La dernière conférence de la section locale de la société archéologique, mercredi 21 février, avait pour sujet Les trois « PIMBAT » de Vic Fezensac et la conférence était animée par Guy Miquel.
Pour ceux qui n'auraient pu assister à sa conférence, Guy Miquel a accepté d'offrir aux lecteurs du Journal du Gers un résumé de son exposé.
En voici la première partie concernant le Pimbat-Cruzalet :
Au levant de la commune de Vic Fezensac, en limite de Saint-Jean-Poutge, on relève deux sites où s’élèvent trois constructions qui portent le même nom de Pimbat.
Le plus connu, dit le Pimbat Cruzalet et à évidence le plus beau, s’élève en bordure de la RN 124.
Les deux autres, dit le Pimbat d’en haut et le Pimbat d’en bas, plus discrets et moins connus, sont construits en limite de la commune de Saint-Paul de Baïse.
Ce nom, Pimbat, serait une déformation du vieux français « mimbat » qui évoquerait l’implantation « à mi-pente » de ces bâtiments.
Les histoires de ces trois Pimbat ont souvent été mélangées par la chercheurs anciens et leurs homologues contemporains , Jacques Lapart (1 ) et Pascal Pallas ( 2 ) ont tenté de les clarifier.
Pimbat Cruzalet anciennement Pimbat Barbazan fut construit à la Renaissance vers 1514, à une époque où n’existaient ni la route royale tracée vers 1750, ni la RN 124 vers 1850 ..
C’était un château d’agrément néanmoins nanti de défenses supposées dissuader les bandes de pillards qui rançonnaient les campagnes à cette époque : mur épais, : bouches à feu, bretèche protégeant la porte. Grâce aux bâtiments qui ont résisté à l’usure du temps et au cadastre napoléonien, on peut avoir une idée du plan primitif : une cour intérieure rectangulaire entourée de quatre ailes sur deux niveaux desservis par un escalier à vis dans une tour.
Les archives révèlent les noms de plusieurs propriétaires. À l’origine, Pierre Dupouy, notaire, un bourgeois vicois enrichi aux envies de noblesse.
En 1605, un sire Louis Brunet, sans doute anobli qui, par testament devant notaire, demande à être enseveli dans l’église des Cordeliers. Et moyennant une forte contribution annuelle qui engage ses héritiers à perpétuité, il demande pour le repos de son âme, une messe dite à chaque Saint-Matthieu avec diacre et sous-diacre. En 1636 ce sera le sieur Bertrand Brunet, fils du précédent, premier consul à Vic puis en 1726 , Joseph Labadie de Barbazan, qualifié de sieur du Pimbat et de la métairie de Barbazan (livre terrier de Vic)
Vers 1725, apparait un jeune Breton, né en 1703, Louis François Le Borgne de Kéruzoret de Lanorgan. Ce sixième enfant d’une famille noble de la région de Morlaix vivait à l’ombre d’un frère aîné, paré du titre de comte et brillant officier de marine. Probablement déçu par son héritage, le. modeste manoir de Lanorgan, il a quitté sa Bretagne natale pour chercher fortune en Gascogne.
Cette « fortune », il semble l’avoir trouvée en épousant Françoise Abadie de Barbazan héritière du château et de la métairie du même nom. Louis, François Le Borgne de Kéruzoret s’intègre rapidement à la vie locale, on le retrouve à Saint-Jean-Poutge en 1736 où, en compagnie de notables du lieu, il conteste avec succès le dénombrement ( 3) du seigneur local. Veuf en 1738 , il gère les biens de sa femme dont ses trois enfants ont hérité. En 1751, il perd sa fille Marie à peine âgée de 17 ans. C’est vers cette époque que le château prend le nom de Cruzalet, semble-t-il , une déformation gasconne de Kéruzoret. Après vingt ans de veuvage, Louis François se remarie avec Marguerite Laburthe de Barrail dont il aura trois nouveaux enfants. C’est vers cette époque qu’il vend la métairie de Barbazan à un Jean-François Lebbé qui, en 1767, marie sa fille Anne à un Jean Lissagaray .
Après le décès du père en 1766, sa fille Françoise Alexandrine, unique survivante du premier lit, vend le château à un Nicolas Thore, bourgeois de Beaucaire.
Par la suite, le Pimbat change plusieurs fois de propriétaire. Vers 1840, d’importants travaux lui donneront son visage actuel : construction d’une nouvelle habitation et démolition des ailes sud et est. Au-delà, le Pimbat est habité par les propriétaires exploitants les Loubère puis quatre générations de Carrère.
Dans cette liste de propriétaires, il n’y aucune place pour loger les Grisonis ou les Pardaillan que l’on retrouve à l’autre Pimbat encore moins les Lissagaray
À partir des années 1970, les propriétaires actuels ont mis en valeur le monument et obtenu le classement des parties anciennes. L’extérieur en 1976, intérieur, cheminées et escalier en 1998."
Ouvert au public, le château a servi de décor à certaines scènes d’une version des « Trois Mousquetaires »
1 Jacques Lapart, président de la Société Archéologique du Gers, auteur d’ouvrages sur les châteaux du Gers dont le Pimbat Cruzalet
2 Pascal Pallas : journaliste toulousain
2 Déclaration fiscale qui désavantageait les habitants
A suivre...
Guy Miquel