Communications à la Société archéologique

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Au cours de la réunion du mercredi 6 décembre 2023, deux communications ont été présentées à l'auditoire :

Dorian Duffourg, Les granges de l’abbaye cistercienne de Flaran : actualisation des données et pistes de réflexion.

Les granges monastiques de Flaran sont de véritables fermes installées autour de l’abbaye afin d’exploiter les terres. Chez les Cisterciens, leurs implantations sont réglementées par les chapitres généraux. Par exemple, leur éloignement ne doit pas dépasser un jour de marche de l’abbaye dont elle
dépend, c’est-à-dire environ 20 kilomètres. À l’origine gérée par des frères convers, en faire valoir direct, leur exploitation va se transformer entre les XIVe et XVe siècles et constituer un système en faire valoir indirect comme le métayage. Pour le réseau grangier de l’abbaye de Flaran, il était assez modeste. En effet, il est composé de cinq granges réparties sur les communes actuelles de Condom, Saint-Puy, Lavardens, Montréal et Valence-sur-Baïse. Elles constituaient la véritable armature du succès économique remarquable de l’ordre cistercien, à travers l’exploitation agricole des campagnes.
Aujourd’hui, ces granges, tombées dans l’oubli, conservent néanmoins d’importants vestiges et un patrimoine riche.

Françoise Gatouillat, Les vitraux du chœur de la cathédrale d’Auch en restauration (2017-2023), observations historiques et archéologiques, premiers résultats.

Réalisés il y a plus de cinq siècles, les vitraux continuent en effet de révéler leurs secrets au fur et à mesure du chantier, pour la plus grande joie des chercheurs qui l’accompagnent. Françoise Gatouillat, membre du comité scientifique et technique constitué depuis 2015 pour suivre le chantier de restauration des vitraux du chœur de la cathédrale Sainte-Marie d’Auch, revient dans un premier temps sur le cadre historique, rappelant que l’architecture du chœur de la cathédrale d’Auch est le fruit de deux phases de travaux menées à plus d’un siècle d’intervalle : la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle (construction du déambulatoire et de ses chapelles entre 1489 et 1510) puis le début du XVIIe siècle (mise en œuvre de l’étage supérieur bâti entre 1618 et 1620). Autant l’œuvre du XVIIe siècle est bien documentée, autant on manque de sources

pour celle des XVe et XVIe siècles, décidée non pas par l’archevêque – le cardinal de Clermont-Lodève (1480-1540) – mais par le chapitre cathédral. La qualité exceptionnelle des vitraux du XVIe siècle leur a valu de franchir les siècles sans altérations majeures. En 1793, ils ont échappé au vandalisme révolutionnaire, ce qui permit à l’abbé Canéto de publier sa monographie référente en 1850. L’unique restauration fondamentale de ces verrières intervient de 1872 à 1875 sous la direction de l’architecte diocésain Charles Laisné. Le peintre verrier parisien Émile Hirsch, qui l’a pratiquée dans un atelier improvisé près de la cathédrale, a pris soin d’intégrer des compléments si discrets qu’ils sont difficiles à déceler. L’opération suivante, motivée par la mise à l’abri des vitraux dans la crypte en 1939, s’est limitée à une remise en plomb partielle lors de leur repose, tâche confiée de 1946 à 1953 à Francis Chigot de Limoges. C’est dire qu’entreprendre une nouvelle campagne de restauration sur ces œuvres quasiment intactes constitue un événement.
Dans une seconde partie, Françoise Gatouillat évoque la restauration générale des maçonneries et des couvertures du chœur de la cathédrale que le maître d’ouvrage (la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC d’Occitanie au nom de l’État) a préparé dès 2015, confiant le chantier à l’architecte en chef Stéphane Thouin. La première tranche du projet, dite « opération-test », a porté sur la chapelle Saint-Louis, au sud du chevet. Ses trois verrières du XVIe siècle et la vitre de 1620 située au-dessus ont été déposées fin 2017 par les restauratrices Anne Pinto et Claire Babet avant d’être traités en Charente (suppression des « plombs de casse » ajoutés au fil du temps) et reposés en 2019. De 2021 à 2023 les travées suivantes à l’est ont fait l’objet de la deuxième tranche des travaux. Les vitraux de la chapelle axiale du Saint-Sacrement et ceux de l’étage supérieur, l’un dominant la chapelle aveugle du Saint-Sépulcre, ont cette fois été confiés à Pierre-Alain Parot (Aiserey, Côte-d’Or). Les nouvelles technologies ont permis d’identifier que les mêmes fabriques ont servi à approvisionner les chantiers de la cathédrale de Sens et celle d’Auch. Par ailleurs, l’approche intime de l’exécution picturale a permis de repérer différentes « mains » : plusieurs acolytes ont assurément assisté Arnaud de Moles. L’analyse a enfin précisé la part des réfections du passé, issues en majorité de la campagne de 1872-1875 mais également d’une campagne ignorée jusqu’alors, menée sous la direction de Charles-Albert Potdevin, architecte diocésain de 1883 à 1888, durant laquelle ont travaillé le peintre verrier auscitain Antonin Léglise et son collaborateur Forasté « peintre vitrier ».
Vouée à se poursuivre dans la continuité de l’expérience acquise, cette opportunité unique d’accès aux œuvres, occasion d’approfondir leur connaissance, touchera bientôt la chapelle Sainte-Catherine, mitoyenne de la chapelle d’axe au nord, ainsi que la baie correspondante de l’étage supérieur.

Prix Pierre-Dumont 2023
Le Prix Pierre-Dumont 2023 a été remis par le secrétaire-rapporteur du prix à M. Patrick Boué pour son livre Chevalier de l’Empire.

La prochaine réunion de la Société archéologique qui aura lieu le mercredi 3 janvier 2024 à 14h30 à Auch à son siège, 13 place Salluste-du-Bartas et sera suivie de l’assemblée générale annuelle,

Photo : Examen critique, atelier Parot, Aiserey (Côte-d’Or), septembre 2022. © Aurélia Cohendy.

 

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