LE FEU DE LA SAINT JEAN
Jeudi soir , sur la place du foirail , le maire Michel Espié et la doyenne du quartier Rachel Grossac , plus 3 enfants de la génération montante ont allumé le feu de la Saint Jean. Cette tradition, qui avait perduré dans le quartier du Barry a été remise à l’honneur dans la cité par le conseil municipal sous l’impulsion de l’adjoint Alex Chambas .La coutume était bien ancrée et pour chaque Saint Jean on allume la « haillèro » pendant une aubade musicale très taurine, on distribue des merveilles et on met en perce non plus un barril mais un cubitainer de vin blanc . Autrefois , le feu de la saint Jean était une affaire individuelle ou de hameau.On préparait pour cette opération un tas d’épines qui avaient été coupées en hiver , on y ajoutait parfois en cachette quelques fagots ou javelle de sarments pour avoir le plus beau feu , car quand la nuit tombait, s’allumaient sur les collines las hailheros et il fallait avoir celle dont les flammes montaient le plus . C’était dans la semaine un sujet de discussion . Quand la flamme tombait ,on étalait des braises et on mettait su le gril de l’ail de l’année récemment arraché . Ce n’était pas très bien vu , ma grand mère disait qu’il fallait avant de le cueillir y laisser passer la rosée de la Saint Jean .
On tenait compte de cette rosée solsticiale pour cueillir les « simples » , ces plantes médicinales qui allaient garnir le plafond de la cuisine et finir de sécher dans la fumée d’une cheminée qui généralement laissait autant de fumée à l’intérieur que par le canal d’évacuation vers l’extérieur . Il fallait les ramasser dans la nuit du 23 au 24 juin avant le lever du soleil qui séchait cette rosée porteuse de toutes les vertus de la terre . Le plus grand herboriste reconnu dans son secteur était un dénommé Petiton , braconnier , fabricant de nasses et de pièges et fidèle lecteur de « La petite Gironde » . Il revenait les bras chargés de plante et n’avait nullement besoin d’étiquette pour reconnaître la plante qui guérissait les brûlures , faisait tomber la fièvre ou chassait le mauvais sort . Dans sa pharmacopée,il avait aussi une vipère qui flottait dans une bouteille d’eau de vie . C’était un remède universel ,il en donnait une cuillerée et la vue du serpent faisait déjà oublier votre mal ; C’est aussi à la Saint Jean qu’on cueillait les noix vertes pour fabriquer de l’eau de noix, remède réputé pour tous les maux de ventre
La Saint Jean était une bonne période pour les semailles , une chanson disait que pour la Saint Jean toutes les herbes fleurissent et grainent .Petiton, bien qu’anticlérical , affirmait avoir un jardin de curé ( c’est à dire de petite dimension ), il traçait les sillons la veille de Saint Jean,mais n’y mettait les haricots que le jour du solstice pour que la terre ait reçu la rosée de la nuit de la Saint Jean .
Eloigner la foudre et les insectes , tels étaient aussi les pouvoirs mystérieux des cendres du feu . Ma grand mère récupérait un brandon dans le brasier , l’éteignait sous sa chaussure et il allait rejoindre le cierge de la première communion et le bouquet de laurier béni lors des Rameaux. On était paré contre la foudre . Le lendemain elle récupérait dans un seau de la cendre , je l’ai vue par la suite l’épandre dans le jardin en dessinant une croix . Cela devait empêcher rats , taupes et insectes d’attaquer les cultures .