Les Saint-Pierrois et Castelnavetois n'ont eu cure des vents tempétueux qui se sont abattus sur la campagne gersoise en ce premier dimanche de février. Ils avaient mieux à faire que rester cloîtrés chez eux en regardant les branches s'affoler derrière les fenêtres.
Car ce jour-là, les chasseurs des villages respectifs les avaient conviés à leur traditionnel repas à la salle des fêtes de Saint-Pierre-d’Aubézies. Et c'est toujours avec grand plaisir que chacun avait répondu présent pour partager, en plus de mets succulents, un excellent moment de franche convivialité.
Après avoir tourné pendant cinq heures sur la broche, deux sangliers d'une vingtaine de kilos chacun commençaient sérieusement à embaumer les alentours. Ces magnifiques suidés avaient été traqués lors de battues communes, parfois même avec les chasseurs d'Aignan et de Margouët. Un renfort bien apprécié car Saint-Pierre n’en compte plus que sept, et la relève des jeunes ne semble pas assurée pour l'instant. Pourtant, le sanglier lui prolifère, et les dégâts causés dans les cultures pourraient bien empirer si rien ne stoppe sa progression. Alors le "coup de main" des dix-sept chasseurs de Castelnavet (qui comptent une dame) confirme bien le proverbe selon lequel l'union fait la force.
Une garbure, que n'auraient pas reniée nos grand-mères, ouvrait les festivités, et les soupières désemplissaient à vue d'œil, tant elle évoquait le bon vieux temps où les assiettes de soupe savaient réchauffer les cœurs. Verrine de légumes et charcuterie suivaient, avant l'entrée de plats débordants de morceaux de sangliers et leur accompagnement, sous les "ah !" et les "hum…" qui s'élevaient autour de la table. Une viande fine et savoureuse que certains découvraient pour la première fois. Et les hôtes s'affairaient toujours en cuisine, autour du fromage, de pâtisseries hautes en couleur et du café bien sûr, afin que tout soit parfait en cette journée terriblement maussade à l'extérieur, mais tellement chaleureuse à l'intérieur.