Nogaro – Au Clan, quelques secrets d’Internet dévoilés

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Mieux vaut savoir qu’on est épié…

Béatrice et Philippe Pothier organisaient le 31 mars pour le Clan centre socioculturel un café-débat avec un programme alléchant : comment fonctionne Internet, quelles sont les traces que vous laissez en naviguant sur la toile, quelles sont d’ailleurs les conditions de navigation que vous acceptez en naviguant sur les réseaux sociaux et, enfin, quelle pourrait être l’évolution demain.

L’intervenant, Jean-Pierre Jambes, est maître de conférences à l’Université de Pau et des pays de l’Adour. Il enseigne l’aménagement numérique du territoire, mène ou conseille plusieurs projets et a écrit Territoires numériques (1).

Big Brother est partout

Jean-Pierre Jambes rappelle que le courriel fonctionne suivant le même principe que le courrier postal : l’adresse « IP » (Internet Protocol) de l’ordinateur remplace l’adresse postale. Mais les réseaux sont décentralisés : si un trajet d’acheminement est bloqué, le courriel en trouvera toujours un autre.

Il rappelle aussi qu’en acceptant les cookies, l’internaute accepte que des fichiers s’installent sur son terminal : ils vont accélérer une future visite à leur site et aussi stocker des infos dur l’utilisateur : ses achats, ce qu’il a consulté dans un site etc. Cela permet de lui adresser des publicités ciblées sur ses préférences. À noter que la loi impose de demander l’autorisation de l’internaute avant d’insérer des cookies, mais beaucoup de sites sont hors la loi.Mais, selon Jean-Pierre Jambes, les cookies ne sont pas un grand danger pour la vie privée (2).

Traces indiscrètes

Les traces que l’on laisse sur la toile sont plus indiscrètes : les navigateurs savent quels sites vous avez consultés et quelles pages dans ces sites, c’est l’historique ou timeline. Les opérateurs téléphoniques gardent les traces de tous vos déplacements via votre smartphone. Et il n’est pas vrai que l’on puisse supprimer la fonction de localisation sur les téléphones mobiles : les opérateurs téléphoniques savent toujours où vous êtes. Le seul moyen de les en empêcher serait de vivre en zone blanche ou détruire la carte SIM ! Les GAFA (3) y ont accès si vous leur donnez votre numéro de portable. De plus, beaucoup d’applications Internet vous localisent après avoir demandé une autorisation que l’on donne sans y voir malice.

L’intervenant donne l’adresse qui permet de voir son parcours sur le navigateur Chrome de Google (https://myactivity.google.com/myactivity). On y accède avec son mot de passe pour Chrome et Gmail. Là, Google vous dit que vous êtes le seul à y avoir accès. « Oui, mais le seul avec Google ! », commente Jean-Pierre Jambes.

Les mots de passe

Si vous voulez réduire la connaissance de votre activité qu’ont les GAFA, il vaut mieux éviter d’accepter leur proposition d’enregistrer vos mots de passe. Certes, d’après Jean-Pierre Jambes, c’est plus confortable, mais cela resserre le filet dans lequel on est ligoté. Le mieux est d’utiliser un logiciel générateur de mots de passe qui répond à votre place quand un sésame est demandé, comme Dashlane.

Quant aux mots de passe très simples, ils font courir le danger d’une usurpation d’identité qui peut coûter cher si un intrus fait des achats à votre place et/ou s’il se lance dans des opérations illégales.

Des clauses « hénaurmes »

Jean-Pierre Jambes donne quelques clauses significatives du contrat que l’on signe avec Facebook :

l’internaute accorde, pour le contenu protégé par la propriété intellectuelle (photos et vidéos), une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour le contenu qu’il publie sur Facebook,

Facebook est autorisé à utiliser le nom, les photos et les informations sur l’internaute dans un but commercial (une entreprise ou une autre entité peut rémunérer Facebook pour afficher ces informations sans verser de dédommagement à l’internaute,

Facebook a le droit de créer des applis concurrentes de celles des internautes,

l’internaute accepte que ces infos soient transférées et traitées aux États-Unis.

Ce que Facebook sait de vous

L’application Data Selfie pour Chrome analyse votre activité sur Facebook. Plus vous utilisez Facebook, plus l’analyse est détaillée : l’appli vous dira quand vous êtes dans tel magasin ce que vous préférez acheter, si vous êtes en bonne santé, quelles sont vos tendances politiques et vos avis personnels etc. Et, selon l’intervenant, Facebook en sait sans doute encore plus.

Les GAFA ont-ils gagné ?

Des nouveautés apparaîtront à l’avenir, car Internet est loin d’avoir terminé son développement. Exemple : Amazon Go. C’est un magasin théoriquement sans règlement, sans caisse et sans file d’attente : le client valide le montant à la sortie la facture est envoyée sur le compte Amazon du client et le client reçoit la facture à la maison. Le client, qui a téléchargé l’appli dédiée, prend les articles qu’il veut acheter et ressort directement. Il est reconnu via son smartphone, tracé par des caméras. Mais – actuellement – les essais ne sont pas satisfaisants. Le système déraille s’il y a plus de 20 personnes dans le magasin, si les clients bougent trop vite et si des enfants se servent dans les rayons. De plus, si le client remet un article ailleurs que sur son rayon d’origine, le système se plante. L’ouverture au public est donc reportée, mais ce projet sera sans doute bientôt opérationnel.

Autre développement d’avenir grâce à l’intelligence artificielle : Facebook sera capable de comprendre le contenu des photos et des vidéos des internautes. Des algorithmes permettront de savoir dans quel magasin se trouve un consommateur !

La start-up Affectiva permettra aux machines de percevoir les émotions des utilisateurs grâce à leurs expressions.

En revanche, si Uber souhaite que ses chauffeurs dorlotent les clients, il paraît problématique pour lui d’analyser si un client est stressé parce qu’il est pressé ou parce qu’il est fatigué, ou si c’est un touriste qui cherche des conseils.

Sans la confiance des internautes, pas de GAFA

Le moteur numéro 1 des plate-formes Internet, c’est la confiance que leur font les internautes. Car les données personnelles sont au cœur de leur modèle économique. Comment arbitrer entre un accès gratuit ou presque et la diffusion préoccupante des données individuelles ? Voilà une vraie question de société.

(1) En août 2012. Il rappelle l’importance des enjeux et la force de nos atouts pour non seulement prendre une véritable place dans l’industrie mondiale du très haut débit mais aussi pour inventer, à travers les réseaux numériques de nouvelle génération, une politique de services publics et un aménagement des territoires enfin à la mesure des attente de toutes les populations. Ces réseaux représentent l’une des opportunités actuellement les plus fortes pour augmenter les ressources et les capacités d’actions de tous dans nos espaces de vie et de travail quotidiens. (2) Exemples d’utilisation des cookies : permettent de retrouver son panier sur les sites marchands, enregistrent les login et les mots de passe, retiennent lesrecherches effectuées sur les moteurs de recherche, ciblent les publicités, analysent le temps passé sur chaque page, partagent une page sur les réseaux sociaux. (3) Google Apple Facebook Amazon.

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