc qu’ils seront aussi bien à Bassoues, mais nous nous inquiétons tout de même des distances que les enfants devront parcourir à l’avenir si nos petits villages ne peuvent plus les accueillir ».
Cette fermeture signifie-t-elle la fin de la dernière activité à Peyrusse-Grande ? Le conseil envisage-t-il de créer une autre activité dans les bâtiments scolaires ?
« La dernière activité scolaire, oui. Pour ce qui est d’une autre activité, le moment est à la réflexion. Nous disposons maintenant de ces bâtiments, qui sont libres, en bon état et aux normes. Nous pouvons donc envisager de faire des salles de réunion pour la commune, ainsi que diverses autres activités, comme des repas, plutôt que d’aller au foyer, qui n’est plus très adapté. Toutes ces questions sont sur la table ».
Cette fermeture ne résonne-t-elle pas comme un signal d’alarme ? Ne préfigure-t-elle pas la fin du village, vu son vieillissement ?
« La fermeture de l’école ne signifie pas la fin du village, puisqu’il n’y avait aucun commerce à Peyrusse-Grande, et l’école ne nous apportait rien d’un point de vue économique. Mais ce n’est pas non plus le but d’une école. Effectivement, le village vieillit, comme d’ailleurs tous les autres. S’il n’y a pas de travail pour nos jeunes, ils ne resteront pas. Du travail, ici, il y en a très peu et les villages comme le nôtre, situés loin des agglomérations, à 20 km à la ronde, seront difficilement viables ».
Il y a quelques villages en France qui recréent une activité économique avec l’aide de la commune, qui met à disposition un bâtiment, par ex., pour ouvrir une épicerie, une boulangerie, un bistrot. Est-ce envisageable ici ?
« C’est envisageable, on n’écarte aucune piste. Le problème est la zone de chalandise. Pour monter ce genre de multiservices, il faut une clientèle ».
Pierre Painblanc