C'est à l'abbé Arnault Bartherote, curé de Mirande, que l'on doit l'installation du grand orgue en l'église Sainte Marie à l'occasion de grands travaux qu'il fait entreprendre dès 1860 avec laval du conseil de La Fabrique, communauté paroissiale catholique composée de clercs et laïcs qui assure à l'époque la collecte et l'administration des fonds nécessaires à l'entretien des édifices religieux et du mobilier de la paroisse.
En 1864, le conseil de la fabrique charge Jules Magen fabricant d'orgues à Agen de la construction d'un grand orgue pour la somme de 30.000 fr.Celui-ci sera inauguré en 1866 par M. Schultz organiste à Agen.
Le 23 octobre 1873, après l'ajout d'un positif de 8 jeux qui porta l'instrument à 34 registres, une seconde inauguration aura lieu, avec comme organistes, Alfred Rabineau, directeur de la société philharmonique de Mirande et Victor Magen.
En 1881, la manufacture Magen termine son orgue par l'adjonction de 2 jeux supplémentaires à la Pédale. A cette occasion plusieurs modifications furent apportées à l'instrument : le mécanisme bénéficia d'ajustements permettant à l'organiste de s'exprimer de manière plus sûre, précise et rapide. Le frein harmonique fut adapté à tous les jeux susceptibles de le recevoir, cette application donna alors une puissance d'attaque, un moelleux et une rondeur à tous ces jeux. L'inauguration eut lieu le 22 mai 1881. A partir de cette date, l'orgue resta tel quel avec son esthétique romantique.
En 1929, après la mort de Georges Magen, sa fille Alice céda le matériel des ateliers au facteur d'orgues toulousain Maurice Puget.
En 1933, celui-ci modifia l'instrument en supprimant le Plein-Jeu progressif qui devient une simple Fourniture 3 rangs, en remplaçant le Hautbois Basson 8'du Grand Orgue par une tierce T3/5 et enfin en rajoutant une première octave au Récit empruntée en pneumatique au Grand Orgue. Tout ceci dans le but de néo-classiser l'orgue.
En 1986, la restauration de l'instrument fut confiée à Bernard RAUPP, facteur d'orgues. C'est à l'occasion de cette restauration que l'instrument retrouve sa plénitude originelle. Il possède désormais 35 jeux authentiques sur 36. Seule la Quinte ouverte est neuve. Nous avons aujourd'hui la preuve que le jeu manquant n'est pas une Quinte mais un Hautbois Basson 8', ce jeu portant à 14 le nombre de jeux d'anches, ce qui est tout à fait exceptionnel pour un instrument de cette taille.
A la suite de cette restauration, le 18 novembre 1990, l'orgue fut inauguré par Michel Bouvard, professeur au Conservatoire National de Région Toulouse.
Daniel Matrone, compositeur et organiste de renom, actuellement en poste à Saint-Louis des Français à Rome viendra à Mirande en 1997 procéder à l'enregistrement d'un CD. Cet enregistrement sera doublement récompensé puisqu'il recevra à sa sortie en mars 1998, un Diapason d'or puis en 2000 suprême distinction un Diapason du siècle.
La famille Magen
Jules Barthélémy Magen (1818-1882) :Son premier métier était plâtrier. Il entra chez Aristide Cavaillé-Coll à Paris considéré comme l'un des plus grands facteurs d'orgue du XIX siècle et y travailla jusqu'en 1841. En 1842, il s'installe à son propre compte à Agen (3, rue des Augustins).
Victor Magen (1847-1905) Fils aîné de Jules, il est spécialiste des plans et de la mécanique. Organiste de l'église des Jacobins à Agen.
Georges Magen (1850-1929) :Fils cadet de Jules, il est harmoniste des tuyaux. Organiste de l'église St-Hilaire à Agen.
Les deux fils s'associeront pour succéder à leur père, mais ils se sépareront en 1901 et c'est Georges qui gardera la direction de l'entreprise jusqu'à sa mort. Les Magen auront le monopole des commandes d'orgues dans leur département du Lot-et-Garonne, mais ils ont construit des instruments dans les départements limitrophes : Tarn-et-Garonne, Gironde, Gers, Landes, Tarn et Haute-Garonne. Une trentaine d'instruments sortira de leur atelier. Il s'agit d'instruments de construction soignée suivant l'évolution de la facture d'orgues en France.
Les orgues gersois construits ou restaurés par la famille Magen
1858 LECTOURE, cathédrale restauration de l'orgue - 1859 AUCH, chapelle des Jacobins construction - 1864 FLEURANCE construction - 1866 MIRANDE construction - 1869 : GIMONT restauration de l'orgue de Geodefroy Schmidt (XVIIIè s.) - 1873 EAUZE restauration - 1876 LECTOURE, St-Esprit construction - 1878 AUCH cathédrale restauration des orgues Jean de Joyeuse (XVIIè s.) - 1879 LE HOUGA construction - 1879 LOMBEZ reconstruction - 1891 CONDOM, cathédrale restauration - 1905 AUCH, St-Orens restauration.
Photo Bernard Raupp facteur d'orgue à Mirande