Mardi 30 juillet, une navette musicale commandée par Joël Lassus à la clarinette et Christophe Bouhier à l'orgue a fait rêver le public des Vespérales.
Pour le plus grand plaisir des spectateurs les second et troisième mouvements du concerto pour clarinette de Mozart ont été la première destination.
Les sons ronds et chauds de la clarinette se sont manifestés sur les délicieuses mélodies du deuxième mouvement. De grands intervalles, du grave à l'aigu, n'ont pas été un problème pour Joël Lassus ainsi que les élégants traits de vélocité. Pendant ce temps, Christophe Bouhier a bien remplacé l'orchestre qui accompagne normalement. Ce n'est pas chose simple à réaliser ! Au rondo allegro, un tempo plus rapide a entraîné les auditeurs vers des contrées plus optimistes, enthousiastes, joyeuses. Une grande technique instrumentale est nécessaire pour interpréter ce passage. Les deux musiciens ont réussi leurs performances.
La deuxième étape a été baroque avec Johann Sebastian Bach. Dans la 6e sonate en trio, les flûtes aiguës de l'orgue dialoguent avec la clarinette, pendant que les pédales qui remplacent la basse continue, restent calmes pour exprimer leur plainte dans une atmosphère sereine.
A suivi un extrait de la cantate BWV 147, Jésus que ma joie demeure. Les notes s'élevaient même au dessus des voûtes de la cathédrale ! Cet hommage à l'abbé Christophe Adler a été très émouvant et l'interprétation du morceau à la hauteur de l'intention. Parfait !
Ensuite l'assemblée a eu le plaisir d'écouter des œuvres de l'époque contemporaine. La musique de scène du Bal des voleurs de Jean Anouilh a retenti dans la structure de pierre. Petit concert opus 192 de Darius Milhaud s'est installé dans l'édifice avec un allegro modéré tout de même assez difficile à interpréter. La Romance a poursuivi avec son balancement rythmique sur un tempo plus lent ce qui a autorisé Christophe Bouhier à introduire une improvisation bien distinguée, chargée de douceur. Le finale presto, bien plus rapide, nous a offert comme un air de danse assez humoristique.
Ultérieurement les compositions de C. Bouhier ont été à l'honneur. La toccata est de la musique répétitive avec un contraste aigu-grave pendant que la clarinette apporte des réponses à des questions qui ne sont pas posées. Ensuite, l'orgue s'impose avec ses pédales alors que la clarinette bascule dans la répétition. Enfin la situation évolue pour un retour à la situation initiale. A la fin la clarinette se perd progressivement dans un trille en decrescendo. Après une lecture de Tchaïkovski de Christophe Bouhier, prend l'allure d'une profonde rêverie, sereine. Au loin une menace tente de s'approcher avec des registres plus soutenus mais se métamorphose en grand soutien. A la fin tout se mêle à l'horizon.
Pour terminer, du jazz avec Sidney Bechet : Dans les rues d'Antibes, Les Oignons, Le moulin à café. Trois standards du jazz pour lesquels le clarinettiste doit rester concentré mais aussi l'organiste. Pour utiliser une expression du milieu musical : les deux «tricotent» !
Le public aux anges, debout, tourné vers la tribune applaudit, acclame, ovationne les deux complices responsables de cette sympathique agitation. Du fait, les artistes offrent un bis : Petite fleur, toujours de Bechet. Et là, les «bravos» fusent de partout et retentissent plus fort que des coups de tonnerre. Tout cela est bien mérité. Joël Lassus et Christophe Bouhier ont réussi une très belle prouesse, des arrangements aux exécutions. Rien à dire, la technique a été présente mais aussi la musicalité et la sensibilité. Les hourras sont justifiés. Très beau concert, en espérant qu'il se renouvelle !
La semaine prochaine, mardi 6 août, Jérôme Chabert revient avec un autre programme, pour la plus grande joie du public, avec des pièces de Bach, Guilain, Mozart, Lefébure-Wély et Chabert. La musique attend son public pour exister, soyez nombreux au rendez-vous !